Deux postulats – rationalite des acteurs et interdépendance généralisée – suffisent-ils à expliquer l'apparition des manifestations les plus agressives du fondamentalisme religieux ainsi que les révolutions, la dictature, l'ethno-nationalisme et les liens entre internationalisation des marchés et du terrorisme ? Voilà le défi théorique lancé par Rational Extremism.
Au sein de la littérature foisonnante sur les manifestations violentes du fondamentalisme religieux et politique, Rational Extremism (2006) de Ronald Wintrobe, professeur d’économie politique à l'université de Western Ontario (Canada), se démarque par son originalité théorique et méthodologiqueFootnote 1.
Dans Can We Make Sense of Suicide Missions?, Diego Gambetta (2006, p. 259) notait : « On the evidence presented in this book, suicide missions (SMs) show such a diversity of traits as to make the search for an overarching explanation of their occurrence and patterns seem futile. »Footnote 2 Or, selon Wintrobe, « the similarities among extremist movements make it worthwhile to investigate them as a single phenomenon » (p. 6). Les options méthodologiques retenues sont tout aussi à contre-courant. Dans Motivations and Beliefs in Suicide Missions, Jon Elster (pp. 257-258, dans Gambetta 2006) note : « Attempts to identify motivations by some combination of game-theoretic analysis and econometrics are, in my opinion, doomed to fail. [...] Sometimes the parable of the scorpion and the frog seems to have more explanatory power than might be claimed by any model. » La formalisation mathématique est en revanche l'outil que Wintrobe adopte pour illustrer chacune de ses explications théoriques qui ont deux éléments en commun. D'une part, il suppose que les extrémistes sont des acteurs rationnels. D'autre part, il se réfère à la psychologie évolutionniste pour soutenir que « the desire of group identification seems to be a fundamental characteristic of human beings » (p. 9). Par conséquent, il est indispensable pour comprendre l'extrémisme de prendre en compte l'appartenance de groupe des acteurs et les formes multiples des interactions qui les relient.
Ce second postulat étant moins aisément accepté en économie, Wintrobe y consacre le deuxième chapitre, précisant que la théorie économique peut aisément étudier les interactions sociales en incorporant l'action d'autrui dans la fonction d'utilité des acteurs. Il distingue ensuite les « préférences interdépendantes », le capital social et la confiance, les émotions et la « solidarité » comme autant d'effets des interactions sociales à étudier. Prendre en compte les interactions entre les acteurs signifie essentiellement restituer aux phénomènes sociaux leur caractère dynamique : l'interaction rend l'action contagieuse.
Sur chacun de ces points, Wintrobe mobilise une littérature riche. Le lecteur s’étonne cependant de certaines absences. Il fait remonter l'introduction de l'analyse des interactions en économie à Gary Becker, mais ne mentionne ni Thomas SchellingFootnote 3, ni Charles Manski ou Steven Durlauf dont la préoccupation est l'analyse des interactions en économieFootnote 4. Wintrobe propose une définition précise de nature microsociologique de la confiance et du capital social, mais pourquoi alors consacrer autant d'attention aux travaux de Putnam au lieu de discuter les analyses qui font le lien entre confiance et théorie du signalFootnote 5 ?
Le troisième chapitre traite de l'importance des interactions dans la construction des politiques publiques. Wintrobe critique le point de vue économique dominant qui privilégie les politiques visant à modifier le coût d'une action plutôt que la structure des interactions sociales. Il considère trois domaines dans lesquels ces interactions ont été particulièrement négligées : le crime, la pauvreté et les marchés financiers. Bien qu'il ne donne pas un critère de démarcation formelle, il suggère l'existence de points de basculement au-delà desquels, des politiques fondées sur les prix ne seraient plus efficaces.
Là aussi, l'analyse de Wintrobe fait preuve d'originalité pour ce qui est du « crime »Footnote 6. En matière de lutte contre la pauvreté, son analyse rejoint les prémisses théoriques de la membership theory of inequality Footnote 7. Pour ce qui est, enfin, des marchés financiers, il retrouve le concept d'interactions mimétiques ainsi que les développements récents de la finance dite computationnelleFootnote 8.
Le quatrième chapitre contient une première application du cadre théorique défendu. Il y discute avec un modèle formel la question : pourquoi des leaders ayant des objectifs extrêmes ont-ils tendance à adopter des méthodes extrêmes ? Selon lui, cette tendance vient du refus d'objectifs intermédiaires (ou bien l'on a un territoire pour construire un État-nation ou on ne l'a pas ; ou bien on contrôle les moyens de production pour arriver à une société égalitaire ou bien on ne les contrôle pas ; l'on vit dans une société fondée ou bien sur le droit religieux ou bien sur le droit civil, etc.). Sous une telle structure logique de type « tout ou rien », les méthodes extrêmes ont un avantage comparatif : elles sont les seules à permettre d'atteindre des objectifs aussi démesurés et, d'autre part, le gain obtenu en les appliquant avec succès est infiniment supérieur à la perte découlant d'un insuccès. Lutter contre les extrémistes à travers des politiques répressives est ainsi complètement inefficace : la sanction n'est pas en mesure de changer le rapport coûts/bénéfices.
La solution de Wintrobe est simple et formellement élégante. Elle laisse cependant en suspens un certain nombre de questions. Puisque l'auteur insiste sur le fait que les méthodes extrêmes ont historiquement été, tantôt violentes tantôt non violentes (il cite entre autres le cas de Gandhi), comment expliquer que les leaders n'optent pas toujours pour la violence ? Quelques passages au début du chapitre laissent entendre que l'extrémisme non violent s'impose quand les objectifs des leaders sont démesurés mais universels, ce qui pose bien évidemment le problème de déterminer quand une cause est universelle et quand elle ne l'est pas. Qu'est-ce qui explique ensuite, que, à un moment historique donné, quelques acteurs, très minoritaires, se donnent des objectifs absolus ? La raison qui amène Wintrobe à traiter rapidement ce point est en réalité profonde : la rationalité qu'il prête à ces acteurs est une pure rationalité des moyens (« The goals themselves are neither rational nor irrational; we just take them as given », p. 75). Puisqu'il n'accepte pas l'idée d'une rationalité des fins, toute analyse de la genèse des objectifs des acteurs est d'emblée exclue de l'analyse. Pourtant, sans se référer à une théorie élargie de la rationalité, il paraît difficile d'obtenir une véritable explication de l'extrémisme. « Ils » se donnent des méthodes extrêmes car « leurs » fins sont extrêmes, dit globalement Wintrobe. Mais pourquoi ont-ils des fins extrêmesFootnote 9 ?
Dans le cinquième chapitre, Wintrobe s'intéresse aux membres des groupes extrémistes. Pourquoi y a-t-il des acteurs disposés à adhérer à un groupe extrémiste et à s'engager dans des actions aussi extrêmes que des attentats-suicide ? La réponse peut être synthétisée ainsi :
a) chaque acteur dispose de croyances et d'une identité ;
b) chaque acteur veut faire partie d'un groupe parce qu'il est en quête de « solidarité » ;
c) pour accéder au groupe, le prix que l'acteur doit payer est d'accepter une partie des croyances positivement sanctionnées par le groupe ;
d) pour ce renoncement, le groupe donnera à l'acteur des quotas de solidarité (mécanisme du trade of beliefs) ;
e) cette structure d'interdépendance implique que plus l'acteur veut de solidarité, plus il doit accepter les croyances du groupe (mécanisme du solidarity multiplier) ;
f) lors de l'identification maximale, quand les croyances de l'individu coïncident avec celle du leader, « rational suicide for the group is possible » (p. 109).
En dépit de son attrait théorique et de son élégance formelle, le modèle soulève plusieurs questions. Pourquoi, par exemple, les acteurs en quête de solidarité devraient-ils se tourner vers un groupe extrémiste plutôt que vers d'autres groupes sociaux ? La première réponse est que les adhérents sont ceux qui ont les croyances les plus proches du groupe car le coût d'entrée (renoncer à une partie de ses croyances) est alors plus bas. Cette réponse présente deux problèmes : a) elle est tautologique : « j'adhère à un groupe extrémiste car j'y suis favorable » ; b) s'il existe dès le départ une proximité initiale entre les croyances des membres et celles des leaders, quel est alors le poids réel du solidarity multiplier ? Une seconde réponse est que ceux qui adhèrent à un groupe extrémiste sont :
a) ceux qui n'ont pas d'autres sources de solidarité que celles qui proviennent des groupes extrémistes ;
b) ceux pour lesquels la valeur de l'autonomie personnelle est faible car l'autonomie n'a pas fonctionné pour eux ;
c) ceux qui manquent d'une identité forte ou déjà bien formée. L'adhérent typique d'un groupe extrémiste serait alors un individu « marginal ».
Cependant, comme Wintrobe l'admet lui-même, on sait désormais que les leaders, tout comme les suicide bombers, sont plutôt mieux intégrés, plus instruits et plus aisés que le reste de la population. Ce sont des raisons d'efficacité qui conduisent les organisations à sélectionner ce type d'individus plutôt que des acteurs marginaux et/ou psychiquement instables (voir Elster 2006, pp. 253-254).
Une deuxième question est de savoir si le modèle donne vraiment une explication de l'acte extrême, en l'occurrence de l'attentat-suicide. Le postulat fondamental de Wintrobe est que l'acteur est animé par un désir de solidarité. Aucun acteur rationnel ne peut cependant admettre que la satisfaction de son désir de solidarité doive être payée par la mort. Si l'on désire la solidarité du groupe, il faut vivre, et non mourir, pour en bénéficier. D'autres facteurs, rationnels et émotionnels sont nécessaires, pour expliquer le passage à l'acte. Par exemple, la volonté de défendre une cause : c'est l'un des sens du concept de « suicide altruiste » suggéré par DurkheimFootnote 10. Se tuer pour une cause n'a rien d'irrationnelFootnote 11. Il s'agit cependant d'une forme de rationalité que Wintrobe n'admet pas, car elle échappe au cadre strictement « conséquentialiste » de la rationalité instrumentale. Boudon a proposé le concept de « rationalité axiologique »Footnote 12. Contrairement à ce que prétend Wintrobe, son modèle n’échappe pas au problème du free-rider. Tout comme les explications incorporant le bien d'autrui ou la gloire post mortem, explications que Wintrobe refuse, le désir de solidarité est un bien privé : si l'on se tue, on s'interdit de bénéficier des gains.
Le sixième chapitre traite des motivations des suicide bombers. Wintrobe discute en particulier de l'influence des croyances religieuses reliant mort au combat et obtention du paradis. Cette explication serait irrecevable pour la raison suivante : puisque le croyant n'a aucun moyen d'exclure que la récompense promise (le paradis) puisse ne pas lui être accordée, qu'il ne peut pas davantage forcer l’être suprême à respecter le contrat, il est irrationnel de choisir de mourir pour obtenir le paradis. Cela ne veut bien évidemment pas dire que croire au paradis n'a aucun fondement rationnel. C'est que, soutient Wintrobe, ce fondement doit être recherché ailleurs : le martyr n’établit pas un contrat avec Dieu mais avec les autres membres du groupe. Le contrat est « j'endosse la croyance, si vous me donnez de la solidarité ». On aurait ainsi une explication unifiée du martyr religieux et séculier, comme résultat d'un échange entre l'acteur et le groupe dans lequel le premier cède son autonomie pour obtenir un sentiment d'appartenance.
D'autres ont proposé de réévaluer la place que la croyance religieuse joue dans le martyr accompli par un croyant (Elster 2006, p. 243 ; Gambetta 2006, pp. 292-295). Wintrobe étonne plus qu'il ne convainc. Il ignore une fois encore la rationalité subjective non instrumentale sous-tendue par la croyance religieuse. Il va de soi que toute tradition religieuse donne au croyant ordinaire toutes sortes de « raisons fortes » de croire qu'il obtiendra ce qui lui a été promisFootnote 13. D'autre part, si l'on accepte la proposition de Wintrobe, le croyant accepte de mourir pour obtenir le paradis en échange de la solidarité du groupe, quel statut explicatif pouvons-nous encore attribuer à la croyance en question ? Ce n'est plus son contenu, en effet, qui motive l'action mais sa valeur instrumentale. Elle n'a donc plus aucun pouvoir causal autonome.
Le septième chapitre part du constat que les attaques-suicide n'ont pas été, historiquement, la forme la plus répandue d'extrémisme. L’éclatement d'une révolution, par exemple, en particulier au sein d'un régime dictatorial, en est une autre. Wintrobe aborde la question la plus difficile qui soit : une révolution peut-elle être collectivement rationnelle ? Selon lui, oui : a) quand le régime en place présente des signes forts de faiblesse ; b) quand la révolution est censée contribuer à une évolution démocratique du régime. Si ces deux conditions sont vérifiées, argumente Wintrobe, il est rationnel pour chaque acteur de participer à la révolution, car le risque d’être sanctionné diminue et le gain attendu augmente. Il s'ensuit une masse plus importante d'initiateurs, qui engendrera un « effet domino » plus ample, et qui augmentera les chances que la révolution éclate. Du point de vue dynamique, ces « effets domino » peuvent prendre des formes variées. Deux sont d'un intérêt particulier (Wintrobe les illustre par la Révolution française).
a) Dynamic of fear : cette dynamique s'installe quand les niveaux intermédiaires entre l’État et l'individu s'effritent. Les individus se sentent alors moins protégés, doutent d'autrui, et tendent à devenir agressifs contre tout le monde.
b) Dynamics of solidarity : par la présence d'un ennemi commun, la participation à une révolution engendre chez l'acteur un sentiment d'appartenance. Si, lorsque l'ennemi disparaît car la révolution est finie, il n'y pas d'autres sources de solidarité, les acteurs peuvent créer un ennemi commun nouveau et renouer avec les comportements violents.
Wintrobe rejoint ainsi toute la littérature montrant que le problème du free-rider, dans la genèse d'une révolution, peut être surmonté grâce aux effets que les interactions entre les acteurs ont sur leur perceptions et émotionsFootnote 14.
À travers une analyse originale du parcours politique de Slobodan Milosevic, le huitième chapitre étudie une autre forme d'extrémisme : le régime dictatorial à caractère ethno-nationaliste. Contrairement à ce que l'on croit souvent, soutient-il, le dictateur ne peut asseoir son pouvoir sur la seule répression. Il doit également œuvrer pour créer du consensus autour de lui (un modèle formel avait démontré cette proposition dans le chapitre précédent). La thèse est alors que Milosevic a joué la carte de l'ethno-nationalisme, car c’était le seul moyen pour obtenir du consensus dans un contexte où son fondement ancien – l'idéologie communiste – s'effondrait. Wintrobe considère ensuite la population civile. Trois mécanismes concourent, selon lui, à expliquer l'adhésion des Serbes à la rhétorique ethnique :
a) dans une société en transition, les réseaux ethniques peuvent avoir fonctionné comme un dispositif générateur de confiance ;
b) dans une société disposant déjà d'identités ethniques sédimentées, les acteurs ont une prédisposition à accepter une surenchère ethnique ;
c) dans une société où il y a beaucoup d'acteurs sensibles à l'identité ethnique, chaque acteur a intérêt à épouser lui-même cette sensibilité. Viennent enfin deux mécanismes pour clarifier comment une escalade « ethno-nationale » peut se renforcer elle-même et atteindre des manifestations extrêmes, telles que l’épuration ethnique. D'une part, ce qu'il appelle le security dilemma (incertitude quant à l'interprétation à donner aux actions protectrices d'autrui : défense ou agression ?) peut fonctionner comme un amplificateur des tendances agressives des acteurs ; d'autre part, quand des structures d'interaction sont présentes, la moralité même des actions est tributaire de ces interactions.
Ce chapitre est certainement l'un des plus originaux et des plus convaincants de l'ouvrage. L'on note cependant un décalage avec l'explication précédemment adoptée pour rendre compte de l'extrémisme religieux et politique. Milosevic n'adopte pas des moyens extrêmes car il a des objectifs extrêmes : plus simplement, il tâtonne dans une compétition politique normale (« Milosevic appeared to be no ideologue but a simple opportunist » p. 192). Concernant les adhérents, ensuite, on ne voit à l’œuvre ici ni le mécanisme du trade of beliefs ni le solidarity multiplier. Wintrobe met en effet l'accent sur l'appartenance au groupe ethnique comme moyen pour réduire les coûts de transaction plutôt que comme source de solidarité.
Dans le chapitre de conclusion, Wintrobe pose enfin une dernière question d'une très grande actualité : y a-t-il des raisons de croire que le processus de mondialisation favorise l'adhésion au fondamentalisme religieux et/ou politique ? Il note d'abord qu'une nation peut assurer la solidarité entre ses membres de quatre manières différentes :
a) à travers la production d’égalité entre les groupes ;
b) à travers la création de barrières à l'entrée et à la sortie des groupes ;
c) à travers la construction de cadres de pensée fortement homogènes ;
d) à travers la création d'ennemis extérieurs. La thèse de Wintrobe est que la mondialisation tend à réduire la capacité des États à produire de la solidarité à travers les trois premiers mécanismes. Puisque les groupes extrémistes sont, en revanche, particulièrement performants dans le quatrième, c'est vers ces groupes que les acteurs auront plus de chance de se tourner. Voilà comment le processus de mondialisation favorise l'intégrisme religieux et politique ainsi que son internationalisation.
L'hypothèse de Wintrobe a l'intérêt indéniable de donner un fondement microsociologique original au lien macrosociologique entre mondialisation et « Jihad ». Elle donne aussi un contenu nouveau à la thèse controversée de Huntington sur le « choc des civilisations ». Elle s'expose néanmoins à quelques objections évidentes. Sommes-nous sûrs que les quatre mécanismes de production de la solidarité considérés sont les seuls possibles ? Si tel n'est pas le cas, comme l'admet Wintrobe même quand il note que les démocraties contiennent une pluralité de sources de solidarité, pourquoi les acteurs devraient-ils se tourner vers des groupes extrémistes et non, par exemple, vers d'autres groupes solidaires locaux ? Sommes-nous sûrs, ensuite, que la mondialisation ne fait que détruire des sources de solidarité ? Comme Wintrobe le note au passage, ce processus contribue en réalité aussi à la création de nouvelles formes de solidarité bien que plus distendues et impalpables.
Le livre est dense, original, et oblige constamment le lecteur à le questionner plutôt qu'à lire passivement. Sur le plan des méthodes, étant donné le cadre théorique centré sur les interactions entre les acteurs et les dynamiques engendrées, on peut ainsi se demander enfin pourquoi l'auteur n'a pas considéré les systèmes multi-agents qui permettent d'abandonner la métaphore de l'agent représentatif et de représenter explicitement l'hétérogénéité interindividuelle et les interactions entre les acteursFootnote 15. Ces modèles commencent à être appliqués à l'analyse des mouvements extrémistesFootnote 16 et notamment à un sujet cher à Wintrobe : la manière dont des opinions “extrêmes” émergent au sein de populations d'agents en interactionsFootnote 17.