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Que présuppose l'anaphore dite présuppositionnelle? Sur la coréférenciation des expressions nominales complètes1

Published online by Cambridge University Press:  28 September 2010

MATHILDE SALLES*
Affiliation:
Université de Caen – CRISCO (EA 4255)
*
Adresse pour correspondance: Mathilde Salles, Université de Caen, UFR des Sciences de l'Homme, Esplanade de la Paix, 14032 Caen Cedex, France e-mail: mathilde.salles@unicaen.fr
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Résumé

Avec la notion d'anaphore ‘présuppositionnelle’, Milner (1982) présente la question de la coréférenciation des expressions complètes (descriptions définies complètes et noms propres) comme une affaire de connaissances extralinguistiques sur les référents. Pourtant, les exemples dans lesquels l'interprétation coréférentielle parvient à s’établir indépendamment de ce type de connaissances ne sont pas si rares. Le rôle des relations de cohérence est ici primordial, mais il l'est aussi pour l'interprétation des expressions incomplètes. L'originalité de l'anaphore présuppositionnelle est donc ailleurs: dans ses affinités avec une relation de cohérence particulière – la relation d’Elaboration – et l'association entre relations de cohérence et relations paratextuelles.

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1 INTRODUCTION

Avec la notion d'anaphore ‘présuppositionnelle’, Milner (Reference Milner1982) présente la question de la coréférenciation des expressions complètes comme une affaire de connaissances extralinguistiques, ‘d'information objective et particulière, disons de présupposition’ (Milner, Reference Milner1982: 21). La notion de présupposition utilisée ici est toute différente de celle attachée aux présupposés linguistiques, ‘types particuliers de contenus inscrits dans les énoncés’ (Kerbrat-Orecchioni, Reference Kerbrat-Orecchioni, Charaudeau and Maingueneau2002: 468) qui ne sont affectés ni par la négation, ni par l'interrogation de ces derniers. Dans l'exemple choisi par Milner (Reference Milner1982: 21):

  1. (1) Ton frère est arrivé hier; l’époux de Jeanne avait manqué tous ses tirs.

la ‘présupposition’ de l'anaphore n'est pas celle liée à la valeur de l'article défini (qui présuppose l'existence et l'unicité du référent et conduit ainsi à inférer du deuxième énoncé que Jeanne a un époux), mais une présupposition liée à des connaissances préalables sur le référent, qui seraient les seuls garants de la coréférenciation entre ton frère et l’époux de Jeanne. Milner (Reference Milner1982: 21, note 2) reconnaît lui-même que le terme de présupposition ‘n'est pas le meilleur possible’ et précise bien que l'usage qu'il en fait ‘ne se conforme pas à l'usage d'un linguiste tel que Ducrot, suivant lequel la présupposition est d'ordre linguistique et non extra-linguistique’.

Le terme d’anaphore, quant à lui, est provisoire, puisque, comme le précisera l'auteur peu après (p.22), le SN défini l’époux de Jeanne, suffisamment identifié par la référence à Jeanne, n'est pas un SN anaphorique. Ce n'est pas un SN lacunaire, une description définie incomplète, mais une description définie complète, c'est-à-dire une description qui, contrairement aux anaphoriques, trouve sa saturation référentielle en son sein même. L'opposition entre SN défini complet et SN défini incomplet tient dans la façon dont est livrée l'unicité du référent:

  • soit c'est le modificateur du nom (SP comme dans l'exemple de Milner, relative restrictive, adjectif de relation, substantif épithète de complémentation ou d'identification parmi les catégories de substantifs épithètes distinguées par Noailly, Reference Noailly1990) qui indique quelles sont les circonstances justificatrices de l'unicité (cf. Kleiber, Reference Kleiber, Kleiber and Tyvaert1990: 212), et qui, ce faisant, garantit l'indépendance référentielle du syntagme;

  • soit c'est le contexte – textuel ou situationnel – qui sert de justificatif à l'unicité; l'interprétation référentielle du syntagme, incomplet, dépend alors du contexte.

La relation entre ton frère et la description définie complète l’époux de Jeanne est donc de stricte coréférence, sans anaphore, sans relation de dépendance référentielle.

Après avoir remis en question le caractère nécessairement présuppositionnel de cette pseudo-anaphore (section 2), on tentera de spécifier ses particularités face à l'anaphore au sens strict (section 3). Cela nous conduira à souligner les affinités de cette forme de reprise avec la relation d’Elaboration (section 4) et, plus généralement, à souligner le rôle des relations de cohérence et des relations paratextuelles pour la coréférenciation des expressions complètes – descriptions définies et noms propres (section 5).

2 DES CONTRE-EXEMPLES À LA THÈSE ‘ENCYCLOPÉDISTE-PRÉSUPPOSITIONNELLE’

Ainsi, l'interprétation coréférentielle entre les descriptions définies complètes le président de la République, le président français et le nom propre Nicolas Sarkozy dans les exemples (2a-b) ne serait garantie que par nos connaissances du monde:

  1. (2)
    1. a. Qui a peur d'un monde arabe doté de l’énergie nucléaire? Nicolas Sarkozy n'est pas de ceux-là et mène depuis quelques mois une véritable croisade. La visite d'Etat que le président de la République vient d'effectuer en Algérie a donné lieu à la signature d'un accord ouvrant la voie à une large coopération dans tous les domaines de l'atome civil: recherche, formation, production d’électricité, prospection de gisements d'uranium, sûreté et transfert de technologie. (Le Monde, 7 décembre 2007)

    2. b. Pour la première fois, Nicolas Sarkozy s'est adressé directement, mercredi 5 décembre, au chef de la guérilla colombienne pour réclamer la libération d'Ingrid Betancourt. Le président français a enregistré deux messages à l'Elysée, tard dans la soirée. (Le Monde, 7 décembre 2007)

Nul doute que les lecteurs du Monde savent, dans leur grande majorité, que Nicolas Sarkozy et le président de la république française le 7 décembre 2007 ne font qu'un. Et si l'on ne cherche pas à produire des effets polémiques particuliers en insistant sur l'importance de la fonction, on se dispensera aisément des appositions, prédicantes (Nicolas Sarkozy, le président de la République) ou identifiantesFootnote 2 (le président de la République, Nicolas Sarkozy), et des ‘descriptions dénominatives’Footnote 3 (le président Sarkozy), régulièrement utilisées pour la présentation d'autres référents. Il faut préciser que les deux SN définis en gras des exemples (2a) et (2b) sont en fait des indexicaux (et, ainsi, ne sont pas entièrement autonomes référentiellement – voir la note 17, plus bas), car le référent, en l'occurrence le président de la république française, qu'ils visent ne peut être identifié sans une prise en compte du moment de leur énonciation.

L'importance – sinon la nécessité – de disposer d'un tel savoir pour garantir la coréférenciation pourrait être confirmée par les résultats d'une petite expérience menée par Lundquist (Reference Lundquist1988), proposant des séquences de deux phrases ‘(Phrase 1) Nom propre. . . (Phrase 2) Description définie complète. . .’, sans opérateurs argumentatifs particuliers et avec des noms propres fictifs.Footnote 4 L'expérience montre en effet que les interprétants hésitent de façon presque égale entre une interprétation coréférentielle et une interprétation non coréférentielle (précisément, Lundquist comptabilise 28 lectures coréférentielles, 30 lectures disjointes et 2 lectures indécidables), preuve, selon Lundquist (Reference Lundquist1988: 292), de l'insuffisance du ‘“principe heuristique général de cohérence textuelle” [de Charolles, Reference Charolles1983] selon lequel le sujet interprétant préférerait une lecture coréférentielle’.

Pourtant, les exemples où l'interprétation coréférentielle se fait sans trop de difficultés, indépendamment de nos connaissances extralinguistiques sur les référents, ne semblent pas si rares:

  1. (3) Affaire Halliday: l'avocat répond au procureur

L'avocat de Johnny Halliday a qualifié, vendredi 18 février, de ‘regrettables’ les déclarations du procureur de Nice, Eric de Montgolfier, qui a évoqué le dossier de viol susceptible d'impliquer le chanteur dans un entretien accordé au Monde (Le Monde du 19 février). ‘Comment un magistrat peut-il évoquer et commenter publiquement l’évolution d'une instruction en cours?’ s'est interrogé Me Gilles-Jean Portejoie. (Le Monde, 20–21 février 2005; dans cet exemple, comme dans les deux suivants, seuls les soulignements sont de moi)

  1. (4) ISLAMISTES: l'ex-épouse de l'un des assassins du commandantMassoud a été interpellée en février, a indiqué, jeudi 31 mars, le quotidien La Libre Belgique. Malika El-Aroud était mariée avec Dahmane Abd El-Sattar, qui s’était fait exploser avec un complice, en 2001, en Afghanistan, lors d'un entretien avec le chef afghan. (Dépêche de l'AFP, Le Monde, 3–4 avril 2005).

Inutile de savoir, au préalable, que Me Gilles-Jean Portejoie est l'avocat de Johnny Halliday, que Malika El-Aroud est l'ex-épouse de l'un des assassins du commandant Massoud et que Dahmane Abd El-Sattar est cet assassin pour opérer les coréférenciations pertinentes. Les rédacteurs de (3) et (4) n'imaginent probablement pas que tous leurs lecteurs disposent de telles connaissances. Et, finalement, si on ne le sait pas, c'est le texte qui nous l'apprend.

La dépêche donnée en (5) constitue un contre-exemple encore plus radical à la thèse ‘présuppositionnelle-encyclopédiste’ puisque, comme le souligne Milner lui-même (1982: 23), ‘les conditions de possibilité de la présupposition sont incompatibles avec les conditions de possibilité de l'indéfini en première position’. L'absence de présomption d'identification du référent par l'interlocuteur, liée à l'emploi de l'indéfini, exclut en effet toute ‘information objective et particulière’ (Milner, Reference Milner1982: 21) sur ce référent:

  1. (5) SANCTION: Georges Frêche, président (PS) de la région Languedoc-Roussillon, a provoqué une crise au sein de sa majorité en sanctionnant une élue communiste, coupable de n'avoir pas voté le budget régional en raison de la hausse record de la fiscalité. Colette Tignières (PCF) s’était abstenue et réclamait un étalement sur trois ans de l'augmentation de 52% des impôts régionaux. (Le Monde, 6–7 mars 2005)

Avec le SN indéfini une élue communiste, l'individu n'est pas présenté comme connu et identifié autrement que par son appartenance à l'ensemble des ‘élues communistes’. Le fait de ne disposer d'aucune information particulière sur le référent contrevient à la notion de présupposition telle qu'elle est entendue par Milner. La cohésion lexicale communiste/PCF contribue sans aucun doute à fonder l'interprétation coréférentielle entre les SN soulignés,Footnote 5 mais elle ne peut la garantir à elle seule. On verra (section 4) que cette interprétation repose essentiellement, dans cet exemple comme dans les deux précédents, sur le type de relation de cohérence utilisé et les conventions du genre journalistique. Le principe heuristique général de cohérence textuelle de Charolles (Reference Charolles1983) n'a donc pas dit son dernier mot.Footnote 6

3 EXPRESSIONS COMPLÈTES ET INCOMPLÈTES: QUELLES DIFFÉRENCES FACE À LA CORÉFÉRENCIATION?

La présomption de cohérence qui guide notre appréhension des discours conduit à opérer nombre de coréférenciations, et cela entre des expressions référentielles très variées, des plus incomplètes et des plus ‘coréférenciables’, tel le pronom them de l'exemple (6), aux moins susceptibles de recevoir une lecture coréférentielle, tels les SN indéfinis spécifiquesFootnote 7 des exemples (7a-b):

  1. (6) Wash and core six cooking apples. Put them into a fireproof dish. (exemple de Halliday et Hasan, Reference Hobbs1976, repris par Morgan et Sellner, Reference Morgan, Sellner, Spiro, Bruce and Brewer1980: 179)

  2. (7)
    1. a. Tu as trompé Marie, tu as déçu une femme qui t'adorait. (exemple de Corblin, Reference Corblin1987: 43)

    2. b. Tu as invité Jean. Tu as invité un homme qui n'a cessé de te trahir. (exemple de Corblin, Reference Corblin1995: 169)

Morgan et Sellner (Reference Morgan, Sellner, Spiro, Bruce and Brewer1980: 180) estiment que Halliday et Hasan font une erreur d'interprétation lorsqu'ils considèrent qu'une forme linguistique (en l'occurrence le pronom them) est un facteur, plutôt qu'un effet, de cohérence; pour penser que them réfère aux six pommes à cuire – lavées et évidées –, on doit présumer que la recette de cuisine est cohérente: ‘It is because we assume the text is coherent that we infer that them is intended to refer to the apples’, ou, plus exactement et de façon cette fois pleinement cohérente,Footnote 8 ‘to the apples which will have been washed and cored’ au premier stade de la recette. La cohérence du texte impose aussi cette interprétation évolutive du pronom them.Footnote 9 Dans cet exemple classique de référence évolutive, c'est, comme l'expose de façon précise Cornish (à paraître), une relation Séquence qui, en énumérant les différentes étapes de la recette,Footnote 10 permet l'intégration des phrases en une unité plus vaste. L'interprétation coréférentielle est, dans cette relation Séquence, guidée par l'identité des rôles sémantiques: les expressions nominales et pronominales dotées d'un rôle sémantique de Patient réfèrent généralement aux ingrédients à toutes les étapes de leur transformation culinaire, c'est-à-dire dans tous leurs états.

C'est encore par un principe de cohérence que Corblin (Reference Corblin1987: 43) explique l'interprétation inhabituelle de l'indéfini en (7): ‘L'idée se laisse grossièrement résumer ainsi: si deux énoncés contigus parlent de la ‘même chose’, alors l'individu extrait dans le second est sans doute celui qui vient d’être mentionné.Footnote 11 Autrement dit, l'indéfini est privé de sa valeur référentielle propre [introduire un nouveau référent] en vertu d'une détermination discursive du référent visé’.Footnote 12 C'est donc ici sur une relation de ressemblance, la relation d’Elaboration, que se fonde l'interprétation coréférentielle des syntagmes. Mais cette interprétation coréférentielle, en (7) comme en (6), n'est pas qu'un effet des relations de cohérence de Séquence et d’Elaboration, elle en est aussi un facteur. La ‘symbiose parfaite’ (cf. le titre de Cornish, Reference Cornish2006) entre résolution anaphorique ou/et interprétation coréférentielle et relations de cohérence, qu'observe Cornish (Reference Cornish2006 et Reference Cornish2009), pourrait réconcilier Morgan et Sellner (Reference Morgan, Sellner, Spiro, Bruce and Brewer1980) et Halliday et Hasan (Reference Halliday and Hasan1976). Pour des relations de cohérence telles que la Séquence et l’Elaboration, certaines coréférenciations apparaissent comme de véritables pré-requis (cf. Cornish, Reference Cornish2009), puisqu'il s'agit, dans un cas, de présenter de manière séquentielle les différentes transformations culinaires subies par des ingrédients de départ, dans l'autre, d'exprimer à la fois identité et nouveauté,Footnote 13 l'identité étant assurée dans les exemples (7) par les répétitions lexicales et référentielles, la nouveauté par la qualification du référent qu'opère la reprise indéfinie.

Enfin, le principe d'optimisation de la cohérence qui guide notre interprétation des discours l'emportera même sur nos connaissances du monde en cas d'inférences conflictuelles. Ainsi, dans l'exemple suivant, testé par Matsui (Reference Matsui1995) et repris par Asher et Lascarides (Reference Asher and Lascarides1998: 91):

  1. (8)
    1. a. John moved from Brixton to St John's Wood.

    2. b. The rent was less expensive.

bien que les sujets testés sachent tous que les loyers sont moins élevés à Brixton qu’à St John's Wood, ils estiment majoritairement que le loyer évoqué en (8b) est le loyer d'un logement de St John's Wood et non de Brixton. Cette interprétation, qui se heurte donc à leurs connaissances du monde, est celle qui garantit la cohérence maximale de la séquence, puisqu'elle s'appuie sur une relation causale (plus précisément ici la relation Explication; Asher et Lascarides, Reference Asher and Lascarides1998), type de relation qui représente la connexion la plus forte.

La cohérence préside ainsi à tout type de mise en relation référentielle et supplée à l'absence de connaissances encyclopédiques sur les référents (exemples (3) et (4)), quand elle ne les congédie pas (exemple (8)). La différence entre expressions complètes et expressions incomplètes n'est donc pas à chercher de ce côté-là. Est-elle finalement à chercher du côté des connaissances encyclopédiques? Probablement pas, puisque celles-ci sont parfois (Seriot, Reference Seriot and Nølke1988) convoquées à la fois pour des expressions définies complètes (9) et des expressions définies incomplètes (10). L'unicité du référent est présupposée par l'article défini dans les deux cas, mais, comme on va le voir, elle n'est pas du tout livrée de la même façon:

  1. (9) Gustave Flaubert naquit à Rouen en 1821. Le père du naturalisme. . . (Seriot, Reference Seriot and Nølke1988: 150)

  2. (10) Brigitte Bardot est arrivée dans sa villa. L'actrice y passera le week-end. (Seriot, Reference Seriot and Nølke1988: 149)

Selon Seriot (Reference Seriot and Nølke1988: 150), ‘la reconnaissance (l'acceptation) de la reprise anaphoriqueFootnote 14 ne peut être effectuée que par un récepteur partageant le savoir de l’émetteur: elle repose sur un savoir extra-linguistique garantissant la substituabilité, et, partant, la coréférence, et non sur une analyse formelle de la séquence.’ Mais, aussi, ‘l'anaphore nominale implique un effet de présupposition: (. . .) présupposition d'identification co-référentielle (G. Flaubert = le père du naturalisme) (. . .) qui postule l'identité du référent de deux syntagmes nominaux’Footnote 15 (Seriot, Reference Seriot and Nølke1988: 152). Comment, cependant, peut-elle impliquer un tel effet de présupposition si rien ne la marque formellement comme anaphore (contrairement au pronom, selon Seriot)? Cette présupposition d'identification coréférentielle ne serait-elle pas plutôt liée à la présomption de cohérence qui guide notre interprétation des discours, ou encore à ce que Guiraud-Weber et Roulet (Reference Guiraud-Weber, Roulet and Nølke1988: 170) appellent, lorsqu'ils analysent un exemple russe comparable à (10), la ‘présupposition de cohésion interne du texte’?

Seriot (Reference Seriot and Nølke1988: 151) estime que ‘rien dans un nom [contrairement à un pronom de 3ème personne] ne permet de lui reconnaître par une seule analyse intra-textuelle, formelle, le statut d'anaphore.’ Mais la forme de l'expression référentielle entière, du syntagme nominal (et non du nom seul), fournit ce type d'informations. La forme de certaines expressions référentielles suppose en effet l'existence d'un ‘antécédent’ ou, plus exactement, d'un ‘déclencheur d'antécédent’ (Cornish, Reference Cornish, Kleiber and Tyvaert1990, Reference Cornish1999, à paraître), c'est-à-dire d'un segment textuel ou d'une information perceptive (geste, regard), qui contribuera, avec d'autres éléments, à l'interprétation sémantique et référentielle complète de l'expression et qui, surtout, rendra possible l'utilisation d'une expression incomplète. En d'autres termes, ces expressions qui manifestent une ‘incomplétude’ (Corblin, Reference Corblin1985), une lacune, comportent une instruction du type ‘to interpret me, see elsewhere’ (Rochester et Martin, Reference Rochester, Martin and Freedle1977: 245–246), ailleurs dans le contexte linguistique ou situationnel. La différence est bien d'ordre formel. Alors qu'une description définie complète comme l'actrice qui joue le rôle de Juliette Hardy dans ‘Et Dieu. . . créa la femme’, vaut pour un seul et unique référent et est ainsi capable d'identifier ce référent indépendamment du contexte (c'est le modificateur du nom – relative restrictive dans ce dernier exemple, SP en (9) – qui indique quelles sont les circonstances justificatrices de l'unicité), une expression incomplète, anaphorique, comme l'actrice en (10), ne peut identifier seule, sans l'aide du contexte, un individu particulier (c'est cette fois le contexte antécédent qui sert de justificatif à l'unicité du référent).

L'incomplétude référentielle réclame donc une aide contextuelle; dans les discours qui relèvent des modes autonomesFootnote 16 de Bronckart et al. (Reference Bronckart, Bain, Schneuwly, Davaud and Pasquier1985), cette aide sera cotextuelle et prioritairement, quoique non exclusivement, interprétée en termes coréférentiels. On tient sans doute là la clef de la différence entre expressions complètes et incomplètes. L'absence d'instruction du type ‘chercher un déclencheur d'antécédent’, en un mot l'autonomie référentielle,Footnote 17 des expressions complètes, les affranchit (de façon toutefois très relative) du contexte. On comprend alors que, privé de certaines aides contextuelles, on ait pu faire de nos connaissances encyclopédiques les principaux garants d'une interprétation non disjointe dans des exemples comme (1).

4 CONNAISSANCES ENCYCLOPÉDIQUES ET AUTRES FACTEURS: TEXTE ET PARATEXTEFootnote 18

Sans vouloir négliger l'importance de nos connaissances extralinguistiques sur les référents, il convient de réaffirmer le rôle de certains facteurs internes au discours dans cette tâche de coréférenciation. Tout d'abord celui de certaines figures de répétition, essentiellement des anaphores (rhétoriques) et des reprises,Footnote 19 qui sont en effet capables d'appuyer une interprétation coréférentielle entre les expressions a priori les moins faites pour cela. Les SN indéfinis des exemples de Corblin donnés en (7a–b), avec reprise (répétition de la structure syntaxique sujet-verbe au passé composé-objet) et anaphore rhétorique (répétition du pronom tu (7a) ou de l'ensemble tu as invité (7b), en début de proposition), l'illustrent bien. Les séquences qui combinent ainsi reprise et anaphore rhétorique proposent une forme radicale de la relation d’Elaboration,Footnote 20 dans laquelle la seule information additionnelle concerne précisément l'individu désigné par le SN indéfini. Cette relation de cohérence connaît évidemment des formes moins radicales, autorisant davantage de variations syntaxiques et lexicales. Mais ces variations restent encadrées; Fabricius-Hansen et Behrens (Reference Fabricius-Hansen and Behrens2001: 10–11) soulignent ainsi des contraintes concernant la compatibilité, voire l'identité entre les situations ou événements décrits (états, activités, accomplissements, achèvements), les structures argumentales, les référents et les rôles sémantiques qui leur sont associés, enfin entre les localisations temporelles et locatives des événements:

e1 and e2 [e = eventuality] must belong to the same situation type (accomplishment/achievement, activity. . . [. . .]) and have compatible argument structures, their Agent referents must be identical, or more generally: referents having corresponding roles with respect to e1 and e2 must be identical, the temporal and spatial location of e2 must be the same as or a subpart of the location of e1, etc. (Fabricius-Hansen et Behrens, Reference Fabricius-Hansen and Behrens2001: 10–11)

Le premier exemple proposé par Kehler (Reference Kehler2002: 18) pour illustrer la relation d’Elaboration répond parfaitement à ces conditions de compatibilité:

  1. (11) A young aspiring politician was arrested in Texas today. John Smith, 34, was nabbed in a Houston law firm while attempting to embezzle funds for his campaign.

Les événements décrits sont identiques (les verbes arrest et nab, tous deux au passif, sont synonymes), la localisation spatiale du second (Houston) est incluse dans celle du premier (Texas) et les deux SN sujets reçoivent le même rôle sémantique de Patient, l'Agent restant implicite dans les deux phrases. Ces ressemblances conduisent naturellement à coréférencier les deux SN sujets et cela même en l'absence de connaissances précises et particulières sur les référents, puisqu'on retrouve ici, comme dans l'exemple (5), une situation incompatible avec la possibilité de présupposition (un indéfini en première position).

Autant de ressemblances conduisent à coréférencier les expressions référentielles supportant un même rôle sémantique, y compris des formes particulièrement rétives comme les indéfinis de (7a-b), leur faisant ainsi perdre leur ‘valeur référentielle propre’ (Corblin, Reference Corblin1987: 43). Si ces ressemblances, caractéristiques de la relation d’Elaboration, permettent d'opérer des coréférenciations contre-nature, elles devraient à plus forte raison être capables d'imposer l'interprétation coréférentielle entre un nom propre et une description définie complète. Les exemples sont légion dans le discours journalistique, dont l'une des particularitésFootnote 21 est d'avoir en quelque sorte formalisé la relation d’Elaboration, avec les différentes parties de la titraille (titres, surtitres, sous-titres, chapeaux, intertitres). Ces paliers d’élaboration, déjà remarqués par Schnedecker (Reference Schnedecker2005: 129), sont extrêmement codifiés: les surtitres et sous-titres préciseront le titre, le chapeau (qui ‘coiffe’ l'article) résumera l'essentiel de l'information, laquelle sera évidemment développée dans la suite de l'article; et ces différents ‘niveaux de lecture’, pour reprendre l'expression utilisée dans les glossaires de la presse écrite, s'accompagnent d'une typographie propre.

A un niveau global, la relation d’Elaboration caractérise divers genres discursifs, elle en est en quelque sorte la relation de cohérence par défaut: outre les articles journalistiques, les articles scientifiques, les dissertations scolaires et universitaires présentent en effet une superstructure élaborante, en commençant par des unités (titre, introduction. . .), généralement assez courtes et peu spécifiées, que le reste du texte s'efforce de développer et préciser. La particularité de l'article de presse par rapport à ces autres genres est liée à l'existence d'un schéma local élaborant, grâce à tout l'appareil de la titraille, qui permet de dégager différents segments de discours se spécifiantFootnote 22 les uns les autres. Les débuts d'articles de presse (titraille comprise) constituent donc un observatoire privilégié de la relation d’Elaboration; ils en sont une des expressions les plus facilement identifiables. Et, fait significatif, le premier exemple donné par Kehler (Reference Kehler2002: 18; repris ici en (11)), pour illustrer cette relation de cohérence, relève de ce genre discursif (bien qu'il s'agisse apparemment d'un exemple forgé).

L'appareil de la titraille soutient aisément la coréférenciation entre expressions autonomes indépendamment des connaissances particulières disponibles sur les référents. Les exemples suivants,Footnote 23 qui présentent des noms propresFootnote 24 et des descriptions définies complètes plus ou moins notoires, en sont l'illustration:

  1. (12) Joe Biden-Sarah Palin [surtitre]

Le débat des candidats à la vice-présidence des Etats-Unis [titre]

A Saint-Louis, Missouri, Joe Biden, colistier du candidat démocrate Barack Obama, et Sarah Palin, colistière du candidat républicain John McCain, se sont affrontés le 2 octobre. [chapeau]

  1. (13) Jonathan Littell au cœur du chaos géorgien [titre]

Elle est bonne? – Normale’. L'auteur des Bienveillantes est à Akhalgori, une petite ville de Géorgie dont les Ossètes viennent de prendre le contrôle. Il répond à un milicien ossète qui le questionne à propos de la bière locale qu'il est en train de boire. [article]

  1. (14) Les basses tribunes de Vergès et Miller [titre]

A la Madeleine, ‘Serial plaideur’, de la star des prétoires, et au Petit Théâtre de Paris, ‘Manipulations mode d'emploi’, du psychanalyste des plateaux de télévision [sous-titre]

L'avocat Jacques Vergès et le psychanalyste Gérard Miller se produisent sur scène. L'un est au Théâtre de la Madeleine, avec Serial plaideur, l'autre au Petit Théâtre de Paris, avec Manipulations mode d'emploi. Ce ne sont pas des têtes d'affiche comme peuvent l’être certains comédiens connus. [article]

  1. (15) A Shijiazhuang, la confusion des intérêts publics et privés a aggravé le scandale du lait frelaté [titre]

La capitale du Hebei héberge le siège de la société chinoise Sanlu, à l'origine du scandale des produits laitiers frelatés. La municipalité est également actionnaire de l'entreprise [sous-titre]

Au siège de l'entreprise laitière Sanlu, à Shijiazhuang, la capitale du Hebei(nord-est), quelques employés installés dehors sous des auvents accueillent les rares clients venus se faire rembourser en cette période de fête nationale, une boîte ou un sachet de lait en poudre. [article]

Si les connaissances extralinguistiques dont on dispose sur les référents présidaient effectivement à la coréférenciation, alors l'ordre croissant de précision qu'on relève régulièrement (cf. ici les exemples (12), (14) et (15))Footnote 25 devrait sembler peu pertinent. Pourquoi, en effet, ne pas commencer par l'expression la plus précise et la plus informative, celle qui fournit toutes les connaissances nécessaires à la coréférenciation? Sûrement parce que ce qui prime ici c'est l’élaboration: cette précision croissante accompagne le mouvement élaborant; l'expression nominale la plus précise prend place au niveau le plus ‘élaboré’ du texte (l'article lui-même ou, en (12) le chapeau qui précède les extraits non commentés du débat Biden-Palin). Cette précision croissante paraît aussi contredire les principes élémentaires de la théorie de l'accessibilité d’Ariel (Reference Ariel1990) et (Reference Ariel, Fretheim and Gundel1996). Selon Ariel, les différents types d'expressions référentielles qu'on relève en (12)-(15) s'ordonnent de la manière suivante sur une échelle d'accessibilité:

nom de famille < [. . .] < description définie longue < nom propre complet [prénom + nom de famille] < nom propre complet + modifieur

(extrait de l’échelle d'accessibilité proposée par Ariel, Reference Ariel1990: 73 et Reference Ariel, Fretheim and Gundel1996: 21)

On peut estimer qu'avant leur deuxième mention, les référents ne sont pas encore cognitivement très accessibles et réclament ainsi d’être redonnés sous une forme exprimant un faible degré d'accessibilité (cf. Ariel, Reference Ariel, Fretheim and Gundel1996: 33, note 15): dans les exemples (12) à (15), il s'agit de ‘descriptions définies longues’, autrement dit de descriptions définies complètes. Mais après cette deuxième mention, l'utilisation, en troisième mention, de l'expression marquée du degré d'accessibilité le plus faible (nom propre complet + modifieur, en (12) et (15), ou encore description définie avec nom propre complet comme modifieur en (14)) aurait de quoi surprendre dans tout autre contexte.Footnote 26 L'ordre de mention des expressions référentielles de (14) – nom de famille seul, puis description définie complète, puis description dénominative avec nom propre complet – semble en effet en totale contradiction avec l’échelle d'accessibilité, mais une telle inversion s'explique à la fois par les conventions de spécification croissante qui caractérisent les différents ‘niveaux de lecture’ des débuts d'article de presse et par le caractère périphérique (péritextuel, dirait Genette, Reference Genette1987) de la titraille, c'est-à-dire son appartenance au paratexte, qui ‘n'est pas encore le texte’Footnote 27 (Genette, Reference Genette1987: 13). L'expression référentielle la plus complète est en fait la première (et non la deuxième ou la troisième) mention du texte. Cette différence essentielle de niveaux entre le texte et le paratexte explique aussi l'impossibilité, soulignée par Rebeyrolle, Jacques et Péry-Woodley (Reference Rebeyrolle, Jacques and Péry-Woodley2009: 275), de commencer le texte par un pronom anaphorique qui reprendrait une expression référentielle du titre.

Lorsque la deuxième ou troisième expression nominale apporte des informations supplémentaires sur les référents (exemple (12), mais aussi exemples (7a-b) de Corblin), alors à l’e-élaboration – la e[ventuality]-elaboration de Fabricius-Hansen et Behrens (Reference Fabricius-Hansen and Behrens2001: 3) – portant sur l’événement évoqué par la phrase élaborée, se mêle une i-élaborationi[ndividual]-elaboration chez Fabricius-Hansen et Behrens – portant, elle, sur les seuls participants, les actants de cet événement, comme dans l'exemple suivant, proposé par Kleiber et Vassiliadou (Reference Kleiber and Vassiliadou2007: 155 et Reference Kleiber and Vassiliadou2009: 189):

  1. (16) Nous entrâmes dans un village. L’église était située sur une butte.

Dans cet exemple, la deuxième phrase effectue une i-élaboration de l'entité ‘un village’, maintenant identifiée comme ‘le village dans lequel nous entrâmes’, via un de ses composants; la spécification ne concerne que cette entité et non l’événement entier exprimé dans la première phrase. Cette i-élaboration pourrait aussi se faire plus directement en attribuant une propriété au village: par ex. Il était charmant, avec une anaphore coréférentielle à la place de l'anaphore associative de (16). Les deux types d’Elaboration mentionnés par Fabricius-Hansen et Behrens (Reference Fabricius-Hansen and Behrens2001) manifestent donc une différence de portée (cf. Kleiber et Vassiliadou, Reference Kleiber and Vassiliadou2007: 154 et Reference Kleiber and Vassiliadou2009: 189): portée sur l’événement, la situation de la phrase élaborée (e-élaboration), ou sur ses seuls actants (i-élaboration). Dans les exemples (12) et (7a-b), l’i-élaboration est synthétisée dans l'expression nominaleFootnote 28 et s'ajoute ainsi à une e-élaboration, une spécification de la situation entière. Dans les deux exemples de Corblin, c'est même cette i-élaboration synthétique qui soutient l’e-élaboration, en apportant un nouvel éclairage à l’événement (objet d'une réprobation croissante) et en évitant une stricte répétition.

Ce sont bien les conventions élaborantes propres au genre journalistique qui assurent, en (3), l'interprétation coréférentielle des SN L'avocat de Johnny Halliday et Me Gilles-Jean Portejoie, tous deux sujets et Agents d'un verbe de discours (qualifier, s'interroger), faisant écho au titre ‘Affaire Halliday: l'avocat répond au procureur’ (avec le SN sujet l'avocat lui aussi Agent d'un verbe de discours), tout en le spécifiant. Ce sont encore, mais moins formalisées, ces conventions élaborantes qui guident les interprétations coréférentielles dans les dépêches (4) et (5). Moins formalisées car l'appareil de la titraille y est très limité: le titre est en quelque sorte reporté sur le début de la dépêche, dont la suite sera une élaboration – i-élaboration en (4) et e-élaboration en (5), qui spécifie d'abord le contenu présenté dans l'apposition ‘coupable de n'avoir pas voté le budget régional en raison de la hausse record de la fiscalité’ (cf. la deuxième phrase de la dépêche ‘Colette Tignières (PCF) s’était abstenue et réclamait un étalement sur trois ans de l'augmentation de 52% des impôts régionaux’), avant d’élaborer, dans la suite de la dépêche,Footnote 29 les autres événements de la phrase-titre (la sanction et la crise au sein de la majorité régionale).

5 D'AUTRES RELATIONS DE COHERENCE

Mais, en dehors de ce genre discursif qui s'appuie sur un ‘cohérant’Footnote 30 local élaborant, les connaissances encyclopédiques constituent-elles le principe premier de la coréférenciation des expressions complètes?

La tâche de coréférenciation se révèle peut-être plus facile lorsqu'on dispose des connaissances appropriées sur les référents, mais, une fois encore, ces connaissances ne semblent pas indispensables. Les informations fournies par les textes, en amont (17) ou en aval (17) et (18), pallient ces manques:

  1. (17) De Quintilien à Fontanier, on le voit, la définition de l'antonomase n'a cessé de s’étendre et de perdre en cohérence. On ne peut donc que souscrire à la proposition faite par M. & B. [Meyer et Balayn] de réserver ce terme au cas où le Np [nom propre] se charge d'un ‘signifié’ ou – si l'on préfère – d'un contenu conceptuel et fonctionne comme un Nc [nom commun]. Cette réduction avait déjà été opérée par Darmesteter (1887) qui, sous la rubrique ‘synecdoque’, distinguait de toutes les autres substitutions celle qui consiste à remplacer un Nc par un Np; mais l'auteur de La vie des mots illustrait lui aussi ce type de substitution par des exemples hétérogènes: à côté de un Tartuffe, un Amphitryon, un Lovelace, un Harpagon, un Séïde, un Escobar, une Agnès et un Crésus, il n'hésitait pas à faire figurer un Barème et un Calepin. (N. Flaux, Nouvelles remarques sur l'antonomase, Lexique n°15, 2000, p. 120)

  2. (18) Il [Scorsese] travaille pour la première fois avec le chef opérateur allemandMichel Ballhaus. L'ancien collaborateur de Fassbinder sait mettreen place ses plans très rapidement, à un rythme inconnu des vétéranshollywoodiens. Scorsese le retrouvera à six reprises, de La Couleur de l'argent aux Infiltrés. (Sotinel, Martin Scorsese, Cahiers du cinéma éditions, édition particulière pour Le Monde, 2007, p. 50)

La simple succession des deux phrases soulignées n'assurerait sans doute pas à coup sûr la lecture coréférentielle des deux expressions complètes – Darmesteter/l'auteur de La vie des mots en (17), le chef opérateur allemand Michel Ballhaus/l'ancien collaborateur de Fassbinder en (18) – et confirmerait ainsi les résultats de Lundquist (Reference Lundquist1988). Les relations de cohérence qui s’établissent entre ces deux phrases (Concession en (17) et i-élaboration en (18)) ne permettent pas, à elles seules, de garantir la coréférence, même si, avec l’i-élaboration de (18), on risque tout de même d'avoir un taux de coréférenciation élevé, très supérieur à celui des séquences de deux phrases forgées par Lundquist (Reference Lundquist1988).Footnote 31 Mais les textes ne s'arrêtent ni ne commencent avec ces deux phrases; les éléments paratextuels (l'indication bibliographique associée à Darmesteter (1887) – référence de La vie des mots – en fin d'article) et le réseau de relations de cohérence plus large dans lequel ces phrases s'inscrivent ne laissent en effet pas de place au doute référentiel:

  • la relation d’Exemplification en (17): Darmesteter qui ‘lui aussi’ est un exemple de la confusion qui règne autour de la notion d'antonomase, un exemple qui s'ajoute à d'autres dans une section consacrée à la définition et l'extension de la notion avant Darmesteter (de Quintilien à Fontanier);

  • la relation de Succession temporelle (soulignée par les circonstanciels, pour la première fois, à six reprises, et le changement de temps verbal, présent/futur), en (18), de la première rencontre entre le chef opérateur Michel Ballhaus et Scorsese à leurs six autres collaborations. La proposition intermédiaire, i-élaborante lorsqu'on se limite à la succession des deux premières phrases, y acquiert une nouvelle dimension: elle explique la suite (on retrouve ainsi le ciment textuel le plus efficace, la relation causale).

Aucune ambiguïté référentielle dans ces textes, aucun risque d'obtenir des résultats partagés comme dans les séquences réduites de Lundquist. Ces textes plaident tous en faveur d'un ‘principe heuristique général de cohérence textuelle’ (Charolles Reference Charolles1983, cité par Lundquist, Reference Lundquist1988), qui ne consiste pas à coréférencier aveuglément les expressions nominales entre elles, mais qui guide bien des interprétations coréférentielles.

6 EN GUISE DE CONCLUSION

L'anaphore présuppositionnelle de Milner n'est donc pas présuppositionnelle au sens où elle supposerait des ‘pré-connaissances’ sur les référents. Si elle présuppose quelque chose, c'est plutôt, à la manière de la présupposition évoquée par Guiraud-Weber et Roulet (Reference Guiraud-Weber, Roulet and Nølke1988), une forme d'identification coréférentielle liée à la présomption de cohérence qui guide notre appréhension des discours. Les mécanismes interprétatifs en jeu ne sont d'ailleurs pas tellement différents de ceux qui guident l'interprétation des pronoms ou autres expressions incomplètes; les relations de cohérence sont, ici et là, centrales. Son originalité est ailleurs: dans ses affinités avec une relation de cohérence particulière, la relation d’Elaboration, et avec l'association entre relations de cohérence et relations paratextuelles (titres, notes, bibliographie. . .), association dont la dimension formelle, celle de la titraille particulièrement, semble compenser le défaut formel caractéristique des expressions complètes (i.e. l'absence d'instruction du type ‘to interpret me, see elsewhere’, selon la formuleFootnote 32 de Rochester et Martin, Reference Rochester, Martin and Freedle1977, déjà citée).

Footnotes

1

Je remercie vivement Francis Cornish, ainsi que trois relecteurs anonymes de la revue, pour leur relecture attentive de versions antérieures de cet article et leurs précieux commentaires.

2 Je reprends cette distinction entre appositions prédicantes et identifiantes à Kleiber (Reference Kleiber1981: 402–403).

3 Selon l'expression de Kleiber (Reference Kleiber1985).

4 Il s'agit des deux séquences suivantes: – François Baudaire a obtenu 10000 voix. Le député UDF de la Mayenne aura la vie dure à l'Assemblée. – Jacques Potel a obtenu 18000 voix aux élections. Le secrétaire général du RPR réunira le groupe le plus nombreux. Lundquist les oppose à des séquences comprenant un opérateur argumentatif (par ex. à peine, presque, peu, un peu. . .) permettant de guider l'interprétation référentielle, coréférentielle (a) ou non (b), du second SN: – Alain Pierrard a à peine obtenu son score habituel aux élections.(a) Le ministre de l'Environnement gagnera difficilement / (b) Le ministre de la Défense gagnera largement.

5 Avec d'autres indices linguistiques, soulignés par F. Cornish (communication personnelle), comme les marques féminines du SN indéfini une élue communiste et le caractère féminin du prénom utilisé dans le nom propre complet Colette Tignières. On retrouve une convergence comparable en (4), entre le nom relationnel féminin épouse et le prénom Malika, et un autre type de convergence en (3), entre le titre et le nom de profession avocat.

6 Contrairement à ce que pouvait laisser croire l'expérience de Lundquist (Reference Lundquist1988).

7 Ces SN indéfinis, précise Corblin (Reference Corblin1995: 170), sont utilisés non pour introduire un nouveau référent, mais pour qualifier celui qui vient d’être mentionné.

8 Merci à F. Cornish d'avoir attiré mon attention sur ce point.

9 Mais, comme me le rappelle fort justement un relecteur, la cohérence n'est pas tout et la forme des expressions référentielles est aussi déterminante. Si le changement d’état du référent en (6) permet (encore) la reprise par ce marqueur de continuité référentielle qu'est le pronom de 3ème personne, il n'en est plus de même dans une séquence pourtant cohérente telle que:

Coupez une carotte en toutes petites rondelles.?Râpez-la. . . (Kleiber, Reference Kleiber, Kleiber, Schnedecker and Tyvaert1997: 135) L'infidélité ontologique tolérée par le pronom a ses limites; sur cette question, cf. Charolles et Schnedecker (Reference Charolles and Schnedecker1993) et Kleiber (Reference Kleiber, Kleiber, Schnedecker and Tyvaert1997).

10 Et cela sous forme de phrases concises, à l'impératif ou à l'infinitif, conformément aux conventions du genre (cf. Cornish, à paraître).

11 Cependant, l'identité des référents concernés n'est que la condition de base d'une interprétation cohérente, car c'est sur une telle identité que se greffera une relation de cohérence quelconque (Elaboration, Concession, etc.): cf. Cornish (Reference Cornish2009).

12 Pellizza (Reference Pellizza1999) a souligné le rôle persuasif de ces indéfinis coréférentiels, qui, bien qu'ils visent des particuliers, ont un caractère généralisant. Dans les deux exemples de Corblin, ce caractère généralisant (‘on ne trompe pas une femme qui vous adore’; ‘on n'invite pas un homme qui vous a trahi’) renforce un acte illocutoire expressif, la désapprobation.

13 Ce que souligne bien la définition de l’Elaboration retenue par Cornish (Reference Cornish2009: 169), qui complète celle de Hobbs (Reference Hobbs1990: 95), ‘Inférer la même proposition P à partir de l'assertion de S° comme de S1’, par ‘De plus S1 doit permettre d'ajouter d'autres détails à la proposition commune inférable de chaque assertion, et e1 ⊆ e° (l’événement principal évoqué par S1 est une partie de celui dénoté par S°)’. Pour une revue des différentes définitions de la relation d’Elaboration, cf. Kleiber et Vassiliadou (Reference Kleiber and Vassiliadou2007) et (Reference Kleiber and Vassiliadou2009).

14 Ou simplement coréférentielle en (9), si l'on définit l'anaphore en termes de dépendance référentielle. L'expression définie de l'exemple (9), contrairement à celle de l'exemple (10), est en effet référentiellement indépendante, c'est-à-dire qu'elle est capable, seule, grâce au SP qu'elle contient, d'identifier un référent unique.

15 On trouve ici une tout autre ‘présupposition’ que celle qui caractérise l'anaphore présuppositionnelle de Milner; ces différentes ‘présuppositions’ ne nous facilitent pas la tâche. . .

16 ‘Autonomes’ relativement à la situation d’énonciation, par opposition aux modes ‘impliqués’. La typologie proposée par Bronckart et al. (Reference Bronckart, Bain, Schneuwly, Davaud and Pasquier1985) distingue deux types de discours ‘autonomes’ (le discours théorique et la narration) et deux types ‘impliqués’ (le discours en situation et le récit conversationnel).

17 Laquelle connaît des degrés, selon la capacité qu'a l'expression référentielle d'identifier seule son référent, indépendamment de tout ancrage contextuel ou non (cf. la distinction chez Kleiber, Reference Kleiber1981: 250 sqq., entre l'ancrage temporel per se que manifeste une description définie comme l'auteur des Misérables et l'ancrage temporel contextuel que réclame une description définie comme le président des Etats-Unis).

18 Pour reprendre le terme proposé par Genette (Reference Genette1981) et (Reference Genette1987).

19 L'anaphore rhétorique est la répétition d'un mot ou d'un groupe de mots en début de phrases, de propositions ou de vers. La figure rhétorique de reprise est définie par Dupriez (Reference Dupriez1984) et Robrieux (Reference Robrieux1993) comme la répétition d'une structure syntaxique.

20 Plus généralement, la reprise constitue un cadre syntaxique voué à l'expression des relations de ressemblance (cf. Hobbs, Reference Hobbs1990 et Kehler, Reference Kehler2002), dont la relation d’Elaboration est un cas extrême.

21 Une autre particularité intéressante pour notre objet est sa propension à varier les reprises lexicales et notamment, comme le fait remarquer Cornish (Reference Cornish1998: 26), à utiliser des chaînes référentielles mêlant noms propres et descriptions définies complètes (là où d'autres genres s'appuient principalement, de manière beaucoup plus monotone, sur des reprises pronominales).

22 C'est par ce terme de spécification (specification) que Van Dijk (Reference Van Dijk and Van Dijk1997: 9) décrit la relation de cohérence (relation fonctionnelle dans ses termes) qui caractérise le genre de discours qui nous intéresse ici: ‘These [ = news reports] usually begin with sentences that express very general propositions (in their headlines and lead) followed by sentences that express propositions that provide increasingly specific details’. Et c'est ce même terme de spécification que Kleiber et Vassiliadou (Reference Kleiber and Vassiliadou2007: 149, note 4 et Reference Kleiber and Vassiliadou2009: 185, note 4) auraient préféré à celui d'Elaboration pour traduire le terme anglais Elaboration.

23 Ils ont été relevés dans Le Monde du 4 octobre 2008. Leur reproduction tient compte de certaines caractéristiques typographiques de la titraille (parmi celles qui concernent les caractères – taille, gras, couleur). C'est moi qui souligne.

24 Ces noms propres manifestent un degré d'autonomie variable: un nom de famille seul, comme Vergès ou Miller en (14), a un degré d'autonomie référentielle moindre qu'un nom propre complet, comme Jacques Vergès ou Gérard Miller, c'est-à-dire une capacité moindre à identifier un référent unique sans l'aide du contexte (ce qu’Ariel, Reference Ariel, Fretheim and Gundel1996: 21 et Reference Ariel2008: 46, appellerait une ‘rigidité’ moindre).

25 Après avoir présenté le référent sous la forme d'un nom propre, puis sous celle d'une description définie complète, ces exemples proposent une expression ‘mixte’ combinant description et dénomination, soit en utilisant une apposition (par ex. Joe Biden, colistier du candidat démocrate Barack Obama), soit en utilisant une description dénominative avec un nom propre en position d’épithète (par ex. L'avocat Jacques Vergès). Cette présence régulière de l'expression la plus complète dans l'article lui-même a déjà été remarquée par Jucker (Reference Jucker1996) et Rebeyrolle, Jacques et Péry-Woodley (Reference Rebeyrolle, Jacques and Péry-Woodley2009).

26 Ce qui répond, en revanche, à la tendance générale, c'est l'emploi de SN pleins (à la place de pronoms) à chaque nouvelle unité textuelle, en l'occurrence à chaque ‘niveau de lecture’ (titre, sous-titre, article). Sur ces rapports entre choix référentiel et unité/structuration du texte, on pourra consulter, entre autres, les travaux de Li et Thompson (Reference Li, Thompson and Kimball1979), Clancy (Reference Clancy and Chafe1980) et Vonk, Hustinx et Simons (Reference Vonk, Hustinx and Simons1992).

27 Et qui, bien souvent, est le fait d'un autre rédacteur.

28 Contrairement à l'exemple de Kleiber et Vassiliadou, elle ne fait pas l'objet de la prédication principale; elle n'est pas non plus l'objet d'une prédication seconde comme le sont les i-élaborations réalisées sous la forme (évoquée par Kleiber et Vassiliadou, Reference Kleiber and Vassiliadou2007: 155, note 17 et Reference Kleiber and Vassiliadou2009: 189, note 15) de relatives appositives.

29 Qui se poursuit ainsi: ‘M. Frêche lui a retiré sa délégation aux droits de la femme. Une punition jugée “inacceptable et inadmissible” par Jean-Louis Bousquet, président du groupe communiste, qui a suspendu sa participation à l'exécutif régional. La secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, a exprimé “sa plus vive indignation” et qualifié la sanction de “véritable déni de démocratie”’.

30 Le terme est employé par Schneuwly (Reference Schneuwly1988: 122).

31 Rappelons que lorsqu'elle soumet des séquences ‘(Phrase 1) Nom propre. . . (Phrase 2) Description définie complète. . .’, sans opérateurs argumentatifs particuliers et avec des noms propres fictifs, Lundquist (Reference Lundquist1988) comptabilise presque autant d'interprétations coréférentielles que d'interprétations disjointes.

32 Formule qui caractérise en fait toutes les expressions indexicales (cf. notamment Cornish, Reference Cornish1999 et à paraître), anaphoriques comme déictiques.

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