L'article propose d'étudier diachroniquement le conditionnel passé (noté CONDPA) qui a pour particularité de pouvoir signifier contextuellement la contrefactualité (ex. Si j'avais su, je neseraispasvenu.). Le but de cette étude est de retracer, à travers une analyse de corpus, l'émergence de cette interprétation contrefactuelle, qui s'est généralisée en français à partir du 17ème siècle. Ce changement coïncide avec l'acquisition d'une valeur de passé aoriste, correspondant au dernier stade du chemin d'évolution des formes parfaites décrit par Bybee et al. (1994). L'émergence de la contrefactualité est analysée comme le résultat de la conventionnalisation d'inférences (cf. Heine 2002).

Using evidence from a variety of sources (dialectological and sociolinguistic studies, written and oral history and works of literature), this study seeks to describe how, in a period of rapid industrial expansion to which immigrant labour was a crucial contributing factor, large numbers of Belgian migrant workers (the majority of whom were Flemish-speaking) were assimilated into the local Romance-speaking community. In an area often characterised as diglossic (French-Picard), the influx of large numbers of Flemish speakers gave rise to a three-way language-contact situation. While charting some of the most important changes in the vernaculars of Lille, the study seeks to explain why an alloctonous group of such significant proportions living so close to their homeland apparently assimilated so readily.

L’objectif de cet article consiste à éclairer la distribution des deux locutions si tu veux/si vous voulez, au plan syntaxique et discursif, de manière à éclairer et à classer les fonctions que leur attribuent généralement les dictionnaires. Pour ce faire nous nous appuyons sur un corpus de 400 occurrences, sélectionnées sur leur apparition en incise, issues de bases de données du français oral (Corpus de Référence du Français Parlé et Corpus du Français Parlé Parisien) et écrit (Frantext). Après avoir montré que si tu veux/si vous voulez résultent bien d’un processus de pragmaticalisation, nous étudions la syntaxe de ces marqueurs et dégageons trois emplois motivés sur des critères syntaxico-discursifs: 1) la concession du dire ou du dit, 2) la recherche lexicale suivant diverses modalités et 3) leur fonction interactionnelle.

Cet article s'inscrit dans l'hypothèse de l'encadrement développée par Charolles (1997), et réexaminée ultérieurement sous divers angles. Une condition syntaxique est mise au jour par Fuchs et Fournier (2003), à laquelle nous portons une attention particulière : à savoir, l'antéposition nécessaire du sujet (S) par rapport au verbe (V), suivant un terme initial cadratif. Nous réinterrogeons le lien entre encadrement et position du sujet à la lumière d'un corpus de contes oraux. Nous défendons l'hypothèse que dans certains cas, lorsqu'ils apparaissent dans des sections stratégiques du conte, les syntagmes spatio-temporels suivis de l'ordre VS peuvent être regardés comme proprement cadratifs.

It has recently been argued by Gess (2001) that the long vowels resulting from the compensatory lengthening that emerged in the wake of preconsonantal /s/-deletion in Old French had all been shortened by the sixteenth century. Given that many of these long vowels are still present in Canadian French, this conclusion cannot possibly be correct. What will be shown here is precisely how Gess' methodology led him to obtain such counterfactual results.

This paper examines /ɛ/ lowering before /r/ in Louisiana Regional French (e.g., père, /pɛr/ → [pær], [pɛr] ‘father’) between 1977 and 2011 in a small geographic region. The analysis of 436 tokens from 32 speakers shows that /ɛ/ lowering has changed through time from a generational to a geographical boundary marker. This explains differing /ɛ/ lowering rates reported in the literature (Guilbeau, 1950; Dubois, 2005; Salmon, 2009). Results confirm that sociolinguistic factors play an active role in Louisiana Regional French, despite its endangered status (Dajko, 2009; Dubois, 2005), underscoring the need to better control for diatopic factors in future research.

This paper examines the phenomenon of language obsolescence by focusing on a large sample of Breton-speakers and non-Breton-speakers within the commune of Plougastel-Daoulas, Finistere. As well as considering matters such as the ability to understand Breton, the opportunities to speak it and so forth, the study also investigates linguistic preference, inter-generational transmission and attitudes towards language planning in an attempt to determine the extent to which the speakers themselves may be considered as catalysts in the process of language death.

Some utterances are pragmatically ambiguous. For instance, Tu peux fermer la fenêtre ? (“Can you close the window?”) can be a request for information or an “indirect request” (IR) to close the window. A possible way for speakers to make it clear whether they intend these expressions as a direct or indirect speech act is to use cues such as gestures or prosody. It has been shown for English that participants’ identifications of IRs are predicted by f0 slope, mean f0, and f0 duration. However, the extent to which these findings extend to other languages remains unknown. In this article, we explore the prosodic features associated with French IRs, a language poorly documented from that perspective. We address two research questions: Are listeners’ pragmatic interpretations of French IR constructions predicted by speaker’s original intent? Do prosodic cues play the same role in French modal interrogatives as in declarative remarks? We find, first, that remarks with more positive f0 slope are more likely to be interpreted as requests, but modal interrogatives with more positive f0 slope are more likely to be taken as questions. Second, while longer remarks were more likely to be interpreted as requests, longer modal interrogatives were more likely to be interpreted as questions.

Bien marqueur du discours oriente systématiquement l'énoncé vers le positif, mais contrairement à l'adverbe de manière ou au substantif, le marqueur bien est implicitement porteur de négativité. Il introduit dans l'énoncé un parcours entre ces pôles opposés, que nous analysons ici en combinant la théorie polyphonique et celle des topoï: les énonciateurs sont les représentants des points de vue qui s'affrontent en deuxième ou troisième ligne et sont responsables des différents revirements dans l'argumentation. L'analyse du mécanisme argumentatif fondamental déclenché par bien marqueur est basée sur un corpus de plusieurs centaines d'occurrences, ce qui nous a permis de dégager un certain nombre de valeurs contextuelles de bien suivant qu'il apparaît seul ou en combinaison avec d'autres connecteurs tels mais ou donc.

Dans cette étude diachronique, il est démontré que les trois types d'emplois de la locution en fait de qui coexistent dans la langue actuelle, représentent différentes étapes dans l'évolution de la locution, déjà attestée en moyen français avec des emplois du premier type. Une étude de corpus permet de situer l'apparition des deux autres types respectivement au milieu du XIXe siècle et dans la deuxième moitié du XXe siècle Il apparaît en outre que la diversification des valeurs sémantiques de en fait de va de pair avec deux tendances opposées dans sa distribution: d'une part, une extension de son usage à d'autres catégories grammaticales que celle du nom et, d'autre part, une restriction progressive quant aux positions et fonctions syntaxiques qu'il peut occuper. Ces données confirment l'idée que l'innovation linguistique peut favoriser le passage d'une fonction syntaxique (complément plus ou moins lié au verbe) à une fonction discursive (constituant périphérique marqueur de thématisation, de cadrage etc.)

Feature Inheritance (Richards 2007) entails that uninterpretable features originate on the phase head C or v* and are then transferred to the associated Agree head, T or V. In the present article, it is argued that the French que–qui alternation is the locus of a Case contrast, implying that nominative Case originates on the complementiser and only becomes associated with T as a consequence of feature transfer. Que–qui thus provides new, Case-based empirical support for the theory of Feature Inheritance. The article also suggests that the que–qui alternation has an important implication for Chomsky's recent application of dynamic antisymmetry, reinterpreted in terms of labelling, to the issue of subject extraction failure. Specifically, the alternation appears to indicate that Case-matching is required, in addition to phi-feature agreement, in order for extraction to be blocked by labelling.

Le présent article vise à décrire les particularités textuelles et discursives de l'expression anaphorique Ledit N. La première partie de l'étude est consacrée au mode de donation référentielle de Ledit N. La spécificité de cette expression réside dans le fait que l'identification de la source d'interprétation se fait par le biais du texte et non par le biais de la mémoire discursive, à la différence des autres expressions anaphoriques. La deuxième partie porte sur l'emploi de Ledit N dans trois types de textes différents: textes l'gislatifs, journalistiques et littéraires. La comparaison de ces trois sous-corpus a pour objectif de mettre en évidence les différents effets discursifs que peut induire Ledit N.

Cette étude porte sur le rôle du geste enfantin dans le développement du lexique précoce chez des enfants jumeaux (garçon et fille) en interaction avec leur mère entre 15 et 26 mois en situation de livres d'images. Il ressort de ce travail que ces deux enfants produisent des combinaisons geste/mot(s), contenant le plus souvent un mot référentiel. Nous remarquons aussi que toutes ces combinaisons contiennent des informations identiques. Celles-ci semblent faciliter l'accroissement des combinaisons « pointage+énoncés à 2 mots » constaté chez nos deux sujets entre 24 et 26 mois. Ce résultat nouveau lié à la situation de livres d'images rompt avec les travaux cités dans la littérature.

It is standardly assumed that French does not have word-stress, rather it has phrase-level prominence. I will advance a number of arguments, many of which have appeared already in the literature, that cumulatively suggest that French roots are characterized by phonological prominence, even if this is non-contrastive. By prominence, I mean a syntagmatically distributed strength that has all the phonological characteristics of stress in other Romance languages. I will remain agnostic about the nature of that stress, eschewing the lively debate about whether French has feet, and if so what type, and at what level. The structure of the argument is as follows. French demonstrably has phonological word-final strength but one wonders what the source of this strength is. Positionally, the initial position is strong and, independently of cases where it is reinforced by other factors, the final position is weak. I will argue, based on parallels with other Romance languages, that French word-final strength derives from root-final phonological stress. The broader significance of this conclusion is that syntagmatic properties are enough to motivate underlying forms, even in the absence of paradigmatic contrasts (minimal pairs).

La mise en scène du langage parlé est un élément central de la bande dessinée: les discours directs des protagonistes sont non seulement visuellement représentés par des bulles, mais leur langage se caractérise souvent aussi par les marques phonologiques et morpho-syntaxiques typiques de l’oral afin d’évoquer l’immédiat communicatif. Cet article se propose ainsi d’étudier, sur le plan phonologique, des phénomènes tels que les élisions, les aphérèses et même certaines marques prosodiques ainsi que, sur le plan morphosyntaxique, entre autres l’omission du ne de négation, les dislocations et l’absence du il impersonnel. On s’interrogera notamment sur les convergences entre l’oralité fictive des bandes dessinées et les résultats des études de l’oralité basées sur des corpus authentiques. L’analyse s’appuie sur un corpus de deux bandes dessinées francophones, comprenant un tome respectivement des séries Astérix et Titeuf. L’étude est basée sur une grille inspirée, entre autres, par la catégorisation des phénomènes de l’immédiat communicatif par Koch et Oesterreicher (2011) et complétée de manière inductive (corpus-driven). L’article montre que les deux sous-corpus révèlent des stratégies d’oralisation divergentes: alors que dans Astérix, on trouve un grand nombre de phénomènes phonologiques suprasegmentaux représentés, notamment au niveau de la typographie, Titeuf privilégie l’utilisation de marques morphosyntaxiques ainsi que de certains phénomènes phonologiques segmentaux.

This Special Issue of the Journal of French Language Studies celebrates a recent surge in enthusiasm for sociolinguistic studies involving the regional languages of France. Taking our cue from the contributions to the volume, which we introduce here, we argue that a changing twenty-first century landscape offers an exciting new agenda for these regional languages (and minority languages more widely), and set out what we see as six key directions for contemporary research.

This study examines how intonation contours prevalent in a Parisian French urban youth vernacular (Conein and Gadet, 1998; Fagyal 2003, 2005) index sociolinguistic meanings for Parisian French listeners. In a web-based experiment, listeners placed recordings with stress patterns ranging from clearly penultimate (‘non-standard’) to clear phrase-final (‘standard’) in cities whose linguistic correctness they had previously evaluated. Stimuli with the most numerous and strongest cues to penultimate prominence were reliably identified with cities low in linguistic prestige. Sociolinguistic experience was shown to predict stimulus evaluations. The conclusions reached speak to the socio-indexicality of certain Parisian intonation contour types and the methodology used herein may lend itself to future studies of socially sensitive language variation.

L’objectif de cet article est de déterminer l’impact de la tâche sur la prononciation du FLE, en l’occurrence sur le comportement du schwa. Dans cette perspective sont étudiées les productions de 145 apprenants autrichiens du FLE de niveau débutant à B1 dans la lecture d’une liste de mots et de deux textes, dans une tâche de répétition de mots ainsi que dans un entretien guidé (corpus de 87 heures et 45 minutes). L’étude se concentre sur la production du schwa dans huit mots et constructions : s(e)maine, ch(e)mise, premier, m(on)sieur, tout l(e) temps, tout l(e) monde, appartement et gouvernement. Nos résultats montrent que les 35 heures de parole spontanée ne contiennent que peu ou même pas d’occurrences de ces mots pour la moitié des cas analysés. Bien qu’il s’agisse d’une méthode valable pour l’analyse du système linguistique, il s’avère dans la recherche de la prononciation des apprenants indispensable de la compléter par des tâches d’élicitation. L’élicitation par des formes graphiques présente pourtant l’inconvénient d’influencer la prononciation par la présence visuelle des lettres (sans différence notable entre la liste de mots et les textes). Cette influence ne se limite pas au processus de décodage en temps réel.

Writing on social media often departs from prescriptive norms through the use of non-standard words, spellings and punctuation. Amongst these traits is the repetition of letters (e.g. <ouiiiii> for oui ‘yes’). In this study, we draw upon a corpus of over 65 million tweets from three dialects of French (Laurentian, Metropolitan and Midi) to test phonological motivations for the choice of repeated letter in a word with repetition. Using mixed-effects multinomial regression, we compare dialectal differences in whether repetition targets final consonants (silent or pronounced), word-final orthographic <e> corresponding to phonological schwa, and prosodically accented penults. We demonstrate that repetition covertly signals phonological properties. We conclude that prosody mediates morphological and phonological effects and that grapheme-to-phoneme correspondences vary between regions, thereby producing phonological patterns that writers likely did not intend to convey at the time of writing. We also propose that orthographic repetition on Twitter has two prosodic sources: the default pitch accent in French (shifted or not) and focus.