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La liaison en diatopie: esquisse d'une typologie

Published online by Cambridge University Press:  31 January 2017

MARIE-HÉLÈNE CÔTÉ*
Affiliation:
Université Laval
*
Adresse pour correspondence: e-mail: mhcote@alum.mit.edu
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Résumé

Cet article apporte un éclairage nouveau sur la dimension diatopique de la liaison en français, largement négligée dans la littérature par rapport à la variation sociale ou stylistique. L'analyse de données récentes du corpus PFC montre une variation importante dans l'espace francophone, au-delà d'un ensemble stable de contextes de liaison catégorique. Deux dimensions de la variabilité sont identifiées: (1) la réalisation de la liaison variable, reliée au contact avec des langues qui maintiennent l'autonomie prosodique du mot ; (2) la prégnance des liaisons non standard, associée au poids de la norme dans le développement historique des variétés.

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Articles
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Copyright © Cambridge University Press 2017 

1. INTRODUCTION

La littérature sur la liaison offre deux types de commentaires sur la variation diatopique. D'une part, il y a l'idée que ce type de variation est secondaire par rapport à la variation diastratique ou diaphasique, qu'exprime bien Laks (Reference Laks, Durand, Kristoffersen, Laks and Peuvergne2014: 335): ‘Il semble que la variation diatopique soit extrêmement faible, sinon marginale, devant la variation socioculturelle et stylistique’. Des données tirées du corpus élaboré dans le cadre du projet PFC (Durand et al., Reference Durand, Laks, Lyche, Durand, Laks and Lyche2009 ; www.projet-pfc.net) ne confirment pourtant pas cette impression, ne serait-ce qu'en termes de fréquence de réalisation de la liaison. Mallet (Reference Mallet2008: 189) rapporte que le taux global de réalisation de la liaison dans l'ensemble du corpus PFC est de 44,1% dans la conversation libre et de 63,2% dans la lecture du texte. Cet écart de 19% est en fait inférieur à celui observé pour la conversation libre entre deux régions du monde francophone: 46,6% (1009/2163) en Île-de-France contre 22,4% (211/942) à Golden Meadow en Louisiane (Blainey, Reference Blainey2013: 216). La dimension diastratique, elle, semble moins saillante puisque Durand et al. (Reference Durand, Laks, Calderone and Tchobanov2011: 128) notent dans l'ensemble du corpus PFC que le nombre d'années d’études n'a qu'un effet marginal sur le taux global de réalisation de la liaison dans la conversation. Par ailleurs, ces simples statistiques de fréquence masquent des différences qualitatives dans la variation diatopique, dont la littérature n'a pas encore pris la pleine mesure.

D'autre part, on trouve des remarques éparses, mais peu étayées, soulignant que certaines variétés feraient plus ou moins de liaisons que d'autres, par comparaison à une variété de référence pas toujours bien identifiée et largement idéalisée. En voici trois exemples:

[français de Suisse romande] On fait infiniment plus de liaisons dans la Suisse romande (. . .) que dans la région parisienne (Passy, 1892; dans Racine et Andreassen, 2012: 199).

[français provençal] Les liaisons sont donc beaucoup moins fréquentes qu'en français commun. (Brun, 1931 ; dans Durand et al., Reference Durand, Laks, Calderone and Tchobanov2011: 129)

[français canadien] [I]l faut noter que la liaison est globalement nettement moins réalisée que dans le FR (Eychenne et Walker, Reference Eychenne, Walker, Detey, Durand, Laks and Lyche2010: 257).

Pour la Suisse romande, on ne saura sans doute jamais ce qu'il en était à la fin du 19e siècle, mais rien n'indique que la liaison soit plus souvent réalisée aujourd'hui en Suisse qu'en région parisienne (Racine et Andreassen, Reference Racine and Andreassen2012: 201). La France méridionale et le Canada ne semblent pas non plus être associés à une réalisation moins fréquente de la liaison (Durand et al,. Reference Durand, Laks, Calderone and Tchobanov2011: 128–130 ; Côté, Reference Côté2012a: 267), le Canada se distinguant plutôt par la nature des liaisons produites.

Cette appréciation au mieux fragmentaire de la variation diatopique peut être attribuée à deux facteurs. D'une part, jusqu’à tout récemment, une méconnaissance des usages de la liaison dans les variétés de français. D'autre part, le caractère souvent peu saillant des différences dialectales, dans la mesure où elles portent sur les contextes de liaison variable, où la non-réalisation de la liaison passe facilement inaperçue. La comparaison avec le schwa, marqueur incontournable des variétés méridionales de français, est frappante. Rien de tel pour la liaison, dont les bases semblent plus stables à travers les variétés de français.

Le projet PFC a largement contribué à remettre l'usage au centre des descriptions et des débats analytiques sur la liaison, en développant notamment la dimension spatiale. Une comparaison systématique de différents ensembles géographiques est donc maintenant possible. Après une brève présentation des données considérées, on sera en mesure de définir le noyau dur de la liaison – les contextes stables d'une variété à l'autre – et les zones de variabilité diatopique, marquées par deux dimensions: la réalisation de la liaison variable et la prégnance de la liaison non standard, qui s’écarte de la norme prescriptive.

2. DONNÉES

J'exploiterai essentiellement ici les données récentes du corpus PFC, accessibles en ligne, présentées dans diverses publications ou relevant d'enquêtes en cours. Je me limiterai à la parole conversationnelle, sans distinction entre les conversations libres et guidées, qui présentent de toute façon peu de différences marquées du point de vue de la liaison (Durand et al., Reference Durand, Laks, Calderone and Tchobanov2011: 126 ; voir cependant Eychenne et al., Reference Eychenne, Lyche, Durand and Coquillon2014 pour un exemple de distinction).

On distinguera quatre grands ensembles de variétés: Europe, Canada, Afrique subsaharienne et Louisiane.Footnote 1 Ces regroupements s’écartent de ceux adoptés par Durand et al. (Reference Durand, Laks, Calderone and Tchobanov2011) et Laks et Calderone (Reference Laks and Calderone2014), qui établissent trois zones: la France hexagonale, l'espace francophone où le français est langue première (Belgique, Suisse, Canada) et l'Afrique, où le français est essentiellement langue seconde. Une telle catégorisation s'avère cependant inadéquate. D'une part, il n'y a pas lieu de séparer la France hexagonale de l'Europe hors-France, puisque Racine et Andreassen (Reference Racine and Andreassen2012) et Hambye et Simon (Reference Hambye and Simon2012) confirment que les usages suisses et belges ne se distinguent pas de ceux de la France voisine, elle-même considérée comme un espace homogène malgré quelques différences fréquentielles possibles entre le sud et le nord (Durand et al., Reference Durand, Laks, Calderone and Tchobanov2011). D'autre part, le Canada présente des différences significatives par rapport à l'Europe francophone, remettant en question la pertinence d'un regroupement ‘français langue première hors de France’. Le domaine canadien correspond essentiellement ici au français laurentien, dont les usages de la liaison sont assez bien décrits (van Ameringen, Reference Ameringen1977 ; van Ameringen et Cedergren, Reference Ameringen, Cedergren, Sankoff and Cedergren1981 ; Côté, Reference Côté2012a, b). Les remarques de Cichocki (Reference Cichocki2012) indiquent cependant les mêmes tendances en français acadien, l'autre variété historique parlée au Canada.

L'Afrique subsaharienne se distingue par le statut socio-historique particulier dont le français jouit. Il ne s'agit pas d'une zone homogène, mais on y observe tout de même des tendances communes dans les usages de la liaison, discutées en particulier dans Boutin (Reference Boutin, Durand, Kristoffersen and Laks2014).

À ces trois ensembles – Europe, Canada, Afrique – s'ajoute la Louisiane, qui bénéficie de données PFC récentes. La Louisiane se démarque par le statut uniquement oral que le français y occupe, les locuteurs ayant tous été scolarisés en anglais même si le français est leur langue maternelle. Les données proviennent surtout de deux points d'enquête: Ville Platte dans la paroisse Évangéline (Klingler et Lyche, Reference Klingler and Lyche2012 ; Boutin et Lyche, Reference Boutin and Lyche2014) et Golden Meadow dans la paroisse Lafourche (Blainey, Reference Blainey2013). Les tendances notées seulement chez des semi-locuteurs, dont la compétence est très approximative dans un contexte d’étiolement linguistique (Dorian Reference Dorian1977), seront pour l'instant ignorées.

3. LE NOYAU DUR

Certains contextes, listés en (1), déclenchent la liaison de façon catégorique ou quasi-catégorique dans toutes les zones. Il s'agit là du noyau dur de la liaison, stable à travers l'espace francophone. Les déterminants en (1a) incluent les définis, indéfinis, possessifs et démonstratifs, ainsi que les chiffres deux, trois, six et dix.

  1. (1)

    1. a. déterminant + adjectif/nom

      ces [z] amis, un [n] ancien voisin

    2. b. proclitique + proclitique/verbe

      on [n] en [n] arrive, vous [z] allez

    3. c. verbe + enclitique

      dit-[t]on, va-t-[t]on, parles-[z]en

    4. d. en + X

      en [n] anglais, en [n] allant

Ces contextes sont ceux que Durand et Lyche (Reference Durand and Lyche2008: 54) ont déjà identifiés comme (quasi-)catégoriques pour l'ensemble du corpus PFC.Footnote 2 Cela est confirmé pour le domaine africain par Boutin (Reference Boutin, Durand, Kristoffersen and Laks2014: 157, 163), pour le Canada par Côté (Reference Côté2012b) et pour la Louisiane par Blainey (Reference Blainey2013), Boutin et Lyche (Reference Boutin and Lyche2014) et Lyche (Reference Lyche, Abecassis and Ledegen2015).

La nature catégorique de ces contextes soulève deux types d'exceptions, l'absence de liaison étant soit systématique, soit sporadique. Comme exemple du premier type, ils ne déclenche normalement pas la liaison dans les variétés canadiennes (van Ameringen, Reference Ameringen1977 ; De Jong, Reference De Jong, Ashby, Mithun, Perissinotto and Raposo1993 ; Cichocki, Reference Cichocki2012 ; Côté, Reference Côté2012a, b). Il ne s'agit pas ici de conclure à la variabilité de la liaison avec les proclitiques, mais de considérer que ils ne fait pas liaison dans les variétés concernées.

L'absence occasionnelle de liaison est notamment observée dans les variétés américaines. Boutin et Lyche (Reference Boutin and Lyche2014) et Lyche (Reference Lyche, Abecassis and Ledegen2015) notent pour quelques locuteurs louisianais que la liaison n'est pas tout à fait systématique avec le clitique objet les (elle les / a payés). On trouve aussi des cas de non-liaison après onen français laurentien (van Ameringen, Reference Ameringen1977 ; De Jong, Reference De Jong, Ashby, Mithun, Perissinotto and Raposo1993 ; Côté, Reference Côté2012b), acadien (Cichocki, Reference Cichocki2012) et louisianais (Blainey, Reference Blainey2013: 307). La non-liaison après on semble cependant en régression au Québec, où elle tend à se faire uniquement devant le pronom y (on / y va à pied) et les formes du verbe aller commençant par [i] (on / ira pas), qui se comportent comme des mots à h aspiré au regard de tous les processus diagnostiques de ce phénomène (Côté, Reference Côté2012b). Cette distribution reste d'ailleurs à éclaircir.

La préposition en, qui connaît quelques rares exceptions partout, semble offrir un autre exemple de non-liaison sporadique ; voir Mallet (Reference Mallet2008: 278) et Durand et Lyche (Reference Durand and Lyche2008: 44) pour l'ensemble du corpus PFC et Boutin et Lyche (Reference Boutin and Lyche2014) et Lyche (Reference Lyche, Abecassis and Ledegen2015) spécifiquement pour la Louisiane (en / hiver). Ce cas mérite cependant plus ample discussion. Le corpus en ligne comprend 1342 occurrences de en codées, dont 36 sans liaison. Après le retrait de 11 cas d'hésitation (il travaillait en, à l'université), 16 cas de h aspiré (en haut; en onzième) et 1 erreur de codage, il reste 8 cas de non-liaison (2).

  1. (2)

    1. a. en / une heure (3 occurrences)

    2. b. en / un quart d'heure

    3. c. en / un jour et demi

    4. d. en / un seul passage

    5. e. c'est un / un qui est déguisé en / une

    6. f. confiance en / elle

Ces exemples apparaissent comme des cas motivés de disjonction et ne remettent pas en cause la catégoricité de la liaison après en. En (2a-d), un est employé comme numéral plutôt que comme article. Les nombres se comportant comme des mots à h aspiré (le un, un / onze), la liaison se trouve bloquée. En (2e), la liaison ne se fait ni dans en une ni dans un un. Cela indique que ce n'est pas la variabilité de la liaison avec en qui est en cause, la disjonction étant vraisemblablement déclenchée par l'utilisation métonymique de un/une, qui se substitue à homme/femme. La non-liaison en (2f) est de nature différente. Mais le fait qu'elle y apparaisse nettement plus naturelle que dans des exemples (non attestés) comme s'habiller en / homme ou aller en / Inde suggère que la disjonction est ici aussi motivée, même si le facteur en cause reste à identifier. On peut ainsi conclure à la nature catégorique de la liaison dans tous les contextes en (1), dans la mesure où la plupart des contre-exemples sont indépendamment motivés.

Les quatre contextes de liaison en (1) définissent la base du système de liaison. Cette base est stable puisqu'aucune des variétés décrites ne remet en cause la régularité de la liaison dans ces contextes ; elle est également suffisante puisque la liaison peut se limiter à ces contextes, comme nous le verrons pour le domaine louisianais. Ces contextes n'impliquent d'ailleurs que les consonnes de liaison [z] et [n], si on exclut le [t] de liaison dans les constructions avec inversion du sujet (vit-il, va-t-on), qui sont de toute façon très marginales, sinon absentes, en parole spontanée.

Hors de ces contextes invariants, les quatre ensembles géographiques se distinguent sur deux fronts: l'application de la liaison dans les contextes variables et la prégnance de liaisons non standard.

4. LA LIAISON VARIABLE

Le comportement de la liaison variable constitue une dimension importante de la variation diatopique. Nous comparerons d'abord les taux globaux de réalisation (4.1), avant de nous attarder à des formes particulières qui présentent un comportement différencié selon les régions (4.2).

4.1 Taux de réalisation globaux

La situation louisianaise est assez simple puisque la liaison dans les contextes autres que ceux en (1) y est quasiment inexistante. À Golden Meadow, Blainey (Reference Blainey2013) observe 5 consonnes réalisées au total dans le corpus de 2010, pour un taux de réalisation inférieur à 0,5%. Il s'agit dans tous les cas d'un [n] prononcé après une voyelle nasale, dont 3 occurrences de dans [n] un. À Ville Platte, Klingler et Lyche (Reference Klingler and Lyche2012) observent un peu plus de liaisons variables, mais seulement après est (est [t] arrivé Footnote 3 ) et dans des contextes pluriel (des petites [z] affaires, cinq [z] écoles). En particulier, la liaison est exclue entre un adjectif et un nom singulier (voir aussi Boutin et Lyche, Reference Boutin and Lyche2014 et Lyche, Reference Lyche, Abecassis and Ledegen2015).

La Louisiane contraste avec le reste de la francophonie, où la liaison variable demeure vivante et très fréquente dans certains contextes. Barreca (Reference Barreca2015: annexe 2) offre une analyse fréquentielle de la liaison dans les différents contextes de liaison variable, définis par des catégories lexicales comme NOM et ADV(erbe). Au total, elle obtient un taux général de réalisation de la liaison variable de 19% (sur un nombre total de liaisons potentielles de 22 568). Dans des contextes spécifiques, le taux de réalisation varie entre 1% et 95%, la liaison se faisant le plus fréquemment dans les séquences préposition-nom (95% ; en allemand), préposition-verbe (86% ; en arrivant, sans avoir) et adjectif-nom (82% ; petites occupations). Notons cependant que les deux contextes où la liaison est la plus fréquente comprennent surtout la préposition en, déjà incluse dans les contextes de liaison catégorique en (1).

On peut alors comparer ces taux avec ceux de zones géographiques particulières. Pour le français canadien (laurentien), nous avons repris les données de Côté (Reference Côté2012b) et calculé le taux de réalisation de la liaison variable en soustrayant les contextes catégoriques en (1a-c), les mots composés et les expressions figées (États-Unis, de plus en plus). Nous avons cependant conservé la préposition en, pour assurer une comparaison directe avec les résultats de Barreca (Reference Barreca2015). Nous obtenons un taux de réalisation de la liaison variable de 19,6% (743/3799).

Pour l'Afrique subsaharienne, Boutin (Reference Boutin, Durand, Kristoffersen and Laks2014: 167) note que ‘les locuteurs africains font globalement moins fréquemment la liaison que la moyenne des locuteurs d'ailleurs’. Les enquêtes africaines plus localisées présentées dans Gess et al. (Reference Gess, Lyche and Meisenburg2012) aboutissent au même constat. Nos calculs sur l'ensemble des codages liaison extraits des 6 points d'enquête africains disponibles en ligne confirment la réduction de la liaison variable dans cette zone. Après le retrait de toutes les liaisons catégoriques sauf en, nous obtenons un taux de réalisation de la liaison variable de 15,2% (463/3050), taux inférieur au taux PFC général et au taux laurentien.

La représentativité de chiffres globaux pour l'Afrique est cependant à considérer avec prudence. Pour la Côte d'Ivoire, Boutin et Lyche (Reference Boutin and Lyche2014) comparent des locuteurs lecteurs et non-lecteurs (pas ou très peu scolarisés) ; elles obtiennent des taux de réalisation de la liaison variable de 8% pour les locuteurs non-lecteurs et 25% pour les lecteurs. Les non-lecteurs se rapprochent donc de la situation louisianaise, malgré un taux encore loin d’être nul, alors que les lecteurs dépassent les taux d'autres communautés francophones. Même si le nombre de sites potentiels analysé est très limité (123 et 95, respectivement), l’écart entre lecteurs et non-lecteurs apparaît supérieur aux différences reliées à la scolarisation relevées sur l'ensemble du corpus PFC (Durand et al., Reference Durand, Laks, Calderone and Tchobanov2011). On ne sait cependant pas si les contextes de liaison considérés sont exactement les mêmes que dans Barreca (Reference Barreca2015). Il faut noter également que le calcul du taux de 15,2% noté ci-dessus pour l'ensemble des points d'enquête PFC en Afrique subsaharienne ne comprend que des locuteurs lecteurs. Il ne représente donc pas une moyenne entre des lecteurs et des non-lecteurs aux comportements très différenciés.

Après la Louisiane, le Canada et l'Afrique, seule l'Europe n'a pas fait l'objet de calculs spécifiques. On peut cependant estimer indirectement le taux de liaison variable en Europe. En effet, si les résultats de Barreca (Reference Barreca2015) ne distinguent pas de zones à l'intérieur du monde francophone, il est indiqué que l'ensemble de son corpus inclut 66% de données européennes, contre 22% pour l'Afrique et 12% pour le Canada. Si les taux de réalisation de la liaison variable pour l'ensemble du corpus, l'Afrique subsaharienne et le Canada sont respectivement de 19%, 15,2% et 19,6%, celui de l'Europe doit se rapprocher de 20%, un résultat comparable au taux laurentien.

4.2 Formes particulières

Au-delà des taux globaux, un examen plus détaillé révèle des différences significatives. J'ai comparé pour un ensemble de formes lexicales particulières les taux de réalisation dans quatre zones francophones: Île-de-France (4 points d'enquête), Suisse (3 points d'enquête), Canada (4 points d'enquête) et Afrique (6 points d'enquête, ne comprenant de nouveau que des locuteurs lecteurs). Les résultats sont compilés au tableau 1.

Tableau 1: Réalisation de la liaison après certains éléments lexicaux

Les différentes formes du verbe êtreest (incluant c'est), sont, suis, était (c’était) et étais – se comportent très différemment selon les régions. Ces formes s'opposent par le temps (présent vs imparfait), la personne (3e sg vs 3e pl vs 1ère sg), la consonne de liaison attendue ([t] vs [z]) et le nombre de syllabes (1 vs 2). En Suisse, seul est est associé à un taux conséquent de réalisation (30,6%). Même si l’Île-de-France accorde aussi un taux préférentiel à est, la liaison reste bien présente avec sont, suis et était, mais pas étais. Au Canada, seules les formes du présent font liaison, est et sont présentant les taux de loin les plus élevés du monde francophone. Suis, comme nous le verrons plus loin, fait la liaison en [t] et non en [z]. Ces trois régions ont en commun un taux de liaison plus élevé avec est et moins élevé avec les formes de l'imparfait et de 1er personne.

L'Afrique offre un portrait très différent. D'abord, aucune forme ne présente un taux de liaison plus élevé que 20%. Mais plus surprenant est le taux observé avec les formes de 1êre personne suis et étais, qui est plus élevé que pour les formes de 3e personne en Afrique et les formes de 1ère personne hors d'Afrique. Le taux de 19,1% associé à étais est particulièrement saillant. Des 30 cas de liaison avec suis et étais, on note que 25 sont suivis du participe allé(e). Il y a donc un puissant effet de lexicalisation et de semi-figement, déjà souligné par Boutin (Reference Boutin, Durand, Kristoffersen and Laks2014).

J'ai également comparé quatre monosyllabes fréquents: pas, quand, très et dans. Pour quand, très et dans, nous avons retiré du compte les cas de non-liaison où le mot était suivi d'un euh d'hésitation ou d'un mot à h aspiré.Footnote 4 Dans présente des taux très élevés partout, sauf au Canada. Sa particularité est qu'il ne fait liaison que dans la seule séquence dans un(e). Le maintien d'un taux de liaison très élevé en Afrique pourrait donc aussi relever d'un effet de figement. Les monosyllabes quand et très présentent des taux clairement moins élevés en Afrique que partout ailleurs. Quant à pas, il offre au contraire un taux plus élevé en Afrique, même si ce taux reste faible.

Ces résultats montrent deux tendances propres à l'Afrique. D'une part, pour les formes où la liaison est peu fréquente hors d'Afrique et relève d'un niveau de langue formel, l'Afrique présente souvent des taux de réalisation plus élevés. C'est le cas de suis, étais et pas (en écartant la liaison en [t] après suis au Canada). Le même effet peut être observé dans la liaison entre un nom pluriel et un adjectif (pays [z] africains), qui est réalisée dans 16,7% des cas (7/42) en Afrique, contre 9% pour l'ensemble du corpus PFC (Barreca, Reference Barreca2015: 535). On peut parler ici d'un effet de formalité, attribuable au contexte d'acquisition du français, langue de scolarisation. Ce constat rejoint Boutin (Reference Boutin, Durand, Kristoffersen and Laks2014: 167), qui conclut que ‘les comportements des locuteurs africains en lecture et en conversation laissent supposer des représentations de la liaison comme très liée à l’écrit et à la norme de lecture’. Cette tendance n'est cependant pas dissociable d'un effet de lexicalisation, qui fige la liaison dans des séquences particulières, comme suis/étais allé(e).

D'autre part, les formes où la liaison est fréquente hors d'Afrique présentent des taux moins élevés en Afrique, à l'exception de la séquence dans un(e). Cela concerne est, quand, très et, dans une moindre mesure, sont. L'effet d'amenuisement de la liaison variable dans des contextes de liaison fréquente, tant en Afrique qu'en Louisiane, a été relié au contact linguistique avec des langues où l'autonomie du mot est plus marquée qu'en français (Boutin et Lyche Reference Boutin and Lyche2014 ; Boutin Reference Boutin, Durand, Kristoffersen and Laks2014). Cette conclusion est confortée par la présence régulière d'un coup de glotte en cas d'absence de liaison (Boutin et Turcsan, Reference Boutin, Turcsan, Durand, Laks and Lyche2009 ; Boutin et al., Reference Boutin, Gess and Guèye2012).

Ces effets de formalité et de contact linguistique agissent de façon opposée sur la réalisation de la liaison variable. Il faudra donc élucider l'interaction entre les deux facteurs et les conditions de leur application.

5. LES LIAISONS NON STANDARD

Un autre trait qui distingue les variétés est la prégnance des liaisons non standard, c'est-à-dire non prescrites par la norme. Nous ne pensons pas ici aux liaisons hypercorrectives qui surviennent dans des contextes de pression normative accrue, telle la parole publique, mais à certaines innovations qui peuvent s’établir dans la grammaire de la liaison par des processus analogiques, comme le développement d'un [z] de liaison après certains nombres (cent [z] euros). Parmi ces liaisons, on peut distinguer les cas d'insertion d'une consonne dans un contexte où la norme ne prévoit aucune liaison et les cas de substitution de la consonne prescrite par une autre.

Avant de décrire les données en cause, il convient de s'attarder au codage PFC, qui indique les liaisons dites ‘épenthétiques’. Le protocole PFC définit ces liaisons comme n'ayant pas d'origine graphique, par exemple il va à Paris prononcé [ilvatapari] (Durand et al., Reference Durand, Laks, Lyche, Durand, Laks and Lyche2009: 34). Mais ce codage s'avère ambigu et ne permet que partiellement l'identification des liaisons non standard. D'une part, s'il est clair que le codage épenthétique s'applique aux cas d'insertion, inclut-il également les cas de substitution? Le traitement de ces cas s'avère variable. Le [z] de cent [z] euros est catégorisé comme épenthétique à Liège, mais pas celui de vingt [z] enfants à Saguenay ; de même, le [t] qui accompagne suis est considéré comme épenthétique dans l'enquête de Trois-Rivières, mais pas dans celle de l'Université Laval.

D'autre part, les liaisons non standard ne sont pas toutes reconnues comme telles, et donc codées. Par exemple, des formes laurentiennes comme ça [l] arrive sont à analyser comme contenant un [l] de liaison (voir section 6). Elles sont pourtant spontanément transcrites ça l'arrive. À l'opposé, certaines consonnes ‘inattendues’ peuvent être à tort codées comme consonnes de liaison. Ainsi, le [n] de ça [n]en prend a été traité comme une liaison entre ça et en, alors que Morin (Reference Morin1979) conclut que [nã] est plutôt une variante du clitique en.

L'ensemble du corpus PFC ne comprend que 22 consonnes épenthétiques qui ne soient pas clairement des erreurs de codage. Il en résulte un portrait très incomplet de la liaison non standard dans les différentes zones francophones, en raison non seulement de l'ambiguïté du codage, mais surtout de la représentation insuffisante des variétés les plus susceptibles de présenter des liaisons s’écartant de la norme, soit les variétés nord-américaines. De ces 22 liaisons épenthétiques, 15 proviennent des quatre enquêtes canadiennes, 5 d'Europe, avec correction immédiate du locuteur dans 3 cas, et 2 d'Afrique.

Durand et al. (Reference Durand, Laks, Calderone and Tchobanov2011: 115) font état de l'extrême rareté des ‘erreurs’ de liaison dans la conversation spontanée. Cela est avéré pour le domaine européen, où le seul exemple régulier de liaison non standard dans le corpus PFC est cent [z] euros. Pour l'Afrique, Boutin et Turcsan (Reference Boutin, Turcsan, Durand, Laks and Lyche2009: 150) mentionnent l'absence de toute liaison interdite ou épenthétique dans le corpus d'Abidjan et Boutin et Lyche (Reference Boutin and Lyche2014) précisent que les locuteurs n'y insèrent normalement pas de [z] analogique après les chiffres comme cinq. Les autres points d'enquête offrent deux exemples: les conseillers ne leur [z] aident pas à Bangui et un ancien [z] étudiant au Burkina Faso. Les locuteurs, même peu scolarisés, restent donc proches de la norme pour la liaison.

Il en va autrement dans les variétés nord-américaines. Les études sur la Louisiane font régulièrement état du développement de la liaison dans les contextes pluriels. Boutin et Lyche (Reference Boutin and Lyche2014: 298) notent la fréquence de formes comme combien d’[z]enfants et assez d’[z]années, y compris ‘chez les locuteurs qui gardent une excellente maîtrise de la langue’. La présence de [z] après des chiffres est régulière (quatre [z] enfants, cent [z] acres; Blainey, Reference Blainey2013: 5.3.6). Lyche (Reference Lyche, Abecassis and Ledegen2015: 22), citant Dajko (2009), rapporte également dans la paroisse Lafourche le développement d'un [t] de liaison dans la construction verbe + [t] être, comme dans ta mama va [t] être fâchée.

On observe un éventail plus varié de liaisons non standard au Canada, sans doute en raison de la plus grande fréquence de la liaison variable. La construction avec [t] être y est également relevée (Côté, Reference Côté2005: 73 ; Reference Côté2012a: 266–267) (ça va [t] être des nouveautés). Le français laurentien connaît aussi l'extension du [z] de liaison en contexte pluriel, mais celle-ci ne semble pas aussi généralisée qu'en Louisiane. Les exemples relevés dans les conversations PFC au Canada incluent huit [z] enfants [ɥizãfã] et vingt [z] enfants. La liste de mots complémentaire développée pour les enquêtes laurentiennes comprend aussi les séquences 20 épingles, 100 épaves, 30 innocents et sept idées. L'analyse de 125 locuteurs confirme que l'insertion d'un [z] de liaison est fréquente, même en lecture, mais nettement plus après les nombres à finale vocalique (48,4% et 77,4% après 20 et 100) qu'après ceux à finale consonantique (3,2% après 30 et sept). La liaison en [z] en contexte pluriel est donc dépendante de la présence d'un hiatus. Il s'agit d'un cas intéressant d'interaction entre deux facteurs conditionnant la liaison: l'expression du pluriel et l’évitement du hiatus. On ne note cependant pas de [z] de pluriel comparable au combien d’[z]enfants louisianais.

Les autres développements non standard de la liaison au Canada relèvent d'au moins quatre ordres. Le plus courant est l'extension du [t] de liaison après toutes les formes du verbe être au présent (sommes ne faisant pas partie du répertoire conversationnel courant et êtes excluant la liaison en [t] en raison de son [t] final stable) (van Ameringen, Reference Ameringen1977 ; Côté, Reference Côté2012a, b). Les enquêtes PFC offrent de très nombreux exemples de liaison en [t] après suis et es (je suis [t] un peu perdu, tu es [t] arrivé), où la liaison en [z] est normalement exclue dans les variétés canadiennes. Dans le contexte adjectif+nom, [t] peut aussi pour certains locuteurs agir comme consonne de liaison par défaut, comme dans vrai [t] investissement ou gros [t] arbre. On note aussi le développement d'un [l] de liaison après le proclitique ça (si ça [l] a déjà été vrai).Footnote 5 Enfin, le [z] de liaison dans les enclitiques est généralisé, comme dans parle-moi-[z]en pas (l'alternative (ne) m'en parle pas étant normalement exclue).

6. DISCUSSION

Il se dégage des discussions précédentes sur les liaisons variables et les liaisons non standard une typologie de la variation diatopique qui peut être représentée comme dans le tableau 2.

Tableau 2: Variation diatopique de la liaison

Les quatre zones choisies peuvent être classées selon qu'elles présentent plus ou moins de liaisons variables et plus ou moins de liaisons non standard. Chacune des zones occupe une case distincte du tableau. L'Afrique est catégorisée comme [–liaison variable], mais il faut garder à l'esprit qu'elle présente tout de même plus de liaisons que la Louisiane, surtout chez les locuteurs scolarisés et incluant des liaisons perçues ailleurs comme plutôt formelles (j’étais [z] allé).

L'amenuisement de la liaison variable a déjà été relié au contact intense avec des langues à accent de mot – diverses langues locales en Afrique, l'anglais en Louisiane – où l'autonomie phonologique du mot aurait un effet bloquant sur la liaison (Boutin et Lyche, Reference Boutin and Lyche2014). Les liaisons non standard font ressortir le poids (historique) de la norme, moindre dans les variétés nord-américaines (Canada et Louisiane), qui ont évolué à partir du 17e siècle en relative autonomie par rapport au standard européen. En Afrique subsaharienne, au contraire, le français s'est implanté à partir du 19e siècle par le biais de l'administration coloniale et de l’école, qui ont transmis – et qui continuent de transmettre, même indirectement dans le cas des locuteurs peu lettrés – un français fortement normé.

7. CONCLUSION

Laks (Reference Laks, Durand, Kristoffersen, Laks and Peuvergne2014: 350) écrivait au sujet de la variation diachronique:

Je conclus donc à la stabilité d'ensemble de la liaison sur le siècle passé et à la nécessité de l'analyser en deux phénomènes nettement distincts: la liaison obligatoire qui ne bouge pas dans son principe et la liaison facultative en décroissance lente.

Cette conclusion est transposable à la variation diatopique, qui repose sur un ensemble stable de liaisons catégoriques et différents modes de réalisation de la liaison variable, pouvant aller jusqu’à son extinction. La comparaison entre différentes parties du monde francophone a permis de confirmer l'ensemble des contextes formant le noyau dur de la liaison et de définir les zones de variabilité, en distinguant les liaisons standard et non standard. Il en résulte quatre catégories de variétés, représentées par l'Afrique subsaharienne, le Canada, la Louisiane et l'Europe.

Il ne s'agit ici que d'une ébauche et les études futures devront pousser l'analyse dans plusieurs directions, notamment en intégrant les zones de la francophonie laissées à l’écart et en raffinant les facteurs de variation pour tenir compte de distinctions diatopiques plus fines. Il faudra également approfondir le rôle du contact avec des langues qui maintiennent l'autonomie prosodique du mot et du poids de la norme dans le développement historique des variétés comme facteurs explicatifs de la réalisation de la liaison variable et non standard. Par exemple, quel type ou degré de contact linguistique peut influencer le comportement de la liaison variable? En Afrique et en Louisiane, les langues en contact sont parlées de façon native ou quasi-native dans l'ensemble de la communauté, ce qui n'est par exemple pas le cas du néerlandais en Belgique francophone ou de l'anglais au Québec.

Footnotes

1 Ce groupement n'est pas exhaustif puisque certaines zones de la francophonie ne s'y retrouvent pas, notamment le Maghreb, l'Océan Indien et les Antilles. Elles devront évidemment être incluses dans des travaux futurs.

2 Nous ignorons ici le dernier contexte de liaison catégorique cité par Durand et Lyche (Reference Durand and Lyche2008), soit les mots composés et les expressions figées, qui ne sont pas toujours identiques d'une variété à l'autre.

3 La liaison est systématique dans la locution progressive est après [ɛtapɛ] (le soleil est après se coucher). Il s'agit vraisemblablement d'un cas de lexicalisation.

4 Pour le Canada, nous avons aussi retiré les cas où dans est suivi des articles définis la et les. Ces articles sont souvent réalisés sans [l], ce qui en fait en surface des formes à initiale vocalique ; la liaison en [z] est pourtant exclue.

5 Le proclitique elle se prononce [a] devant consonne et [a(l)] devant voyelle, le [l] se comportant exactement comme une consonne de liaison variable. Cette consonne semble s’être étendue au clitique ça ([sa] devant consonne, [sa(l)] devant voyelle) ; voir Morin (Reference Morin1982) et Côté (Reference Côté2012a: 262) pour plus de détails.

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Figure 0

Tableau 1: Réalisation de la liaison après certains éléments lexicaux

Figure 1

Tableau 2: Variation diatopique de la liaison