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Jacques le Juste, un Oblias parmi d'autres

Published online by Cambridge University Press:  12 March 2013

Jonathan Bourgel*
Affiliation:
Kibbutzim College, 149 Namir Road, Tel-Aviv 62507, Israel. Email: jbourgel@gmail.com.
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Abstract

In his Church History, Eusebius quotes a passage from Hegesippus's lost Memories in which he relates the martyrdom of James the Just; according to this account, the latter was called ᾽Ωβλίας. This article proposes to examine this odd term whose precise meaning remains obscure. Beyond issues related to its signification, the analysis of this word is likely to shed new light on the milieu in which the tradition quoted by Hegesippus appeared. This study seeks to demonstrate through various examples that the figure of the ᾽Ωβλίας was particularly popular in Jewish literature following the destruction of the Second Temple.

French abstract: Au deuxième livre de son Histoire Ecclésiastique, Eusèbe de Césarée cite un récit du martyre de Jacques le Juste qu'il dit tenir des Mémoires d'Hégésippe. Ce texte rapporte notamment que Jacques était surnommé ᾽Ωβλίας. Le présent article propose d'examiner cet étrange terme dont le sens demeure controversé. Au-delà des questions relatives à sa signification, l'analyse de ce vocable est susceptible d'apporter un éclairage nouveau sur le milieu dans lequel apparut la tradition reproduite par Hégésippe. Cette étude cherche à démontrer à partir d'exemples divers, que le motif littéraire de l'᾽Ωβλίας fut particulièrement populaire dans la littérature juive de l'après-destruction du Second Temple.

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Articles
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Copyright © Cambridge University Press 2013

Au deuxième livre de son Histoire Ecclésiastique, Eusèbe de Césarée (c. 260–c. 340) a reproduit un récit du martyre de Jacques le frère de Jésus qu'il dit tenir des Mémoires (Ὑπομνήματα) d'Hégésippe (2ème siècle EC).Footnote 1 Ce texte rapporte que Jacques fut précipité du pinacle du Temple par les Scribes et les Pharisiens après avoir annoncé à la foule réunie le retour prochain de Jésus. Lapidé, puis battu à mort, il expira en priant Dieu de pardonner leurs péchés à ses bourreaux. Hégésippe ajoute qu'immédiatement après cet événement Vespasien encercla Jérusalem. Notons que la relation même du martyre de Jacques est précédée d'une présentation apologétique de celui-ci que conclut la phrase suivante:

A cause de son éminente justice, on l'appelait le Juste et Oblias, ce qui signifie en grec rempart du peuple (ὠβλίας, ὅ ἐστιν Ἑλληνιστὶ πɛριοχὴ τοῦ λαοῦ) et justice, ainsi que les prophètes le montrent à son sujet.Footnote 2

Le sens du terme Oblias est hautement controversée et à ce jour, la communauté scientifique demeure divisée quant à son acception précise. Au-delà des questions relatives à sa signification, l'analyse de ce mot est susceptible d'apporter un éclairage nouveau sur le milieu dans lequel apparut ce récit. Dans ce qui suit, nous tenterons de démontrer que l'attribution du titre Oblias à Jacques illustre parfaitement l'ancrage des auteurs de cette tradition dans le contexte socioculturel juif de l'après-destruction du Second Temple.

1. ‘Jacques l'Oblias

1.1. ‘Jacques l'Oblias’ dans la littérature patristique

Avant de considérer la signification possible d'Oblias, revenons sur les occurrences de ce mot dans la littérature ancienne. La première mention de ce terme figure dans le texte susmentionné d'Hégésippe. Peu de détails de la vie de ce dernier nous sont connus. Auteur chrétien du 2ème siècle EC, Hégésippe rédigea un ouvrage (aujourd'hui perdu) intitulé Mémoires qui visait à défendre l'‘authentique’ tradition apostolique contre l'émergence de nouvelles ‘hérésies’. Ce livre reproduisait les lignées d'évêques de diverses Eglises parmi lesquelles celle de Jérusalem. La publication de telles listes était censée prouver l'ininterruption de la succession épiscopale de ces congrégations depuis le temps des premiers apôtres.

Se fondant sur sa supposée maîtrise de l'hébreu et sur sa connaissance d'une tradition orale juive, Eusèbe affirma qu'Hégésippe était un chrétien d'origine juive.Footnote 3 Cette information n'a pas été unanimement acceptée par la critique moderne;Footnote 4 néanmoins, nombre de chercheurs s'accordent à penser que ses Mémoires contenaient d'authentiques traditions issues des milieux judéo-chrétiens de Judée, parmi lesquelles le récit du martyre de Jacques.Footnote 5 Ce texte, nous l'avons vu, dresse un panégyrique de ce dernier.Footnote 6 Hégésippe, ou la source dont il dépend, insiste principalement sur la justice et la sainteté de Jacques dont il est dit qu'il fut sanctifié dès le sein de sa mère. En outre, il y est dépeint sous les traits confondus d'un Nazir et d'un Grand-Prêtre. En effet, comme les Nezirim, Jacques s'abstenait de boissons enivrantes et jamais le rasoir ne passa sur sa tête.Footnote 7

Les éléments qui suggèrent sa qualité de Grand-Pontife essaiment tout au long de notre passage. Pour être plus précis, Jacques y apparaît comme un Grand-Prêtre officiant un jour de Grand Pardon (Yom Kippour).Footnote 8 Seul autorisé à entrer dans le SanctuaireFootnote 9 (ὁ ναός, i.e. le Saint des Saints) il y prie vêtu de vêtements de lin,Footnote 10 suppliant Dieu d'accorder Son pardon au peuple. Hégésippe ajoute que Jacques ne se faisait jamais oindre et qu'il s'abstenait de bains; ces prohibitions pourraient correspondre aux injonctions rapportées par la Mishna selon lesquelles il est interdit de se laver et de s'enduire d'huile pendant Yom Kippour.Footnote 11 Enfin, on peut utilement mentionner la proposition de R. Eisler selon laquelle certains détails de la mise à mort de Jacques correspondent au mode d'exécution réservé aux prêtres.Footnote 12 Le traité mishnaïque Pessahim nous apprend à ce sujet que les sacrificateurs ayant servi en état d'impureté était condamnés à avoir le crâne brisé d' un coup de bâton.Footnote 13 R. Eléazar affirma même qu'un Grand-Prêtre coupable de cette infraction aurait mérité un pareil châtiment.Footnote 14 La tradition qui nous occupe attribue d'autres particularités à Jacques tel son végétarisme;Footnote 15 cependant, ces caractéristiques n'intéressent pas directement notre étude.

Il est fort probable qu'Epiphane de Salamine (c. 315–403) eut également connaissance du récit d'Hégésippe ou de la source dont celui-ci s'inspira. Son œuvre maîtresse, le Panarion, comprend en effet une description de Jacques proche de celle exposée dans l'Histoire Ecclésiastique d'Eusèbe (dorénavant HE).Footnote 16 Notons toutefois que certains détails rapportés par Epiphane ne sont connus que de lui. Attardons-nous brièvement sur le portrait qu'il dresse du Juste. Comme dans l'HE, Jacques apparaît dans le Panarion, sous les traits d'un Nazir et d'un Grand-Prêtre; mais à la différence d'Eusèbe, Epiphane fait explicitement état de cette double-qualité.Footnote 17 Pour notre propos, il suffira d'énumérer les éléments rattachant Jacques à la fonction de Grand-Pontife dont la plupart figurent déjà dans l'HE. Le Panarion rapporte ainsi qu'il pénétrait une fois par an dans le Saint des Saints (τὰ ἅγια τῶν ἁγίων);Footnote 18 il y priait agenouillé, tant et si bien que la peau de ses genoux devint semblable à celle d'un chameau.Footnote 19 Jacques était vêtu de vêtements en linFootnote 20 et, ajoute Epiphane, coiffé de la mitre des Grands-Prêtres (πέταλον).Footnote 21 Son rôle d'intercesseur, inhérent à sa qualité de Grand-Prêtre, est également magnifié dans le Panarion. Comme dans l'HE, Footnote 22 Jacques intercède auprès de Dieu en faveur de ses propres bourreaux.Footnote 23 De surcroît, les multiples allusions à Yom Kippour soulignent sa fonction de médiateur. Ainsi, la référence au seul jour de l'année où Jacques pénétrait dans le Saint des Saints renvoie incontestablement au Grand Pardon.Footnote 24 De même, les notices selon lesquelles il s'abstenait de bainsFootnote 25 et ne portait pas de sandalesFootnote 26 pourraient se rapporter à Yom Kippour.Footnote 27

Les similitudes entre le portrait de Jacques figurant dans l'HE et celui extrait du Panarion ne se limitent pas à ces seuls aspects. Un peu plus haut dans son récit, Epiphane a reproduit une information essentielle pour notre étude; il écrit:

Il (Joseph) avait donc pour premier-né Jacques surnommé Oblias, qui veut dire rempart (Ὠβλίαν, ἑρμηνɛυόμɛνον τɛῖχος), et appelé Juste et il était un Nazir ce qui signifie saint.Footnote 28

Cette phrase fait incontestablement écho à HE II, 23, 7; elle tend ainsi à confirmer qu'Epiphane s'inspira des Mémoires d'Hégésippe pour écrire sa biographie de Jacques.Footnote 29 Il existe cependant une distinction majeure entre les textes d'Eusèbe et d'Epiphane; celle-ci concerne la traduction en grec du terme Oblias. En premier lieu, notons que si Eusèbe rend ce vocable par le mot πɛριοχή, Epiphane lui préfère le terme τɛῖχος; cependant, ces nuances sémantiques ne sont pas significatives. La principale différence entre ces deux traductions réside dans le fait qu'Epiphane omet le complément de nom ‘du peuple’. D'après H. J. Lawlor, cette tournure serait une interpolation ajoutée ultérieurement au texte original d'Eusèbe.Footnote 30 Une lecture attentive de l'HE semble lui donner raison. En effet, au troisième livre de cet ouvrage, immédiatement après avoir décrit la destruction de Jérusalem par Vespasien, Eusèbe écrit:

II serait pourtant juste d'y joindre ce qui pourrait confirmer l'extrême bonté de la Providence dans son amour pour les hommes: elle a attendu quarante années entières après l'audace impie contre le Christ pour faire périr les coupables. Pendant tout ce temps, la plupart des apôtres et des disciples et Jacques lui-même, le premier évêque de la ville, qu'on appelait le frère du Seigneur, étaient encore en vie et passaient leur existence dans la cité même de Jérusalem, et demeuraient pour elle comme un rempart puissamment fortifié (ἕρκος ὥσπɛρ ὀχυρώτατον παρέμɛνον τῷ τόπῳ).Footnote 31

Il est évident que dans ce bref commentaire, Eusèbe se réfère sans le mentionner au titre Oblias attribué à Jacques dans HE II, 23, 7. Néanmoins, ce terme ne signifie pas ici ‘rempart du peuple’; il est compris dans son sens le plus immédiat, i.e. rempart de la ville. A la lumière de cette remarque, on peut proposer que la formule ‘du peuple’ ne figurait pas dans le texte qu'utilisa Eusèbe.

Il existe dans la littérature patristique d'autres citations du récit d'Hégésippe sur Jacques le Juste. Dans son recueil de biographies De viris illustribus (Des hommes illustres), Jérôme cite nommément les Mémoires dont il prétend avoir tiré certaines informations sur Jacques. On ne sait toutefois s'il eut directement accès au texte d'Hégésippe ou s'il se contenta de reproduire le récit d'Eusèbe. Remarquons néanmoins que nulle mention n'est faite dans ses écrits du titre Oblias. L'explication la plus probable à cette omission réside dans le fait que Jérôme n'a pas, de son propre aveu, recopié toutes les données qui étaient en sa possession.Footnote 32 A l'inverse, les auteurs byzantins Jobius,Footnote 33 Georgius SyncellusFootnote 34 et Georgius PachymeresFootnote 35 mentionnent expressément le terme Oblias. Cependant leurs textes, directement inspirés du récit d'Eusèbe, ne fournissent aucune information inédite sur ce sujet.

1.2. Oblias dans la recherche moderne

Comme nous l'avons déjà signalé, la question de la signification du terme Oblias a suscité un vif débat parmi les spécialistes. La plupart d'entre eux acceptent toutefois un double postulat: Oblias est un vocable corrompu qui est construit à partir d'une racine hébraïque. Revenons brièvement et non-exhaustivement sur les principales conjectures avancées pour résoudre cette énigme.

Mentionnons tout d'abord la supposition du savant allemand T. Reinesius qui au 17ème siècle, proposa de voir en Oblias la transcription de עֹפֶלעַם ('ophel'am); cette tournure signifierait ‘lieu, citadelle ou tour fortifié(e) du peuple’. Son hypothèse a depuis été acceptée par de multiples chercheurs parmi lesquels K. Wiesler,Footnote 36 H. J. Lawlor,Footnote 37 B. GustafssonFootnote 38 et E. Stauffer.Footnote 39 Il a également été suggéré que le préfixe ob d'Oblias était une distorsion du vocable עֹז ('oz) signifiant en hébreu, puissance, force. Le savant anglais N. Fuller (17ème siècle) a ainsi soutenu que la formule se dissimulant sous Oblias était עֹז לְעַם ('oz le'am), i.e. ‘puissance pour le peuple’.Footnote 40 Plus récemment, R. Eisenman a repris à son compte cette théorie, l'étendant au mot dérivé מעֹז (ma'oz) qui veut dire bastion, forteresse.Footnote 41 Au milieu du 19ème siècle, H. Erwald a émis l'hypothèse qu'Oblias procédait de la racine חֹבְל (ẖovel, i.e. lien) et a traduit cette étrange tournure par חֹבְלִעם (ẖovle'am), i.e. ‘le lien du peuple’.Footnote 42 Dans son sillage, R. A. Lipsius a avancé qu'Oblias signifiait חֹבֲלֵי-יה (ẖovli-ia) à savoir, ‘Dieu est mon lien’. D'après lui, ce surnom (qui s'inspirerait des versets Za. 11.7; 14) serait à mettre en rapport avec la qualité de Nazir de Jacques.Footnote 43 A la fin du 19ème siècle, A. HilgenfeldFootnote 44 a défendu une double proposition, faisant alternativement dériver Oblias des mots אוֹפֶל (obscurité) et אָבֵל dont l'acception première est endeuillé mais qui a pris plus tard le sens d'ascète en langue syriaque.Footnote 45 Quasiment à la même époque, K. F. Nösgen a suggéré qu'Oblias était la lointaine transcription de la formule אָב לְעַם (av-le'am, i.e. ‘père du peuple’);Footnote 46 sa proposition a été approuvée par A. SchlatterFootnote 47 et R. Eisler.Footnote 48

En 1943, H. J. Schoeps a avancé une explication pour le moins alambiquée. Selon lui, Jacques était à l'origine surnommé שליח (shaliaẖ, i.e. apôtre, messager). Cependant, sous l'influence de la traduction grecque du livre biblique d'Abdias, Hégésippe aurait rendu ce surnom par muraille. En effet, le terme ציר (messager), qui figure dans le texte hébraïque d'Abdias (1.1), a été traduit dans la LXX par le mot πɛριοχή (i.e. rempart, muraille). Selon Schoeps, Hégésippe qui connaissait la synonymie des mots ציר et שליח, aurait reproduit l'erreur de la LXX. Avec le temps, la graphie de שליח aurait subit une double altération devenant alors עָבְלִיַח.Footnote 49

Il convient à présent de citer la suggestion de C. C. Torrey qui a connu un certain succès au sein de la communauté scientifique.Footnote 50 Selon lui, le surnom de Jacques était initialement עֹבַדְיָה (‘ovadia, i. e. serviteur de Dieu). Conjecturant l'existence d'une transcription de ce nom sous la forme grecque ὠβδίας, Torrey propose que la lettre Delta de ce mot fût ultérieurement remplacée par la lettre lambda. De cette erreur serait né le vocable ὠβλίας. Afin d’étayer sa thèse, Torrey a souligné la proximité existant entre les graphies de ces deux noms en écriture onciale (respectivement ᾽ΩΒΔΙΑС et ᾽ΩΒΛΙΑС).Footnote 51 Quelques années plus tard, K. Baltzer et H. Koester ont approfondi la proposition de Torrey en soulignant que la traduction d'Abdias 1.1 dans la LXX unissait les termes Ovadia/Oblias et πɛριοχή.Footnote 52 Aussi ont-ils vu dans ce verset la référence dissimulée dans le texte d'Hégésippe.Footnote 53 Ces deux chercheurs ont par ailleurs porté l'attention sur le fait que dans l'épître qui porte son nom, Jacques est surnommé θɛοῦ δοῦλος (=עֹבַדְיָה, i. e. serviteur de Dieu).Footnote 54 Plusieurs savants dont M. Dibelius,Footnote 55 W. PratscherFootnote 56 et R. B. WardFootnote 57 ont accepté cette proposition. Notons enfin la théorie de R. Bauckham: se fondant sur l'acception peu commune du terme גְּבוּל dans le verset Is 54.12, il a soutenu qu'Oblias est la retranscription de גְּבוּל-עַם qu'il traduit par ‘muraille du peuple’.Footnote 58

La profusion des hypothèses proposées pour expliquer le sens et l'origine d'Oblias illustre parfaitement la complexité du problème qui nous occupe. A ce jour, aucune des solutions avancées ne semble propre à résoudre l'ensemble des difficultés soulevées par cet étrange vocable. Aussi, en l'absence d'éléments nouveaux devrons-nous renoncer à percer ce mystère. Il nous paraît néanmoins possible d'affiner notre réflexion en soumettant notre raisonnement à deux postulats supplémentaires. Le premier concerne les traductions en grec du terme Oblias figurant dans les écrits d'Eusèbe et d'Epiphane. Ces notices explicatives sont à notre sens indispensables à notre compréhension et ne peuvent être ignorées comme l'ont fait certains savants.Footnote 59Oblias, nous l'avons vu, a été diversement traduit dans la littérature patristique: alors que HE II, 23, 7 rend ce terme par πɛριοχὴ τοῦ λαοῦ, Epiphane le traduit par τɛῖχος. Ajoutons à cela le mot ἕρκος qu'emploie Eusèbe pour qualifier Jacques dans un passage qui, pensons-nous, se réfère au surnom Oblias.Footnote 60 La multiplicité des termes employés pour traduire ce mot est abstruse et complique toute tentative de déterminer le vocable qu'utilisa Hégésippe lui-même pour rendre Oblias en grec. Notons cependant que les trois termes en question partagent une acception commune correspondant aux mots français rempart ou muraille. Leur appartenance à un même champ lexical ne peut être fortuite; elle confirme un double fait: le texte original d'Hégésippe comprenait bien une traduction en grec d'Oblias, qui renvoyait au concept de fortification.Footnote 61 Notre second postulat énonce que ce vocable doit être étudié à la lumière du contexte narratif dans lequel il apparait. Nous pensons en effet que le titre Oblias est indissociable du récit du martyre de Jacques. Une lecture attentive de cette tradition nous révèle que ce terme y occupe une fonction centrale. Loin d'être un élément narratif neutre, Oblias doit être mis en rapport immédiat avec la menace de guerre qui pèse sur Jérusalem. La référence la plus évidente à ce contexte martial se trouve dans la phrase qui clos le récit d'Hégésippe:

…Et ainsi celui-ci (Jacques) rendit témoignage… Et bientôt après, Vespasien les assiégea.Footnote 62

Il existe à notre avis une allusion supplémentaire à la guerre qui faisait rage dans les environs de Jérusalem. Nous lisons dans HE II, 23, 17 qu'au moment où ses ennemis lapidaient Jacques:

…un des prêtres, des fils de Réchab, fils de Réchabim, auxquels Jérémie le prophète a rendu témoignage, criait en disant: ‘Arrêtez, que faites-vous? Le Juste prie pour vous.’

D'après le livre de Jérémie, les Réchabites suivaient fidèlement les prescriptions fixées par leur ancêtre commun Jonadab fils de Récab qui leur interdisaient la consommation de vin et le sédentarisme.Footnote 63 J. Painter a probablement raison de voir dans l'intervention du prêtre Réchabite un procédé littéraire visant à souligner le rôle d'intercesseur de Jacques.Footnote 64 Cependant, une question reste pendante: comment expliquer la présence de ce prêtre à Jérusalem, alors qu'en principe la vie citadine était interdite aux Réchabites? La réponse à cette énigme se trouve dans le verset Jr 35.11. Au cours d'un entretien avec Jérémie dans le Temple de Jérusalem, les membres de la maison des Réchabites font état de leur obligation de mener une vie nomade et de vivre sous des tentes. Ils ajoutent néanmoins:

Mais quand Nabuchodonosor, roi de Babylone, est monté contre ce pays, nous nous sommes dit: ‘Venez! Entrons à Jérusalem pour échapper à l'armée des Chaldéens et à celle d'Aram! Et nous avons demeuré dans Jérusalem.’Footnote 65

Ainsi, seule la progression des troupes de Nabuchodonosor venues soumettre le Royaume de Juda justifie l'entrée des Réchabites dans Jérusalem. De la même façon, la présence d'un Réchabite dans le Temple au moment du martyre de Jacques suppose l'existence d'un contexte de guerre. Et l'on peut supposer, en se référant au Livre de Jérémie, que ce prêtre se rendit à Jérusalem pour fuir l'avancée des armées de Vespasien. Notons par ailleurs que ce détail narratif rend moins soudaine l'arrivée du général romain à Jérusalem immédiatement après la mort de Jacques. La menace militaire pesant sur la ville Sainte est donc sous-jacente dans le récit même du martyre de ce dernier.

Cette considération rend encore plus patente l'essence même du rôle d'Oblias. Jacques, en tant que véritable rempart de Jérusalem, permet à la cité et à ses habitants de résister alors même que les armées de Vespasien sont en campagne. Avec sa mort tombent les défenses réelles de la capitale judéenne qui dès lors, se trouve à la merci des légions romaines. Cette fonction apotropaïque de Jacques est parfaitement illustrée dans la digression d'Eusèbe citée plus haut.Footnote 66 Un second rapprochement est envisageable. Trois des plus éminents Pères de l'Eglise—Origène,Footnote 67 EusèbeFootnote 68 et JérômeFootnote 69—attribuent à Flavius Josèphe un commentaire pour le moins singulier sur la chute de Jérusalem. Selon ces derniers, Josèphe aurait affirmé que la dévastation de la ville Sainte par les armées romaines était la conséquence directe du martyre de Jacques. Il n'y a pas lieu de rouvrir ici la discussion sur l'authenticité de cette attribution;Footnote 70 soulignons simplement que, comme le texte d'Hégésippe, cette citation présumée de Josèphe lie le destin de Jérusalem à celui de Jacques dont les pouvoirs conjuratoires sont à nouveau supposés. En guise de synthèse, nous pouvons dire que le surnom de Jacques, Oblias, entendu dans le sens de fortification s'insère parfaitement dans la tradition attribuant la chute de Jérusalem au martyre de celui-ci. Ces considérations nous paraissent suffisantes pour invalider les propositions ignorant les traductions en grec de ce terme et le contexte narratif duquel il est extrait.

A notre sens, la solution initialement avancée par T. Reinesius, bien qu'imparfaite, n'est pas dénuée de fondement. Le mot עֹפֶל ('Ophel) signifie en hébreu bosse ou protubérance; par extension il désigne un lieu élevé et fortifié. Dans la littérature vétérotestamentaire, 'Ophel se réfère quasi-exclusivement à la partie méridionale du mont Moriah sur lequel se dressait le Temple de Jérusalem.Footnote 71 A l'époque du Royaume de Juda, l''Ophel occupait un rôle majeur dans le système défensif de Jérusalem; aussi fut-il ceint d'une muraille par les derniers rois judéens.Footnote 72 De retour d'exil, les Juifs s'attachèrent à relever les murs de l''Ophel qui dès lors, retrouva son importance première.Footnote 73 Outre sa valeur stratégique, l''Ophel revêtait également une importance symbolique certaine; ainsi, dans le verset Mic 4.8, il parait symboliser la gloire et la puissance de Jérusalem. On pourrait fort bien imaginer que ce nom fut attribué à un personnage dont on pensait qu'il assurait la protection de la ville Sainte. Par ailleurs, il peut être utile de souligner que, depuis les travaux d'élargissement réalisés par le roi Hérode, le péribole du Temple englobait une partie de l''Ophel; à cet endroit s'élevait l'un des édifices les plus spectaculaires du monde antique, i. e. la basilique royale.Footnote 74 Le mot עֹפֶל a été diversement retranscrit en grec: la LXX connaît les formes ᾿ΟφλάFootnote 75 et ᾿ΩφάλFootnote 76; Josèphe, quant à lui, a retenu l'orthographe Ὀφλάς.Footnote 77 Sans être absolument évidente, la thèse d'une relation phonétique et orthographique entre ces formes et le mot ὠβλίας parait concevable.

Il est une autre proposition, tour à tour avancée puis écartée par S. Gero, qui nous semble digne d'intérêt.Footnote 78 Ce dernier a souligné la proximité existant entre Oblias et le vocable araméen אַבּוּלָא (aboula); mais, rejetant sa propre suggestion, Gero a finalement opté pour la théorie d'A. Hilgenfeld qui fait dériver Oblias du mot אָבֵל. D'origine akkadienne, אַבּוּלָא désigne stricto sensu l'entrée d'une ville. S. Kaufman remarque cependant que dans la littérature rabbinique, ce terme se réfère plus particulièrement à la principale porte d'entrée au travers des fortifications d'une cité.Footnote 79 Il est possible que, par un effet métonymique, אַבּוּלָא en vint à designer l'enceinte de la ville elle-même.Footnote 80 Sans aller aussi loin, אַבּוּלָא semble avoir peu à peu intégrer le champ sémantique relatif aux fortifications. Notons à ce propos que parmi les traductions de ce mot proposées par M. Jastrow figure ‘place fortifiée’.Footnote 81 S'il était possible de prouver que cette évolution linguistique était déjà en germe au 1er siècle EC, on ne pourrait ignorer la proximité phonétique et sémantique unissant les mots אַבּוּלָא et Oblias. Hélas, comme souligné plus haut, en l'état actuel de nos connaissances nous devons nous contenter de simples présomptions sur la possible étymologie d'Oblias.

Table 1.

2. l'Oblias dans la littérature juive de l'après-destruction du Second Temple

Jusqu'ici, notre réflexion sur le terme Oblias s'est limitée à l'analyse du récit d'Hégésippe relatant le martyre de Jacques. Il nous faut maintenant élargir le champ de notre recherche à l'étude de traditions de la même époque susceptibles d'éclairer notre compréhension. Dans ce qui suit, nous essaierons de démontrer au moyen d'exemples divers que le motif de l'Oblias fut particulièrement populaire dans la littérature juive de l'après-destruction du Second Temple.

2.1. Le type de l'Oblias dans la Guerre des Juifs

On trouve une première illustration de cette popularité dans la Guerre des Juifs de Flavius Josèphe. Le quatrième livre de cet ouvrage s'attarde longuement sur les prémices de la guerre civile qui opposa, à Jérusalem, modérés et extrémistes.Footnote 82 La chute de la Galilée sous les coups des légions de Vespasien (fin 67 EC) entraîna un afflux massif de Juifs radicaux dans la ville Sainte. Enhardis par l'arrivée de ces derniers, les ultras présents à Jérusalem s'en prirent directement au gouvernement du Grand-Prêtre Anan fils d'Anan. Une lutte acharnée s'engagea alors entre les deux camps. En position de faiblesse, les Juifs radicaux sollicitèrent finalement l'aide des Iduméens dont l'intervention sonna le glas du régime modéré d'Anan; ce dernier fut lui-même sauvagement assassiné. Au terme de la relation de ces faits, Josèphe se livre à quelques considérations de première importance pour notre propos; il écrit:

Je ne crois pas me tromper en disant que la prise de la ville date de la mort d'Anan et que les remparts des Juifs ont été renversés (ἀνατραπῆναι τὸ τɛῖχος) et leur État anéanti du jour où ils ont pu voir, gisant égorgé au centre de la ville, le chef des prêtres préposé à leur salut. C'était un homme digne de vénération à tous égards, et particulièrement pour sa parfaite équité…Footnote 83

Josèphe poursuit en énumérant les multiples vertus d'Anan parmi lesquelles son amour de la liberté, son abnégation et sa modération. Il est clair que cet éloge funèbre présente d'importantes similitudes avec le récit du martyre de Jacques étudié plus haut. La plus frappante de ces ressemblances est sans conteste le lien établi entre la chute des remparts de Jérusalem et le meurtre d'Anan.Footnote 84 Cette corrélation suppose que l'efficacité des défenses de la cité dépendait de l'action et de la survie de ce dernier. A cet égard, notons que Josèphe insiste sur le rôle d'intercesseur d'Anan qui, en tant que Grand-Prêtre, était responsable du salut commun. Faut-il rappeler que, dans le texte d'Hégésippe, Jacques apparait sous les traits d'un Grand-Pontife priant dans le Saint des Saints en faveur du peuple? Notons enfin que, comme Jacques, Anan fut mis a mort par ses propres coreligionnaires. Il serait erroné de voir dans ces similitudes une pure coïncidence ou de les attribuer à une possible dépendance d'Hégésippe par rapport à Josèphe. Il nous apparait plutôt que ces textes ont repris et adapté, indépendamment l'un de l'autre, un même motif littéraire. Comme nous allons le voir plus bas, ce modèle se retrouve aussi dans la littérature apocalyptique juive de la fin du 1er–début du 2ème siècle EC.

2.2. La figure de l'Oblias dans la littérature apocalyptique

Examinons d'abord le Livre de l'Apocalypse de Baruch fils de Néria (dorénavant II Baruch). L'action de ce pseudépigraphe se situe au moment de la prise de Jérusalem par les armées de Nabuchodonosor, roi de Babylone (586 AEC). Alors que Baruch (le scribe du prophète Jérémie) se lamente sur les malheurs de son peuple, Dieu lui prédit la venue prochaine de l'ère messianique. De l'avis de l'ensemble des spécialistes, l'auteur de II Baruch avait à l'esprit, non pas la destruction du Premier Temple de Jérusalem, mais celle du Second par les légions de Titus. Il est communément admis que cet ouvrage fut composé en hébreu par un Juif palestinien peu de temps après la catastrophe de 70 EC.Footnote 85 Ajoutons que II Baruch a été conservée dans son intégralité dans une version Syriaque découverte à la fin du 19ème siècle.

Le deuxième chapitre de ce livre est d'une importance capitale pour notre étude. Après avoir annoncé à Baruch son intention de détruire Jérusalem à cause des péchés de ses habitants, Dieu ajoute:

Je t'ai dit cela pour que tu ordonnes à Jérémie et à tous vos semblables de sortir de cette ville. Vos œuvres sont pour cette ville comme une colonne solide et vos prières comme un mur fortifié.Footnote 86

Il ne fait nul doute que ce passage s'inspire de Jer 1.18 dans lequel Dieu dit au prophète Jérémie:

Voici que Moi, aujourd'hui même, Je t'ai établi comme ville fortifiée, colonne de fer et rempart de bronze devant tout le pays, les rois de Juda, ses princes, ses prêtres et le peuple du pays. Ils lutteront contre toi, mais ne pourront rien contre toi, car Je suis avec toi.Footnote 87

Il est toutefois une différence essentielle entre ces deux textes. Selon Jer 1.18, Dieu place Jérémie comme ‘ville fortifiée, colonne de fer et rempart de bronze’ contre ‘les rois de Juda, les sacrificateurs et le peuple du pays’. Au contraire, dans II Baruch 2.2, Jérémie, Baruch et leurs semblables agissent, par leurs œuvres et leurs prières, comme un rempart protégeant la cité pécheresse du châtiment qui lui incombe. Pour cette raison précise, Dieu leur enjoint de quitter Jérusalem afin que ses anges puissent en abattre les murailles et ouvrir la voie aux troupes Babyloniennes.Footnote 88 Il est dès lors aisé de trouver des analogies entre II Baruch 2 et le texte d'Hégésippe sur le martyre de Jacques. Le contexte général de ces récits est semblable: Jérusalem est menacée de destruction immédiate par une armée étrangère qui l'assiège. Cependant, la ville résiste, non pas au moyen de ses propres défenses physiques, mais grâce à l'action de personnages providentiels dont les œuvres et les prières agissent comme des remparts pour la cité. Intercesseurs par excellence, ces héros apparaissent sous les traits de Grands-Prêtres implorant Dieu; il n'est donc pas fortuit que Baruch se rende dans le Saints des Saints (bien que déjà détruit) pour se lamenter.Footnote 89 Le départ (dans le cas de Jérémie et Baruch) ou la mort (dans le cas de Jacques) de ces héros laisse Jérusalem sans défense face aux assauts de ses assiégeants.Footnote 90

Un autre apocryphe, proche à beaucoup d'égard de II Baruch, mérite notre attention, i.e. les Paralipomènes de Jérémie (Le reste des paroles de Jérémie, également connu sous le nom de IV Baruch). Il est communément admis que cet ouvrage fut composé au début du 2ème siècle EC dans une langue sémitique.Footnote 91 Son auteur témoigne d'une parfaite connaissance de la topographie de Jérusalem, révélant ainsi ses probables origines hiérosolymitaines.Footnote 92 Comme II Baruch, IV Baruch utilise le cadre narratif de la chute du Premier Temple et de la captivité à Babylone pour décrire la catastrophe de 70 EC. Ainsi que l'a remarqué J. Licht, ces écrits reflètent la conviction de nombreux Juifs de l'époque que le second exil ne serait pas plus long que le premier et que bientôt le Temple de Jérusalem serait reconstruit.Footnote 93 Aussi, IV Baruch est-il considéré comme appartenant au genre des apocalypses historiques dont le but était d'annoncer la délivrance prochaine.Footnote 94 Du fait de leur grande ressemblance, on a proposé que IV Baruch dépendait de II Baruch.Footnote 95 Cette question reste toutefois controversée; en effet, IV Baruch comprend des passages qui lui sont propres tel le retour des exilés à Jérusalem.Footnote 96 Ajoutons qu'à un stade ultérieur de son développement, la partie originalement juive de ce texteFootnote 97 fut l'objet d'une interpolation chrétienne.Footnote 98 Le premier chapitre de IV Baruch s'ouvre sur une injonction de Dieu à Jérémie formulée en ces termes:

Jérémie, Mon élu, lève-toi, sors de cette ville, toi et Baruch, car Je vais la détruire à cause de la multitude des péchés de ses habitants. Car vos prières sont semblables à une colonne solide au milieu de la ville et à un rempart d'acier autour d'elle. Maintenant, levez-vous, et sortez avant que l'armée des Chaldéens l'encercle.Footnote 99

Ce passage rappelle à de nombreux égards II Baruch 2 étudié plus haut; cependant, certaines divergences entre ces deux textes nous amènent à reconsidérer l'hypothèse d'une relation littéraire directe entre eux. Revenons brièvement sur les différences de IV Baruch 1.1–3 par rapport à II Baruch 2:

  1. (1) L'adresse divine y est destinée à Jérémie et non à Baruch.

  2. (2) Seules les prières de Jérémie et de Baruch y sont mentionnées et non leurs œuvres.

  3. (3) Ces prières sont comparées à ‘une colonne solide au milieu de la ville et à un rempart d'acier autour d'elle’ (ὡς στῦλος ἑδραῖος ἐστιν ἐν μέσῳ αὐτῆς καὶ ὡς τɛῖχος ἀδαμάντινον πɛρικυκλοῦν αὐτήν) et non à un ‘mur fortifié’.

  4. (4) Enfin, il y est explicitement établi que Jérémie et Baruch, dont les prières constituent un rempart, empêchent Dieu de détruire Jérusalem.Footnote 100

L'énoncé de ces différences semble étayer la proposition de S. E. Robinson selon laquelle le premier chapitre de IV Baruch ne dépend pas de II Baruch mais reproduit une tradition indépendante.Footnote 101 Cela étant, il est intéressant de noter que les similitudes existant entre II Baruch et le récit d'Hégésippe apparaissent aussi dans IV Baruch. Le cadre narratif initial est sensiblement identique: Jérusalem est menacée de destruction immédiate par une armée étrangère. Toutefois, des Justes (i.e. Jérémie et Baruch) parviennent à retarder l'échéance de cette dévastation. Détail essentiel: nous retrouvons l'idée selon laquelle leurs prières constituent les véritables remparts de la cité assiégée. A cet égard, il convient de remarquer que IV Baruch, par son insistance sur l'effet apotropaïque de la prière, se rapproche plus de HE II, 23, 4–18 que II Baruch.Footnote 102 La mise en exergue du rôle d'intercesseur de Jérémie (et de Baruch) dans IV Baruch est également notable.Footnote 103 A ce propos, observons que Jérémie y apparait clairement sous les traits d'un Grand-Prêtre: il pénètre dans le Saint des SaintsFootnote 104 et offre seul un sacrifice ‘le dixième jour’, i. e. le jour du Grand Pardon (le 10 du mois de Tishri).Footnote 105 Cette référence implicite à Yom Kippour et à sa fonction expiatrice n'est pas sans rappeler le texte d'Hégésippe. Enfin, il peut être utile de mentionner la leçon des manuscrits C, P et R de IV Baruch, (que favorisent P. Bogaert et J RiaudFootnote 106) selon laquelle Jérémie était Grand-Prêtre (ἀρχιɛρɛύς) et non simple prêtre (ἱɛρɛύς).

2.3. Le modèle de l'Oblias dans la littérature Rabbinique

La Pesiqta Rabbati (PesR) nous offre une transition aisée vers la littérature rabbinique. En effet, la 26èmepisqa de ce recueil d'homélies présente de nombreuses similitudes avec II Baruch et IV Baruch.Footnote 107 On pourrait objecter que cet ouvrage, dont la composition remonte au 9ème siècle EC, excède le cadre chronologique de notre investigation; il demeure que le passage qui nous intéresse s'inspirerait, de l'avis de certains, d'une source antérieure à II Baruch et daterait donc de la fin du 1er—début du 2ème siècle EC.Footnote 108 Comme le remarque J. Herzer, il semble toutefois difficile d'établir la nature de la relation (s'il y en a une) unissant PesR à II Baruch.Footnote 109

PesR 26 rapporte donc l'histoire de Jérémie depuis sa naissance jusqu'à la destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor; comme II Baruch et IV Baruch, ce texte adapte et interprète le récit biblique à la lumière de la catastrophe de 70 EC. Pour notre démonstration, il importe de souligner les analogies existant entre le personnage de Jérémie dans PesR 26 et celui de Jacques selon HE II, 23, 4–18. Sans que l'action de Jérémie soit explicitement comparée à celle d'un rempart, il apparaît clairement que sa présence dans Jérusalem protège la cité des assauts de l'envahisseur babylonien. Mentionnons à cet égard, l'avertissement d'Abimélech au roi de Juda, Sédécias, selon lequel la mort de Jérémie entrainerait la chute de Jérusalem. La fonction d'intercesseur de ce dernier est également suggérée par la demande que lui adresse Sédécias d'intervenir en sa faveur auprès de Dieu. Ce passage s'inspire assurément de Jer 37.3; cependant, à la différence du texte biblique, PesR lie directement cette requête au fait que les Chaldéens assiègent Jérusalem. Le siège de la ville par Nabuchodonosor s'éternise donc pendant deux ans jusqu'à ce que Dieu enjoigne à Jérémie de quitter Jérusalem et de se rendre à Anatot. PesR 26 poursuit:

Dès que (כיון) Jérémie fut sorti de Jérusalem, l'ange descendit des cieux et il posa ses pieds sur les murs de Jérusalem en y faisant une brèche. Il s'écria: ‘Que viennent les ennemis, qu'ils entrent dans la demeure au sein de laquelle ne réside plus son Maitre, qu'ils la pillent et la détruisent! Qu'ils entrent dans la vigne, qu'ils en rasent les plants, car le gardien a laissé faire et s'en est allé’.Footnote 110

Cette section illustre parfaitement la relation existant entre la présence et l'action de Jérémie dans Jérusalem et la puissance des fortifications de la ville. Le départ de Jérémie (comme la mort de Jacques) provoque la chute des défenses de la cité.

Le motif de l'Oblias se retrouve dans d'autres passages de la littérature talmudique et notamment dans certaines traditions relatant la chute du Second Temple. Le midrash rabbah sur les Lamentations (LamR)Footnote 111 rapporte que Vespasien, sur le point de conquérir Jérusalem après trois ans et demi de siège, offrit à Rabban Yohanan ben Zakkai (RYbZ) d'épargner ses proches.Footnote 112 Ce dernier envoya donc chercher tous les Rabbis présents dans la cité; cependant, il ne put trouver R. Zaddok. Au terme de trois jours de recherches, celui-ci fut découvert à l'une des portes de la ville (בחד מן בבא מדינתא); il fut alors conduit à RYbZ qui, à sa vue, se dressa en signe de déférence. Vespasien lui demanda alors pourquoi il s'était levé devant ce vieil homme émacié. Ce à quoi répondit RYbZ:

Sur ta vie, s'il y en avait eu un comme celui-là (dans Jérusalem), et que tu avais eu deux fois plus de troupes, tu n'aurais pas pu conquérir (cette ville).Footnote 113

L'échange se poursuivant, Vespasien s'enquit de l'origine de la force de R. Zaddok. RYbZ lui répondit qu'un simple plat de haricots (פת פול) lui suffisait pour étudier cent chapitres. Le général romain voulut ensuite savoir pourquoi R. Zaddok était décharné; RYbZ lui dit que c'était à cause de ses multiples jeûnes. Vespasien ordonna alors à ses médecins de prendre soin du vieillard. Le traité Talmudique Gittin renferme un récit de la chute de Jérusalem proche en de nombreux point de LamR i, 5; il rapporte toutefois une information inédite a propos de R. Zaddok et qui concerne directement notre étude:

R. Zaddok jeûna assis pendant quarante ans pour que Jérusalem ne soit pas détruite.Footnote 114

Le portrait de R. Zaddok tel qu'il se dessine dans ces textes, présente de nombreuses analogies avec celui de Jacques dans son rôle d'Oblias. De même que par sa prière Jacques intercédait auprès de Dieu en faveur de Jérusalem, R. Zaddok, par son ascétisme et son étude de la Torah, permit à la cité de résister pendant trois ans et demi au siège de l'armée romaine. Cependant la ville fut finalement conquise par Vespasien. La première remarque de RYbZ implique que la chute de Jérusalem fut liée à la cessation de l'activité de R. Zaddok. Celle-ci pourrait s'expliquer par son extrême exténuation: il était si faible que les médecins de Vespasien durent le nourrir jusqu'à ce ‘son âme lui revienne’ (עד ששבה נשמתו אליו). Il peut aussi être proposé que R. Zaddok qui se trouvait à l'une des portes de Jérusalem, était hors des limites internes de la ville à l'heure de l'assaut romain; son pouvoir conjuratoire devint alors inefficace.

Intéressons-nous à présent à ce que la tradition rabbinique regarde comme une autre catastrophe majeure de l'histoire du peuple Juif, i. e. la chute de Béthar.Footnote 115 Pour rappel, cette forteresse située au sud-ouest de Jérusalem, fut le dernier bastion à résister aux troupes romaines pendant la seconde révolte juive (132–6 EC). La littérature talmudique rapporte que Béthar fut le théâtre de terribles massacres et que Bar-Kokhba lui-même y trouva la mort. Pour notre propos, il importe d'étudier avec attention les passages extraits du Talmud de Jérusalem et de LamR concernant le siège même de Béthar.Footnote 116 Ces récits rapportent que trois ans et demi durant, Hadrien assiégea cette cité. Or, R. Eléazar de Modi'in se trouvait dans Béthar.Footnote 117 Assis sur de la cendre et vêtu d'un cilice, il jeûnait et priait Dieu demandant:

Maitre de l'univers, ne siège pas en justice aujourd'hui.

Le siège s'éternisant, Hadrien songeait à s'en aller, quant un Samaritain (חד כותאי) vint le trouver et lui dit:

Tous les jours où cette poule (תרנגולתא, i.e. R. Eléazar de Modi'in) sera vautrée dans de la cendre, tu ne pourras pas la (Béthar) prendre; mais patiente et je ferai en sorte que tu la conquières aujourd'hui même.Footnote 118

S'introduisant dans la ville assiégée, le Samaritain trouva R. Eléazar ‘debout en prières (קאים מצלי)’. Il fit alors mine de lui glisser quelques mots à l'oreille sans que le Sage s'en aperçût. Les personnes qui le virent se saisirent de lui et l'amenèrent à Bar-Kokhba (בן כוזבא). Interrogé, le Samaritain parvint à convaincre le leader juif que R. Eléazar souhaitait livrer la ville aux Romains. Quand R. Eléazar ‘eut terminé sa prière (דחסל ר’ אלעזר צלותיה)',Footnote 119 Bar-Kokhba le questionna sur la teneur de son échange supposé avec le Samaritain; R. Eléazar lui répondit qu'il ne s'était pas entretenu avec ce dernier. Furieux, Bar-Kokhba lui donna un coup de pied qui le tua. Alors une voix divine se fit entendre proclamant:

Malheur au pasteur idolâtre qui abandonne le troupeau! L'épée sera sur son bras et sur son œil droit (Za 11. 17)…tu as ligoté le bras d'Israël et aveuglé son œil droit. Ainsi, que le bras de cet homme (Bar-Kokhba) se dessèche et que son œil droit s'obscurcisse.Footnote 120

Immédiatement après, Béthar fut prise et Bar-Kokhba tué et décapité. On apporta sa tête à Hadrien qui demanda qui l'avait terrassé. Un certain Goth (חד גונתאי)Footnote 121 affirma être celui-là mais Hadrien refusa de le croire. Quand on trouva la dépouille du chef des Juifs, on vit un serpent enroulé autour de son cou;Footnote 122 l'empereur s'exclama alors:

Si son Dieu ne l'avait pas tué, qui aurait pu le faire?

D'après cette tradition, Béthar parvint à résister à Hadrien, non pas à la faveur de ses fortifications, ni même du fait de la force surhumaine de Bar-Kokhba, mais grâce à l'intercession de R. Eléazar de Modi'in. Le portrait de ce sage paraît en cela très proche de celui de Jacques le Juste. Par ses jeûnes et ses prières incessantes, R. Eléazar réussit à obtenir la suspension du décret divin condamnant Bar-Kokhba et les défenseurs de Béthar. A cet égard, il n'est pas fortuit que le passage précédant le récit de la prise de la ville rapporte un blasphème qu'aurait prononcé Bar-Kokhba.Footnote 123 En outre, les propos attribués au Samaritain illustrent parfaitement le fait que la forteresse ne doit son salut qu'aux prières de R. Eléazar qui se révèle être la véritable fortification de Béthar. En provoquant indirectement le meurtre de R. Eléazar, le Samaritain accomplit en un jour ce qu'Hadrien n'avait réussi à faire en trois ans et demi; en effet, la mort du sage est immédiatement suivie par la chute de Béthar. Remarquons par ailleurs que, comme Jacques, R. Eléazar ne tombe pas sous les coups de l'ennemi, mais est tué par les siens.

D'autres analogies entre les figures de R. Eléazar et de Jacques le Juste peuvent être proposées. Intéressons-nous d'abord à l'étrange surnom par lequel le Samaritain désigne R. Eléazar, i. e. תרנגולתא. Ce terme est la forme féminine du mot תַּרְנְגוֹלָא signifiant coq. Ainsi entendu, ce sobriquet se référait probablement au fait que R. Eléazar était assis sur de la cendre à la façon d'une poule couvant. M. Jastrow souligne que תַּרְנְגוֹלָא apparait également sous une forme toponymique qu'il conviendrait alors de traduire par tour de guet (‘watchtower’).Footnote 124 Si cette acception (certainement dérivée du sens premier de תַּרְנְגוֹלָא) est avérée, doit-on considérer le surnom donné à R. Eléazar comme se référant en réalité à un élément du système de défense de Béthar? Compris dans ce sens, l'appellation תרנגולתא impliquerait que l'action de R. Eléazar faisait office de fortification pour la ville assiégée. Un tel élément narratif s'insérerait aisément dans le récit du siège de Béthar; en outre, il ne serait pas sans rappeler le titre attribué à Jacques, i. e. Oblias.

Il est une autre remarque, non moins spéculative, que nous souhaitons formuler. Certains savants ont avancé que R. Eléazar et Eléazar HaCohen (אלעזר הכהן), dont le nom apparait sur certaines monnaies de Bar-Kokhba, furent une seule et même personne.Footnote 125 A leur avis, l'origine supposée de R. Eléazar confirmerait sa qualité de prêtre; la cité de Modi'in était en effet le lieu de résidence de familles de cohanim, dont la plus célèbre était celle des Hasmonéens. Par ailleurs, le souvenir de la présence de R. Eléazar à Béthar aux cotés de Bar-Kokhba corroborerait cette identification. G. Alon, qui accepte cette théorie, pense qu'Eléazar HaCohen était regardé comme l'autorité sacerdotale suprême du territoire conquis par Bar-Kokhba. Pris à la lettre, ce raisonnement nous amène à conclure que R. Eléazar de Modi'in fut vraisemblablement considéré comme un Grand-Prêtre au cours de la seconde révolte juive. Bien que la prudence soit ici de rigueur, cette proposition pourrait jeter un éclairage neuf sur la question qui nous occupe: en effet, étudié sous cet angle, le portrait de R. Eléazar dans la tradition talmudique parait correspondre à celui d'un Grand-Pontife dans son rôle d'intercesseur auprès de Dieu. Cette association est-elle purement fortuite ou doit-on y voir le souvenir lointain d'événements historiques ? Il demeure que la représentation de R. Eléazar sous les traits d'un Grand-Prêtre constitue une analogie supplémentaire avec le portrait de Jacques dans le récit d'Hégésippe.

3. Conclusion

Il apparaît donc que le récit du martyre de Jacques le Juste reprend une figure littéraire qui connut une grande popularité dans la littérature juive postérieure à la destruction du Second Temple; en nous inspirant de la lettre d'Hégésippe, nous pourrions qualifier celle-ci de ‘héros-Oblias’. On retrouve ce modèle non seulement dans les écrits judéo-chrétiens mais aussi dans l'œuvre de Josèphe, dans la littérature apocalyptique et dans la tradition rabbinique.

Essayons à présent de dresser la liste des caractéristiques de l'Oblias: Ce héros apparait dans un contexte obsidional, dans lequel Jérusalem (ou Béthar dans le cas de R. Eléazar de Modiin) est menacée de dévastation par une armée étrangère. La catastrophe qui s'annonce constitue en réalité le châtiment divin promis à la cité pécheresse. Cependant, l'Oblias, homme juste s'il en est, parvient par ses incessantes intercessions, ses prières et ses jeûnes à retarder l'application du décret divin. Il représente la véritable défense de la ville assiégée, il est son unique fortification. Intercesseur par excellence auprès de Dieu, l'Oblias, est fréquemment dépeint sous les traits d'un Grand-Prêtre officiant un jour de Grand Pardon. Celui-ci est toutefois contraint d'interrompre son œuvre d'intercession, soit parce que Dieu lui enjoint de quitter la ville (cf. Jérémie dans II Baruch, IV Baruch et PesR), soit parce que ses propres concitoyens le mettent à mort (cf. Anan fils d'Anan, Jacques le Juste et R. Eléazar de Modi'in).Footnote 126 Ce développement dramatique provoque inéluctablement la chute des murailles de la cité et la conquête de celle-ci par les envahisseurs.

Il est certain que le type de l'Oblias s'inspire de personnages issus des écrits vétéro- et intertestamentaires, tels Abraham,Footnote 127 Lot,Footnote 128 Jérémie et le Grand-Prêtre Onias III.Footnote 129 Cependant la destruction du Second Temple préside seule à la naissance de cette figure littéraire. Le modèle de l'Oblias occupait en effet une fonction étiologique évidente en cette période de détresse et d'intense désarroi. Dans une certaine mesure, il permettait d'expliquer l'inexplicable en apportant des réponses à certaines questions brûlantes telles: ‘Pourquoi Dieu a-t-il livré Sa ville aux païens?’, ou ‘Comment les armées romaines sont-elles parvenues à prendre Jérusalem dont les murailles étaient réputées imprenables et à détruire son Temple?’ A cet égard, il peut être utile de citer certains passages de la Guerre des Juifs qui illustrent la confiance aveugle que plaçaient les Juifs dans les défenses de leur capitale. Ainsi, le chef rebelle Jean de Gischala se serait exclamé:

Même s'ils avaient des ailes, les Romains ne pourraient jamais passer par-dessus des murailles de JérusalemFootnote 130

De même, les Juifs assiégés auraient crié à Titus que le Temple:

serait sauvé…par Celui qui l'habitait et qu'ils avaient pour allié…Footnote 131

Ainsi, la figure de l'Oblias enseignait aux Juifs que leurs puissantes murailles avaient cédé uniquement par leur faute, car ils n'avaient pas su écouter le Juste qui les protégeait ou pire, parce qu'ils l'avaient tué. Il apparaissait en outre que les Romains ne pouvaient tirer le moindre prestige de leur victoire; la volonté de nier toute gloire à ces derniers est clairement exprimée dans certains des textes étudiés supra.Footnote 132 Le recours à ce modèle littéraire visait également à transmettre aux Juifs un message plus immédiat: S'ils voulaient se prémunir contre de nouvelles catastrophes, ils devaient entendre la voix de l'Oblias et suivre son enseignement.

La représentation de Jacques sous les traits d'un ‘héros-Oblias’ souligne ainsi le profond ancrage des auteurs du récit de son martyre dans la pensée juive de l'après-destruction du Second Temple; de surcroît, elle reflète une société juive encore composée de divers mouvements se disputant la direction spirituelle du peuple Juif, à l'heure où les élites traditionnelles dirigées par les Grands-Prêtres avaient perdu tout pouvoir.

References

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3 HE IV, 22, 8 (GCS II 1, 372).

4 Parmi les savants qui ont accepté l'origine juive d'Hégésippe, voir entre autres: Schoeps, H. J., Theologie und Geschichte des Judenchristentums (Tübingen: Mohr Siebeck, 1949) 15Google Scholar; Gustafsson, B., ‘Hegesippus' sources and his reliability’, Studia Patristica 3 (1961) 227–32Google Scholar; Mimouni, S. C., ‘La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem’, Studia Patristica 40 (2006) 447–66 (453)Google Scholar. Pour une opinion contraire, voir: Telfer, W., ‘Was Hegesippus a Jew?’, HTR 53 (1960) 143–53CrossRefGoogle Scholar; Jones, F. S., ‘Hegesippus as a Source for the History of the Jewish Christianity’, Le judéo-christianisme dans tous ses états: Actes du Colloque de Jérusalem 6–10 juillet 1998 (éd. Mimouni, S. C. et Jones, F. S.; Divina, Lectio; Paris: Cerf, 2001) 201–12 (205–6)Google Scholar.

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6 HE II, 23, 4–7.

7 Nb 6.3–4.

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9 Lv 16.17.

10 Lv 16.4.

11 M. Yoma 8, 1. Notons toutefois que d'après Lv 16.4, le Grand-Prêtre était tenu de procéder à certaines ablutions le jour du Grand Pardon.

12 Eisler, R., Iesous Basileus ou Basileusas: die messianische Unabhängigkeitsbewegung vom Auftreten Johannes des Taufers bis zum Untergang Jakobs des Gerechten nach der neuerschlossenen Eroberung von Jerusalem des Flavius Josephus und den christlichen Quellen (Religionswissenschaftliche Bibliothek 9.1–2; Heidelberg: Carl Winters Universitätsbuchhandlung, 1929–30) 2:585–6Google Scholar.

13 M. Sanh 9, 6.

14 Tos, Kelim (Baba Kama) 1, 6 (éd. Zuckermandel, 569).

15 Sur cette question, voir: Painter, J., Just James: The Brother of Jesus in History and Tradition (Columbia: Columbia University, 1997) 126Google Scholar; Jones, ‘Hegesippus’, 209–10.

16 Les principales informations relatives à Jacques le Juste qui figurent dans le Panarion sont réunies dans deux passages: Pan. 29, 3, 8—4, 4 (GCS 25, K. Holl, éd.; Leipzig: J. C. Hinrichs, 1915], 324) et Pan. 78, 14, 1–6 (GCS 37, Holl, K., éd., J. Dummer, rév.; Berlin: Akademie, 1985], 464–5Google Scholar).

17 Epiphane affirme explicitement que Jacques était Grand-Prêtre (Pan. 29, 3, 8–9; 4, 2; 78, 13, 5 [GCS 37, 464]) et qu'il était un Nazir (Pan. 29, 4, 2; 78, 7, 7 [GCS 37, 457]; 13, 5; 14, 3).

18 Pan. 29, 4, 3; 78, 13, 5 (GCS 37, 464). Selon HE II, 23, 5, Jacques priait constamment dans le Temple et non uniquement le jour du Grand Pardon.

19 Pan. 78, 14, 1; cf. HE II, 23, 6.

20 Pan. 78, 13, 3 (GCS 37, 464); 14, 1; cf. HE II, 23, 6.

21 Pan. 29, 4, 4; 78, 14, 1.

22 HE II, 23, 16.

23 Pan. 78, 14, 6.

24 Cf. Lv 16.

25 Pan. 78, 13, 3; 14, 2. Sur ce point, voir supra n. 9.

26 Pan. 78, 14, 2. D'après M. Yoma 8, 1, il est interdit de porter des sandales un jour de Grand Pardon.

27 De même, il peut être utile de mentionner l'information rapportée par Epiphane selon laquelle durant une période de disette, Jacques fit pleuvoir en levant les mains au ciel et en priant (Pan. 78, 14, 1). D. Stökl Ben Ezra rappelle à ce propos que selon le Talmud de Babylone, faire tomber la pluie était l'une des tâches incombant au Grand-Prêtre à Yom Kippour (TB Yoma 53b; TB Ta'anit, 24b). Voir: Stökl Ben Ezra, Yom Kippur, 248.

28 Pan. 78, 7, 7.

29 En dépit de ses ressemblances avec le texte d'Eusèbe, le récit d'Epiphane diffère trop de HE II, 23, 4–18 pour en être dépendant. Pour une discussion sur les relations textuelles entre les notices biographiques sur Jacques dans les œuvres d'Eusèbe et d'Epiphane, voir: Lawlor, H. J., Eusebiana; essays on the ecclesiastical history of Eusebius, Bishop of Caesarea (Oxford: Clarendon, 1912) 1107Google Scholar.

30 Lawlor, Eusebiana, 8.

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42 Erwald, H., Geschichte des Volkes Israel VI (Göttingen: Dieterichs Buchhandlung, 1858) 204Google Scholar. La proposition d'Erwald a également été acceptée par Abel, F. M. (‘La sépulture de Saint Jacques le Mineur’, RB 28 [1919] 480–99 [484])Google Scholar.

43 Lipsius, R. A., Die apokryphen Apostelgeschichten und Apostellegenden, Zweiter Band (Braunschweig: C. A. Schwetschke, 1883–84)Google Scholar 240 n. 1.

44 Hilgenfeld, A., ‘Hegesippus’, Zeitschrift für wissenschaftliche Theologie 19 (1876) 177229 (208)Google Scholar.

45 La proposition d'Hilgenfeld à été adoptée par Gero, S. (‘᾽Ωβλίας Eeconsidered’, Le muséon 88 [1975] 435–40 [440])Google Scholar et Abramowski, L. (‘Die Entstehung der dreigliedrigen Taufformel—ein Versuch’, Zeitschr. für Kirchengesch 81 [1984] 417–46 [446])Google Scholar.

46 Nösgen, K. F., ‘Der kirchliche Standpunkt Hegesipps’, Zeitschr. für Kirchengesch. 2 (1878) 193233 (225 n. 2)Google Scholar.

47 Schlatter, A., Der Chronograph aus dem zehnten Jahre Antonins (TU 12/1; Leipzig: Hinrichs, 1894) 80Google Scholar.

48 Eisler, Iesous Basileus, 2.583 n. 2.

49 Schoeps, H. J., ‘Jacobus ὁ δίκαιος καὶ ὠβλίας: Neuer Lösungsvorschlag in einer schwierigen Frage’, Biblica 24 (1943) 398403Google Scholar.

50 Torrey, C. C., ‘James the Just, and His Name Oblias’, JBL 63, no. 2 (1944) 93–8Google Scholar.

51 En 1946, H. Sahlin a également proposé de voir en Oblias une transcription corrompue du vocable hébraïque עֹבַדְיָה (Noch einmal Jacobus Oblias’, Bib 28 [1947] 152–3Google Scholar).

52 Baltzer, K. et Koester, H., ‘Die Bezeichnung des Jakobus als “‘ΩΒΛΙΑΣ”’, ZNW 46 (1955) 141–2Google Scholar.

53 HE II, 23, 7.

54 Jc 1.1.

55 Dibelius, M., James: A Commentary on the Epistle of James (rev. Greeven, H.; Hermeneia; Philadelphia: Fortress, 1976) 1516 n. 37Google Scholar.

56 Pratscher, W., Der Herrenbruder Jakobus und die Jakobustradition (FRLANT 139; Gottingen: Vandenhoeck & Ruprecht, 1987) 116–8 (117)CrossRefGoogle Scholar.

57 Ward, R. B., ‘James of Jerusalem in the First Two Centuries’, ANRW II. 26.1 (1992) 779812 (802)Google Scholar.

58 Bauckham, R., ‘James and the Jerusalem Church’, The Book of Acts in its Palestinian Setting (éd. Bauckham, R.; Carlisle: Paternoster; Grand Rapids: Eerdmans, 1995) 415–80 (448–50)Google Scholar.

59 Voir en particulier: R. A. Lipsius, Die apokryphen Apostelgeschichten II, 240 n. 1.

60 HE III, 7, 8; voir supra p. 3.

61 Ainsi que mentionné supra, l'authenticité de la locution ‘τοῦ λαοῦ’ (‘du peuple’) nous paraît douteuse; nous tendons à penser qu'il s'agit d'une interpolation tardive.

62 HE II, 23, 18.

63 Jr 35.6–10.

64 Just James, 129.

65 Jr 35.11.

66 HE III, 7, 8.

67 Contre Celse I, 47 (PG 11, col. 745–8 [éd. J.-P. Migne; Paris: Garnier, 1857]); II, 13 (PG 11, col. 823–4); Commentaire sur Matthieu X, 17 (PG 13, col. 877–8 [éd. J.-P. Migne; Paris: Garnier, 1857]).

68 HE II, 23, 20 (GCS II 1,172).

69 De viris illustribus II, 9 (PL 23, col. 609–12).

70 Sur cette question, voir par exemple: Rajak, T., Josephus: The Historian and His Society (Philadelphia: Fortress, 1983) 131 n. 73Google Scholar; Feldman, L. H., ‘A Selective Critical Bibliography of Josephus’, Josephus, the Bible and History (éd. Feldman, L. H. et Hata, G.; Detroit: Wayne State University, 1989) 434Google Scholar; idem, Josephus and Modern Scholarship (1937–1980) (Berlin/New York: de Gruyter, 1984) 704–7Google Scholar; Bernheim, P. A., Jacques, frère de Jésus (Paris: Albin-Michel, 2003) 328–32Google Scholar.

71 Il est une exception notable: dans le verset 2 R 5.24, הָעֹ֔פֶל désigne un emplacement dans la cité de Samarie.

72 Cf. 2 Ch 27.3; 33.14.

73 Cf. Ne. 3.26; 27; 11.21.

74 Voir Josephus AJ 15, 412.

75 2 Ch. 27.3; 33.14; voir aussi Is 32.14.

76 Ne 3.26.

77 BJ 2, 448; 5, 145; 254.

78 S. Gero, ‘᾽Ωβλίας reconsidered’, 439–40.

79 Je suis particulièrement reconnaissant au Professeur Steve Kaufman de l'Hebrew Union College de Cincinatti d'avoir bien voulu répondre à mes questions portant sur le mot אַבּוּלָא. Voir également Levy, J., Neuhebräisches und chaldäisches Wörterbuch über die Talmudim und Midraschim—erster Band א-ז (Leipzig: F. A. Brockhaus, 1876) 11Google Scholar.

80 Un tel phénomène pourrait expliquer l'apparente tautologie existant dans TB, MQ 22a: ‘מבבא דאבולא’.

81 Jastrow, M., A Dictionary of the Targumim, the Talmud Babli and Yerushalmi, and the Midrashic Literature (London: Luzac & Co.; New York: G. P. Putnam's Sons, 1903) 1.4Google Scholar.

82 BJ 4, 121–397.

83 BJ 4, 318–19; trad. Savinel, P. (La Guerre de Juifs [Paris: Minuit, 1977] 382Google Scholar).

84 Dans un précédent passage, Josèphe soutient déjà qu'Anan aurait pu sauver la ville s'il avait échappé à ses ennemis (BJ 4, 151).

85 Charles, R. H., The Apocrypha and Pseudepigrapha of the Old Testament in English (Oxford: Clarendon, 1913) 470Google Scholar; Bogaert, P., L'apocalypse syriaque de Baruch (2 vols.; Paris: Cerf, 1969) 1.334Google Scholar; Klijn, A. F. J., ‘2 (Syriac Apocalypse of) Baruch, a New Translation and Introduction’, The Old Testament Pseudepigrapha. Vol 1., Apocalyptic Literature and Testaments (éd. Charlesworth, J.; New York: Doubleday, 1983) 615–52 (616–7)Google Scholar.

86 II Baruch 2. 1–2; trad. Hadot, J. (‘Apocalypse syriaque de Baruch’, La Bible. Écrits intertestamentaires, [éds. Dupont-Sommer, A. et Philonenko, M.; Bibliothèque de la Pléiade, Paris: Gallimard, 1987]) 1479–557Google Scholar).

87 Voir également: Jer 6.27; 15.20.

88 II Baruch 6–8.

89 II Baruch 35.1; voir aussi: II Baruch 85.1–3.

90 Notons que par un processus inversé, l'auteur de II Baruch explique le retrait des troupes du roi assyrien Sennachérib qui assiégeaient Jérusalem (701 AEC) par l'intercession et la prière du roi Ezéchias (II Baruch 63); voir aussi: Sir 48.17–22.

91 Robinson, S. E., ‘4 Baruch—A New Translation and Introduction’, The Old Testament Pseudepigrapha. Vol. 2, Expansions of the Old Testament and Legends, Wisdom and Philosophical Literature, Prayers, Psalms, and Odes, Fragments of Lost Judeo-Hellenistic Works (éd. Charlesworth, J.; New York: Doubleday, 1985) 413–25 (414)Google Scholar.

92 Voir entre autres: Harris, J. R., The Rest of the Words of Baruch: A Christian Apocalypse of the Year 136 A.D. (London: Clay, 1889) 12Google Scholar; Robinson, ‘4 Baruch’, 414–5; Riaud, J., ‘Paraleipomena Jeremiou’, Outside the Old Testament (Cambridge Commentaries on Writings of the Jewish and Christian World 200 BC to AD 200, 4; éd. de Jonge, M.; Cambridge: Cambridge University, 1985) 213–30 (215)Google Scholar; Herzer, J., 4 Baruch (Paraleipomena Jeremiou) (Writings from the Greco-Roman World 22; Atlanta: Society of Biblical Literature, 2005) xxxivGoogle Scholar.

93 Riaud, J., ‘Les Samaritains dans Paralipomena Jeremiae’, La littérature Intertestamentaire, Colloque de Strasbourg (17–19 octobre 1983) (éd. Caquot, A.; Paris: Presses universitaires de France, 1985) 133–52 (151–2)Google Scholar.

94 Denis, A. M., ‘Les Genres Littéraires dans les Pseudépigraphes d'Ancien Testament’, JSJ 13 (1982) 15 (3)Google Scholar.

95 Sur cette question, voir: Charlesworth, J., The Pseudepigrapha and Modern Research (Septuagint and Cognate Studies Series 7; Missoula: Scholars for the SBL, 1976) 88–9Google Scholar; J. Riaud, ‘Paraleipomena Jeremiou’, 215; Robinson, ‘4 Baruch’, 416–7; Herzer, 4 Baruch, xvi–xxiii.

96 IV Baruch 8.

97 IV Baruch 1.1- 9.8.

98 Le caractère chrétien des versets IV Baruch 9. 11–32 (qui font mention de Jésus-Christ) parait incontestable.

99 IV Baruch 1.1–3. Riaud, Trad. J. (‘Paralipomènes de JérémieLa Bible. Écrits intertestamentaires [éd. Dupont-Sommer et Philonenko] 1731–63)Google Scholar.

100 Bogaert, L'apocalypse syriaque de Baruch, 181; Herzer, 4 Baruch, 47.

101 Robinson, ‘4 Baruch’, 417.

102 IV Baruch 3.3.

103 IV Baruch 1.2; 3.3; 9.1–6.

104 IV Baruch 2.1; 3.14.

105 IV Baruch 9.2. Voir: Riaud, ‘Paralipomènes de Jérémie’, 1759 n. 2.

106 IV Baruch 5.18; Bogaert, L'apocalypse syriaque de Baruch, 184 n. 1; Riaud, Jean, ‘La figure de Jérémie dans les Paralipomena Jeremiae’, dans Caquot, A., éd., Mélanges bibliques et orientaux en l'honneur de M. Henri Cazelles (AOAT 212; Kevelaer: Butzon & Bercker, 1981) 373–85 (378)Google Scholar.

107 Friedman, M., éd., Pesikta Rabbati: Midrash für den Fest-Cyclus und die ausgezeichneten Sabbathe (Vienne, 1880) 131 a-bGoogle Scholar.

108 Gry, L., ‘La ruine du temple par Titus: Quelques traditions juives plus anciennes et primitives à la base de Pesikta Rabbathi XXVI’, RB 55 (1948) 215–26 (220)Google Scholar.

109 Herzer, 4 Baruch, xxiv.

110 Friedman, Pesikta Rabbati, 131 b. Trad. Bogaert, L'apocalypse syriaque de Baruch, 224.

111 Ce midrash interprète le Livre des Lamentations (relatif à la destruction du Premier Temple en 586 AEC) à la lumière des catastrophes de 70 EC et de 135 EC. Il l'un des plus anciens midrashim palestiniens. Compilé entre le 5ème et le 7ème siècle EC, LamR reprend des traditions diverses, dont certaines remontent très probablement à l'époque tannaïtique; cf. P. Mandel, ‘Midrash Lamentations Rabbati: Prolegomenon and a Critical Edition to the Third Parasha’ (Ph.D. diss., Hebrew University of Jerusalem, 1997) 1.8–31 (en hébreu); Hasan-Rokem, G., The Web of Life—Folklore and Midrashim in Rabbinic Literature (trad. Stein, B.; Stanford: Stanford University, 2000) 8Google Scholar. Voir également: Strack, H. L., et Stemberger, G., Introduction au Talmud et au Midrash (trad. Hayoun, M. R.; Paris: Cerf, 1986) 327–30Google Scholar; Mandel, P., ‘Lamentations Rabbah’, The Oxford Dictionary of the Jewish Religion—Revised Edition (éd. Berlin, A. et Grossman, M.; New York: Oxford University, 2011) 437–8Google Scholar.

112 LamR i, 5 (éd. Buber, 65–9). Cet extrait appartient au cycle de la reddition de RYbZ à Vespasien après sa fuite de Jérusalem. Cette tradition apparait dans divers passages de la littérature rabbinique: cf. Avot de R. Nathan, version A, iv (éd. Schechter, 22–4), version B, vi (éd. Schechter, 19); TB Gittin 56a-b; Midrash des Proverbes xv (éd. Buber, 79–80). En dépit de leur caractère légendaire et de la date tardive de leur composition, ces passages renferment assurément des matériaux anciens. A cet égard, G. Alon a défendu l'historicité de la fuite de RYbZ de Jérusalem pendant la Grande Révolte juive (Rabban Johanan ben Zakkai's removal to Jabneh’, Jews, Judaism and the Classical World [Jérusalem: Magnes, 1977] 269313Google Scholar). La position d'Alon a été acceptée par plusieurs chercheurs parmi lesquels: Safrai, S., ‘New investigations into the question of Rabban Yohanan ben Zakkai's status and acts after the destruction’, Essays in Jewish History and Philology in Memory of Gedaliahu Alon (éds. Dorman, M., Safrai, S. et Stern, M.; Tel Aviv: Kibbutz Hameuchad, 1970) 203–26 (204) (en hébreu)Google Scholar. Plus circonspect quant à l'authenticité de ces récits, J. Neusner estime cependant que l'évocation par R. Akiva d'un entretien entre RYbZ et Vespasien (TB Gittin 56b) plaide en faveur de l'antiquité de cette tradition; In Quest of the Historical Rabban Yohanan ben Zakkai’, HTR 59 (1966) 393Google Scholar. Neusner ajoute que les auteurs des passages susmentionnés se sont probablement inspirés d'une tradition orale commune (Development of a Legend: Studies on the Traditions Concerning Yoḥanan ben Zakkai [Leiden: Brill, 1970] 228–34Google Scholar). De même, A. J. Saldarini plaide en faveur d'une datation haute pour la naissance de cette tradition qu'il situe entre les deux révoltes juives (70–135 EC); cf. Johanan ben Zakkai's Escape from Jerusalem: Origin and Development of a Rabbinic Story’, JSJ 6, no. 2 (1975) 189204Google Scholar. Certains ont toutefois proposé une date plus récente; I. J. Yuval, qui considère ce cycle comme étant une réponse à une tradition chrétienne, en situe l'apparition au 5ème siècle EC (Jews and Christians in the Middle Ages: Shared Myths, Common Language’, Demonizing the Other: Antisemitism, Racism, and Xenophobia [éd. Wistrich, R. S.; Amsterdam: Harwood, 1999] 88107 [91–5]Google Scholar). Pour une revue des principales études sur ce sujet, voir: Hasan-Rokem, Web of Life, 242–5 n. 74.

113 LamR i, 5. La leçon de ce passage dans l'édition Buber (68) diffère quelque peu: ‘S'il y en avait eu un comme celui-ci dans la ville, jamais tu n'aurais pu la conquérir.’

114 TB Gittin 56b.

115 M. Ta'anit 4, 6.

116 TJ, Ta'anit IV, 8, 68d-69a; LamR ii, 5; Ibid. (éd. Buber, 51a-52a). A l'exception de certains (Yeivin, S., The War of Bar Kokhba [Jerusalem: Mossad Bialik, 1952] 115 [en hébreu]Google Scholar; Abramsky, S., Bar Kokhva Nasi Israel [Tel Aviv: Massada, 1961] 81 [en hébreu])Google Scholar, l'immense majorité des savants a émis de graves doutes quant à l'historicité de ces passages; voir entre autres: Alon, G., The Jews in their Land in the Talmudic Age, 70–640 C.E. (trad. et éd. Levi, G.; Cambridge, MA: Harvard University, 1989) 604Google Scholar. Les questions relatives à l'origine de la tradition qu'ils reproduisent restent controversées. J. Efron voit dans celle-ci un ensemble composite reprenant des matériaux diverses dont certains remontent à l'époque tannaïtique (Bar Kokhva in the light of Palestinian and Babylonian Talmudic traditions’, The Bar Kokhba Revolt: A New Approach [éd. Oppenheimer, A. et Rappaport, U.; Jérusalem: Yad Izhak Ben Zvi, 1984] 47105 [59–64] [en hébreu])Google Scholar. M. Mor opte lui pour une datation plus tardive; la description peu flatteuse du Samaritain dans ces passages reflète à son sens la dégradation des relations judéo-samaritaines au cours de la période des Amoraïm (From Samaria to Shechem: The Samaritan Community in Antiquity [Jérusalem: The Zalman Shazar Center, 2003] 177 [en hébreu]Google Scholar). Pour une analyse exhaustive des textes en question, voir: Schäfer, P., Bar Kokhba-Aufstand—Studien zum zweiten jüdischen Krieg gegen Rom (Texte und Studien zum antiken Judentum 1; Tübingen: Mohr Siebeck, 1981) 136–93Google Scholar.

117 Nulle mention n'est faite des jeûnes de R. Eléazar dans TJ, Ta'anit IV, 8, 68.

118 LamR ii, 5.

119 Dans LamR ii, 5 seulement.

120 LamR ii, 5.

121 Un ‘certain Samaritain’ (‘חד כותייא’) selon TJ, Ta'anit IV, 8, 68d–69a.

122 Autour de son genou selon TJ, Ta'anit IV, 8, 68d–69a.

123 TJ, Ta'anit IV, 8, 68d-69a; LamR ii, 5; Ibid (éd. Buber, 51a-52a): ‘Quand il (Bar-Kokhba) allait au combat, il disait: ‘Maitre du monde, ne nous aide pas et ne nous décourage pas.’ C'est à ce propos qu'il est écrit: ‘Toi qui nous a rejetés et ne sors plus avec nos armées’ (Ps 60.12).’

124 Jastrow, Dictionary, 2.1700.

125 Yeivin, Bar Kokhba, 56; Alon, Jews in their Land, 623–4. Notons que cette proposition n'a pas été universellement acceptée; voir par exemple: Yankelevitch, R., ‘The Question of Bar Kokhba's Origin’, The Bar-Kokhva Revolt (éd. Oppenheimer et Rappaport) 133–9 (134) (en hébreu)Google Scholar.

126 Comme nous l'avons vu, il parait plus difficile de déterminer les raisons qui ont contraint R. Zaddok à interrompre son œuvre d'intercession; était-il lui-même sur le point de quitter la ville à l'exemple de RYbZ?

127 Gn 18.22–32.

128 Gn 19.1–26.

129 II Macc 2.3; 15.12–16.

130 BJ 4, 127.

131 BJ 5, 459. D'autres témoignages de cet ordre peuvent être trouvés; ainsi, Jean de Gischala aurait aussi déclaré: ‘qu'il n'aurait jamais peur d’être pris, car la ville appartenait à Dieu' (BJ 6, 98). Voir également: BJ 2, 207; 6, 24; 331; 7, 328.

132 Voir: II Baruch 5.3; IV Baruch 1.8; LamR i, 5. Le désir de contester à Hadrien sa victoire sur Bar-Kokhba apparait aussi dans le récit de la chute de Béthar (TJ, Ta'anit IV, 8, 69a; LamR 2, 5; Ibid., [éd. Buber, 52a]).

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Table 1.