Introduction
Dans notre travail en commun avec J.-M. Fontaine [Reference Fargues and FontaineFF18] on a défini une ‘courbe’ sur $\mathbb {Q}_p$. Il s'agit d'un schéma noethérien régulier de dimension
$1$,
$X$ sur
${\rm Spec} (\mathbb {Q}_p)$ associé au choix d'un corps perfectoïde
$F$ de caractéristique
$p$. On a également classifié les fibrés vectoriels sur
$X$. Plus précisément, à chaque choix d'un nombre rationnel
$\lambda$ est associé un fibré vectoriel
$\mathcal {O}_X(\lambda )$ semi-stable de pente
$\lambda$ sur
$X$. On a alors démontré que si
$F$ est algébriquement clos tout fibré vectoriel est somme directe de fibrés
$\mathcal {O}_X (\lambda )$.
Cette classification se traduit en termes d'algèbres semi-linéaires : à tout isocristal $(D,\varphi )$ on peut associer naturellement un fibré vectoriel
$\mathscr {E}(D,\varphi )$ sur
$X$ et alors la correspondance précédent induit une bijection entre classes d'isomorphismes d'isocristaux et de fibrés.
Soit maintenant $G$ un groupe réductif sur
$\mathbb {Q}_p$ (ou plus généralement une extension de degré fini mais on se restreint dans cette introduction au cas de
$\mathbb {Q}_p$). Dans ce texte on étudie les
$G$-fibrés sur
$X$ du point de vue des travaux fondateurs de Kottwitz sur les
$G$-isocristaux [Reference KottwitzKot85, Reference Rapoport and RichartzRR96, Reference KottwitzKot97]. Notons
$L=\widehat {\mathbb {Q}_p^{nr}}$ muni de son Frobenius
$\sigma$ et
$B(G)$ les classes de
$\sigma$-conjugaison dans
$G(L)$. Étant donné
$b\in G(L)$ on construit un
$G$-fibré
$\mathscr {E}_b$ sur
$X$. Le résultat principal de cet article est alors le suivant qui généralise le précédent pour le groupe linéaire.
Théorème 5.1 Il y a une bijection
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU1.png?pub-status=live)
entre classes de $\sigma$-conjugaison dans
$G$ et classes d'isomorphisme de
$G$-fibrés sur
$X$.
Les résultats de Kottwitz sur la structure de l'ensemble $B(G)$ s'interprètent alors agréablement du point de vue géométrique. Donnons quelques exemples (cf. sec. 6 et 8) :
— L'inclusion de la cohomologie galoisienne
$H^1(\mathbb {Q}_p,G) \subset B(G)$ comme sous-ensemble des
$G$-isocristaux ‘racines de l'unité’ s'interprète comme l'application
\[ H^1_{\rm{\acute{e}t}} ({\rm Spec} ( \mathbb{Q}_p),G)\longrightarrow H^1_{\rm{\acute{e}t}} (X,G). \]
— Le
$G$-torseur
$\mathscr {E}_b$ est semi-stable si et seulement si
$b$ est basique.
— Le morphisme des pentes
$\nu _b$ associé à
$b$ par la théorie de Dieudonné-Manin s'interprète comme un polygone de Harder-Narasimhan généralisé.
— L'application
$\kappa :B(G)\rightarrow \pi _1(G)_{\Gamma }$ de Kottwitz s'interprète comme une classe de Chern
$G$-équivariante.
La théorie de la réduction des $G$-torseurs au sens d'Atiyah-Bott permet d’éclairer sous un nouveau jour les résultats de Kottwitz. Réciproquement, celle-ci est essentielle dans la démonstration du théorème 5.1.
Il se trouve qu'au cours de la démonstration du théorème 5.1 l'auteur est tombé sur un certains nombre de faits frappants concernant la cohomologie étale de la courbe $X$ en relation avec la théorie du corps de classe local. Voici quelques exemples :
— La cohomologie étale de la courbe à coefficients dans un système local s'identifie à la cohomologie galoisienne de
$\mathbb {Q}_p$ (théo. 3.7).
— La dualité de Tate-Nakayama s'interprète comme une dualité de Poincaré sur
$X$ (coro. 3.8).
— La classe fondamentale de la courbe coïncide avec la classe fondamentale de la théorie du corps de classe (sec. 3.1).
Notons également que le théorème 5.1 fournit une nouvelle démonstration de la théorie du corps de classe local (sec. 2.2) qui, bien que fort compliquée si l'on tient compte de tous les arguments mis bout à bout, est assez naturelle et différente des autres preuves.
Il se trouve finalement que c'est durant l’élaboration de cet article que l'auteur est tombé sur certaines conjectures reliant les correspondances de Langlands locales et l'espace de module des $G$-torseurs sur cette courbe. On renvoie à [Reference FarguesFar16] et [Reference Fargues and ScholzeFS] pour cela.
1. Généralités
Soient $F$ un corps perfectoïde algébriquement clos de caractéristique
$p$ et
$E$ une extension de degré fini de
$\mathbb {Q}_p$ de corps résiduel
$\mathbb {F}_q$ que l'on suppose plongé dans
$F$. À ces données est associé un schéma
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU3.png?pub-status=live)
que l'on abrégera la plupart du temps en $X$ lorsqu'il n'y a pas d'ambigüité sur
$E$ et
$F$ [Reference Fargues and FontaineFF11, Reference Fargues and FontaineFF12, Reference Fargues and FontaineFF14, Reference Fargues and FontaineFF18]. Dans la notation précédente
$\pi _E$ est une uniformisante de
$E$, cependant
$X_{F,E}$ ne dépend pas canoniquement du choix de cette uniformisante. On note
$\bar {\mathbb {F}}_q$ la clôture algébrique de
$\mathbb {F}_q$ dans
$F$ et
$L$ le complété de l'extension maximale non-ramifiée de
$E$ de corps résiduel
$\bar {\mathbb {F}}_q$. Dans la suite, lorsqu'on considérera une extension algébrique
$E^{\prime}$ de
$E$ on supposera toujours son corps résiduel plongé dans
$\bar {\mathbb {F}}_q$ et donc
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU4.png?pub-status=live)
On notera également $E_h$ l'extension non-ramifiée de degré
$h$ de
$E$. Enfin on note parfois
$\Gamma ={\rm Gal} (\bar {E}|E)$ pour une clôture algébrique
$\bar {E}$ de
$E$.
Notons ${\rm Fib}_X$ la catégorie des fibrés vectoriels sur
$X$. Soit
$G$ un groupe réductif sur
$E$. On dispose de deux points de vue sur les
$G$-fibrés sur
$X$ :
(1) Le point de vue des
$G$-torseurs sur
$X$ localement triviaux pour la topologie étale ou, ce qui est équivalent puisque
$G$ est lisse, pour la topologie fppf.
(2) Le point de vue Tannakien des fibrés munis d'une
$G$-structure, c'est à dire les foncteurs exactes compatibles au produit tensoriel
\[ {\rm Rep}_E\, G\longrightarrow {\rm Fib}_X. \]
Ces deux points de vue sont équivalents. Plus précisément, si $\mathscr {T}\rightarrow X$ est un
$G$-torseur il définit le fibré muni d'une
$G$-structure
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU6.png?pub-status=live)
Dans l'autre sens, si $\omega :{\rm Rep}_E\, G\rightarrow {\rm Fib}_X$, d'après [Reference DeligneDel90] theo. 1.12,
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU7.png?pub-status=live)
est un $G$-torseur où
$\omega _{{\rm can}}(V,\rho )=V\otimes _E \mathcal {O}_X$ et toujours d'après [Reference DeligneDel90] cela définit une équivalence entre nos deux catégories.
Notons $\varphi \text {-Mod}_L$ la catégorie des isocristaux associée à
$L|E$ et
$\sigma$ le relèvement de
${\rm Frob}_q$. Rappelons qu'il y a un foncteur ([Reference Fargues and FontaineFF18] sec. 8.2.3])
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU8.png?pub-status=live)
Ce foncteur est exact fidèle mais non plein ce qui explique pourquoi le théorème principal 5.1 est absolument non-évident.
Définition 1.1 Pour $b\in G(L)$ on note
$\mathscr {E}_b$ le
$G$-fibré défini par le foncteur composé
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU9.png?pub-status=live)
Rappelons [Reference KottwitzKot85] que $B(G)$ désigne les classes de
$\sigma$-conjugaison dans
$G(L)$. La construction précédente définit une application
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU10.png?pub-status=live)
Lorsque $G$ est un tore il y a une identification
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU11.png?pub-status=live)
et cette application est un morphisme de groupe.
Remarque 1.2 Dans ce texte on ne considère que des torseurs sous un groupe constants sur $X$ c'est à dire de la forme
$G\times X$ avec
$G$ défini sur
$E$. Néanmoins il semblerait intéressant, et même plus naturel en un certain sens, d’étudier les torseurs sous des schémas en groupes réductifs plus généraux sur
$X$. C'est en fait déjà le point de vue adopté partiellement dans le chapitre IX de [Reference Dat, Orlik and RapoportDOR10]. En effet, tout schéma en groupes dans la catégorie
$\varphi \text {-Mod}_L$ au sens de [Reference Dat, Orlik and RapoportDOR10], déf. 9.1.8, définit un schéma en groupes sur
$X$. Par exemple, si
$(D,\varphi )$ est un isocristal le schéma en groupe réductif associé à
$(D,\varphi )$ via l'exemple 9.1.10 de [Reference Dat, Orlik and RapoportDOR10] est
${\textit{GL}} (\mathscr {E}(D,\varphi ))$. Il semblerait donc intéressant de reprendre les résultats de [Reference Dat, Orlik and RapoportDOR10] dans le cadre de cet article.
2. Le cas des tores
Dans cette section on commence par étudier la cohomologie étale de la courbe $X$ à coefficients dans un tore. Cela donne une démonstration (théo. 2.9) du théorème principal 5.1 de cet article pour les tores indépendante de celle donnée en toute généralité dans la section 5 pour tout groupe réductif. Cela nous amène à étudier la cohomologie étale de la courbe à coefficients de torsion qui se révèle avoir des liens très intéressants avec la théorie du corps de classe.
2.1 Annulation du groupe de Brauer de la courbe
On sait que ${\rm Pic} (X)=\mathbb {Z}$ engendré par la classe du fibré
$\mathcal {O}_X(1)$. On va avoir besoin dans la suite de connaître
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU12.png?pub-status=live)
D'après Grothendieck ([Reference GrothendieckGro68] coro. 2.2), puisque $X$ est noethérien de dimension
$1$,
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU13.png?pub-status=live)
où le groupe de Brauer est celui classifiant les classes d’équivalence d'algèbres d'Azumaya sur $X$. Commençons par remarquer le résultat suivant.
Proposition 2.1 Le morphisme ${\rm Br}(E)\longrightarrow {\rm Br}(X)$ est nul.
Proof Démonstration D'après la théorie du corps de classe local on sait que si $[B]\in {\rm Br}(E)$, où
$B$ est une algèbre simple sur
$E$, il existe un isocristal
$(D,\varphi )\in \varphi \text {-Mod}_L$ isocline tel que
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU14.png?pub-status=live)
Mais pour un tel isocristal
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU15.png?pub-status=live)
Théorème 2.2 On a ${\rm Br}(X)=0$.
Proof Démonstration Soit $\mathscr {A}$ une algèbre d'Azumaya sur
$X$. Pour
$\lambda \in \mathbb {Q}$ on note
$\mathscr {A}^{\geq \lambda }$ , resp.
$\mathscr {A}^{>\lambda }$, la partie de pente
$\geq \lambda$, resp.
$ > \lambda$, dans la filtration de Harder-Narasimhan de
$\mathscr {A}$. Il résulte du théorème de classification 8.2.10 de [Reference Fargues and FontaineFF18] que le produit tensoriel de deux fibrés semi-stables est semi-stable. On en déduit en regardant le morphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU16.png?pub-status=live)
défini par la loi d'algèbre que
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU17.png?pub-status=live)
De plus la section unité de $\mathscr {A}$, définie par un morphisme
$\mathcal {O}_X\xrightarrow {e} \mathscr {A}$, est à valeurs dans
$\mathscr {A}^{\geq 0}$. Il s'en suit que
$\mathscr {A}^{\geq 0}$ est une sous-algèbre de
$\mathscr {A}$ et
$\mathscr {A}^{>0}$ un idéal bilatère nilpotent dans
$\mathscr {A}^{\geq 0}$. Posons
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU18.png?pub-status=live)
comme $X$-schéma en groupes lisse. Montrons que
$H$ est un sous-groupe parabolique du groupe semi-simple
$\mathscr {A}^{\times }/e(\mathcal {O}_X^{\times })$ de radical unipotent
$1+\mathscr {A}^{>0}$. Remarquons d'abord que
$e(\mathcal {O}_X)\cap \mathscr {A}^{>0}=0$ puisque
$\mathscr {A}^{>0}$ est nilpotent. La filtration de Harder-Narasimhan de
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU19.png?pub-status=live)
est donnée par :
—
$\mathscr {E}^{\geq \lambda }=\mathscr {A}^{\geq \lambda }/e(\mathcal {O}_X)$ si
$\lambda \leq 0$;
—
$\mathscr {E}^{\geq \lambda }=\mathscr {A}^{\geq \lambda }$ si
$\lambda >0$.
Considérons la forme de Killing
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU20.png?pub-status=live)
Puisque l'algèbre de Lie $\mathscr {E}$ est localement isomorphe pour la topologie étale à
$pgl_n$, où
${\rm rg} \mathscr {A}=n^2$, c'est une forme parfaite et elle induit des isomorphismes
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqn1.png?pub-status=live)
où l’égalité de droite est valable pour la filtration de Harder-Narasimhan de n'importe quel fibré. Par définition ([Reference Gille and PoloSGA3] exp. XXVI déf. 1.1) $H$ est un sous-groupe parabolique si et seulement si c'est le cas après spécialisation en chaque fibre géométrique de
$X$. Soit donc
$\bar {x}\rightarrow X$ un point géométrique de
$X$. Par spécialisation de (1) on obtient que sous la forme de Killing de
$\mathscr {E}\otimes k(\bar {x})$
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU21.png?pub-status=live)
D'après la proposition 3.1 de [Reference GraysonGra86] on en déduit que l'algèbre $\mathscr {E}^{\geq 0}\otimes k(\bar {x})$ est parabolique de radical nilpotent
$\mathscr {E}^{>0}\otimes k(\bar {x})$. Puisque
$k(\bar {x})$ est de caractéristique
$0$, on en déduit que
$H$ est un sous-groupe parabolique de radical unipotent
$1+\mathscr {A}^{> 0}$.
Soit $P\subset {\rm PGL}_n$ le sous-groupe parabolique standard de type celui défini par
$H\subset \mathscr {A}^\times /e(\mathcal {O}_X^\times )$. Puisque
$H$ et
$P$ sont localement conjugués pour la topologie étale ([Reference Gille and PoloSGA3] exp. XXVI prop. 1.3), la classe de cohomologie
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU22.png?pub-status=live)
provient d'une classe de cohomologie dans
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU23.png?pub-status=live)
i.e. le ${\rm PGL}_n$-torseur défini par
$\mathscr {A}$ possède une réduction canonique à
$P$ (cf. rem. 2.4 qui suit). Cette classe de cohomologie est donnée par le
$P$-torseur
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU24.png?pub-status=live)
où $\tilde {P}$ est le sous-groupe parabolique de
$\hbox {GL}_n$ image réciproque de
$P$.
Notons $\alpha \in H^1_{\rm{\acute {e}t}}(X,P)$ cette classe. Soit
$\mathscr {U}_\alpha$ la forme tordue du radical unipotent
$U$ de
$P$ par
$\alpha$ via l'action de
$P$ sur
$U$ par automorphismes intérieurs. Le groupe
$\mathscr {U}_\alpha$ est filtré par
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU25.png?pub-status=live)
de gradués
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU26.png?pub-status=live)
On note $M$ le quotient de Levi de
$P$. La fibre de l'application
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU27.png?pub-status=live)
au dessus de l'image de $\alpha$ s'identifie à l'ensemble pointé
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU28.png?pub-status=live)
dont la classe triviale correspond à $\alpha$. Cet ensemble de cohomologie se dévisse alors par récurrence en les
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU29.png?pub-status=live)
qui sont nuls puisque $\mathscr {A}^{\geq \lambda }/\mathscr {A}^{>\lambda }$ est semi-stable de pente positive. On en déduit que
$\alpha$ est complètement déterminée par son image dans
$H^1_{\rm{\acute {e}t}}(X,M)$.
Notons $\beta \in H^1_{\rm{\acute {e}t}}(X,M)$ l'image de
$\alpha$. La
$\mathcal {O}_X$-algèbre
$\mathscr {A}^{\geq 0}/\mathscr {A}^{>0}$ est de la forme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU30.png?pub-status=live)
où les $\mathscr {B}_i$ sont des algèbres d'Azumaya. Le fibré
$\mathscr {A}^{\geq 0}/\mathscr {A}^{>0}$ est semi-stable de pente
$0$ or il y a une équivalence tensorielle
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU31.png?pub-status=live)
Il existe donc des algèbres semi-simples $B_1,\dots ,B_r$ centrales sur
$E$ telles que
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU32.png?pub-status=live)
On a $M=(\prod _{i=1}^{r} \hbox {GL}_{m_i})/\mathbb {G}_m$ avec
$\dim _E B_i=m_i^2$. De la proposition 2.1 on en déduit que l'image par le morphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU33.png?pub-status=live)
de notre classe de $\beta$ est celle de l'algèbre d'Azumaya
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU34.png?pub-status=live)
pour des fibré vectoriels $\mathscr {E}_i$ de rang
$m_i$. La suite exacte
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU35.png?pub-status=live)
montre alors qu'il existe des fibrés en droites $\mathscr {L}_1,\dots ,\mathscr {L}_r$ tels que
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU36.png?pub-status=live)
ce qui conclut la preuve.
Remarque 2.3 La preuve précédente s'applique pour montrer que si $k$ est un corps
${\rm Br}(k)\xrightarrow {\sim }{\rm Br}(\mathbb {P}^1_k)$ sans utiliser le théorème de Tsen.
Remarque 2.4 La première partie de la preuve précédente consiste à montrer l'existence d'une réduction canonique du type Atiyah-Bott d'un ${\rm PGL}_n$-torseur en termes d'algèbres de Lie. Comme dans les travaux de Behrend [Reference BehrendBeh95] cela se formule en la construction d'un sous-schéma en groupes parabolique de la forme intérieure de
${\rm PGL}_n$ associée à notre torseur. Dans notre situation cette forme intérieure est
$\mathscr {A}^\times$. On renvoie également à la section 5.1.
On note $E(X)$ le corps des fonctions de la courbe. Notons le corollaire suivant que nous n'utiliserons pas.
Corollaire 2.5 Le groupe de Brauer de $E(X)$ est trivial.
Proof Démonstration Pour tout entier $n\geq 1$ on a
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU37.png?pub-status=live)
où $U$ parcourt les ouverts non vides de
$X$. D'après le théorème de pureté absolu de Gabber [Reference FujiwaraFuj02] pour un tel
$U$ l'application
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU38.png?pub-status=live)
est surjective. D'après le théorème 2.2 toute classe dans $H^2 (X,\mu _n)$ est la classe de Chern d'un fibré en droites sur
$X$. La restriction d'un tel fibré en droites à
$U\subsetneq X$ est triviale (
$U$ est le spectre d'un anneau principal). On en déduit que l'image d'une telle classe dans
$H^2(U,\mu _n)$ est nulle.
2.2 Une nouvelle preuve de la théorie du corps de classe locale
En fait le théorème 2.2 précédent résulte du théorème principal 5.1 qui sera démontré indépendamment. En effet, si l'application $B({\rm PGL}_n)\rightarrow H^1_{\rm{\acute {e}t}} (X,{\rm PGL}_n)$ est surjective, puisque
$B(\hbox {GL}_n)\rightarrow B({\rm PGL}_n)$ est surjective l'application
$H^1_{\rm{\acute {e}t}} (X,GL_n)\rightarrow H^1_{\rm{\acute {e}t}} ( X,{\rm PGL}_n)$ l'est également. On a tout de même préféré donné une preuve indépendante du théorème 2.2. car le lien avec la théorie du corps de classe de
$E$ y fait déjà son apparition (cf. prop. 2.1) ce dont l'auteur ne se serait pas rendu compte s'il ne s’était intéressé qu'au théorème 5.1. En renversant les arguments on trouve alors l’énoncé suivant.
Théorème 2.6 Le théorème 5.1 implique la théorie du corps de classe local associée à $E$ au sens où l'application qui à un isocristal
$(D,\varphi )$ simple de pente
$\lambda$ associe la classe
$[{\rm End} (D,\varphi )]\in {\rm Br}(E)$ induit un isomorphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU39.png?pub-status=live)
Proof Démonstration Comme expliqué précédemment, si le théorème 5.1 est vérifié et $B$ est une algèbre centrale simple sur
$E$ alors
$B\otimes _E \mathcal {O}_X\simeq \mathscr {E}nd (\mathscr {E})$ pour un fibré vectoriel
$\mathscr {E}$ sur
$X$. Puisque
$B\otimes _E \mathcal {O}_X$ est un fibré semi-stable de pente
$0$,
$\mathscr {E}$ est semi-stable et donc d'après le théorème de classification des fibrés sur
$X$ il existe un isocristal simple
$(D,\varphi )$ tel que
$\mathscr {E}\simeq \mathscr {E}(D,\varphi )$. On conclut puisque
$B=H^0 (X,B\otimes _E \mathcal {O}_X)={\rm End} (D,\varphi )$.
Cette preuve repose sur le théorème de classification des fibrés de [Reference Fargues and FontaineFF18] qui n'utilise a aucun moment la théorie du corps de classe locale. Elle est différente des preuves usuelles au sens où elle n'utilise pas d'argument de comptage d'ordre de certains groupes de cohomologie galoisienne.
2.3 Annulation du second groupe de cohomologie des tores
Soit $T$ un tore algébrique sur
$E$. On va maintenant généraliser le théorème 2.2 au cas de
$T$. Notons
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU40.png?pub-status=live)
On note encore $T$ pour
$T\times _E X$ par abus de notation. Puisque
$\Gamma (X_{\bar {E}},\mathcal {O}_{X_{\bar {E}}})=\bar {E}$ on a
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqn2.png?pub-status=live)
Puisque ${\rm Pic} (X_{\bar {E}})=\mathbb {Q}$ on a
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqn3.png?pub-status=live)
comme module galoisien. Enfin, le théorème 2.2 fournit
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqn4.png?pub-status=live)
Théorème 2.7 On a $H^2_{\rm{\acute {e}t}}(X,T)=0$.
Proof Démonstration Considérons la suite spectrale de Hochschild-Serre
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU41.png?pub-status=live)
On a :
—
$E^{02}_2=0$ d'après (4);
—
$E^{11}_2= H^1 ({\rm Gal} (\bar {E}|E),X_*(T)_\mathbb {Q})=0$ d'après (3);
—
$E^{20}_2= H^2({\rm Gal} (\bar {E}|E),T(\bar {E}))$ d'après (2), qui est le dual de Pontryagin de
$H^0 ({\rm Gal} (\bar {E}|E),X^*(T))$ d'après Tate-Nakayama.
On en déduit que $H^2_{\rm{\acute {e}t}}(X,T)$ est un groupe divisible.
Soit maintenant $E^{\prime}|E$ une extension galoisienne scindant
$T$. Regardons la suite spectrale
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU42.png?pub-status=live)
Dans la catégorie quotient des groupes abéliens par la sous catégorie épaisse formée des groupes de torsion bornée (annulés par un entier) on a :
—
$E^{11}_2=E^{20}_2=0$ puisqu'ils sont annulés par
$[E^{\prime}:E]$;
—
$E^{02}_2= 0$ d'après le théorème 2.2.
On en déduit que $H^2_{\rm{\acute {e}t}}(X,T)$ est de torsion bornée ce qui permet de conclure.
Remarque 2.8 On a vu que le théorème 5.1 implique directement l'annulation de $\mathrm {Br} (X)$ (cf. intro. sec. 2.2). Il implique en fait plus généralement 2.7 indépendamment de tout l'arsenal de la théorie du corps de classe (en particulier la dualité de Tate-Nakayama). Considérons en effet une suite exacte de tores
$0\rightarrow T\rightarrow T'\rightarrow T''\rightarrow 0$ avec
$T'$ un tore induit. L'application
$B(T')\rightarrow B(T'')$ est surjective (Steinberg). L'annulation de
$H^2 (X,T')$ implique alors celle de
$H^2(X,T)$.
2.4 L'isomorphisme entre
$B(T)$ et
$H^1_{\rm{\acute {e}t}}(X,T)$
On peut maintenant montrer le résultat principal, le théorème 5.1, dans le cas des tores.
Théorème 2.9 Il y a un isomorphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU43.png?pub-status=live)
Proof Démonstration Le foncteur qui à $E$ et un tore
$T$ sur
$E$ associe
$H^1_{\rm{\acute {e}t}}(X_{E},T)$ vérifie :
— il est exacte à droite d'après le théorème 2.7;
— il est compatible à la restriction des scalaires c'est à dire pour
$E^{\prime}|E$ finie et
$T$ sur
$E^{\prime}$
\[ H^1_{\rm{\acute{e}t}}(X_E,{\rm Res}_{E^{\prime}/E} T)= H^1_{\rm{\acute{e}t}}(X_{E^{\prime}},T). \]
Il en est de même pour $T\mapsto B(T)$. De plus la transformation naturelle de foncteurs
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU45.png?pub-status=live)
vérifie :
— elle est compatible aux identifications
$B({\rm Res}_{E^{\prime}/E} T)=B(T)$ et
$H^1_{\rm{\acute {e}t}}(X_E,{\rm Res}_{E^{\prime}/E} T)= H^1_{\rm{\acute {e}t}}(X_{E^{\prime}},T)$;
— si
$T=\mathbb {G}_m$ c'est un isomorphisme d'après le calcul de
${\rm Pic} (X_E)$.
Le lemme 2.2 de [Reference KottwitzKot85] permet alors de conclure que c'est un isomorphisme.
Avec les notations de la section 2.3, il y a un triangle exacte
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU46.png?pub-status=live)
qui est le dévissage de $\tau _{\leq 2} Rf_*T$ en
$f_*T$ et
$R^1 f_*T$. Il induit une suite exacte
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU47.png?pub-status=live)
Via l'isomorphisme de Kottwitz ([Reference KottwitzKot85] sec. 2.4)
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU48.png?pub-status=live)
cette suite exacte coïncide avec la suite exacte
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU49.png?pub-status=live)
où la flèche de droite s'interprète comme étant l'application $[b]\mapsto [\nu _b]$. Il suffit pour cela de vérifier que les différentes flêches sont compatibles à la restriction des scalaires des tores et que ces deux suites exactes s'identifient pour
$T=\mathbb {G}_m$, ce qui ne pose pas de problème.
3. Cohomologie de la courbe à coefficients de torsion
Dans la section précédente on a étudié la cohomologie étale de $X$ à coefficients dans un tore. On va maintenant étudier la cohomologie étale du schémas
$X$ à coefficients dans des systèmes locaux de torsion.
3.1 La classe fondamentale de la courbe
Commençons par le calcul suivant.
Proposition 3.1 Il y a un isomorphisme canonique
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU50.png?pub-status=live)
via lequel ${\rm tr}(c_1(\mathcal {O}_X(1)))=\bar {1}$.
Proof Démonstration Il suffit d'utiliser la théorie de Kummer couplée au théorème d'annulation, le théorème 2.2, et le calcul de ${\rm Pic}(X)=\mathbb {Z}=\langle [\mathcal {O}_X (1)]\rangle$.
Remarquons que d'après le théorème de pureté de Gabber [Reference FujiwaraFuj02], puisque $X$ est régulier de dimension
$1$, si
$i:Z\hookrightarrow X$ est un sous-schéma fermé propre, il y a un isomorphisme canonique
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU51.png?pub-status=live)
On dispose donc d'une application classe de cycle
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU52.png?pub-status=live)
et on vérifie qu'elle est compatible à la première classe de Chern utilisée précédemment via l'isomorphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU53.png?pub-status=live)
Définition 3.2 On note
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU54.png?pub-status=live)
pour n'importe quel $x\in |X_E|$ la classe fondamentale de la courbe.
Remarquons la propriété suivante de compatibilité lorsque le corps $E$ varie.
Proposition 3.3 Soit $E^{\prime}|E$ de degré fini. Notons
$\pi _{E^{\prime}/E}:X_{E^{\prime}}\rightarrow X_E$.
(1) Le diagramme suivant commute
et donc\[ \pi_{E^{\prime}/E}^*\, \eta_{X_E} = [E^{\prime}:E] \eta_{X_{E^{\prime}}}. \]
(2) Le diagramme suivante
et donc\[ \pi_{E^{\prime}/E!}\,\eta_{X_{E^{\prime}}} = \eta_{X_E}. \]
Proof Démonstration On utilise les notations de la section 8.2 de [Reference Fargues and FontaineFF18]. Le point (1) est une conséquence de ce que l'image réciproque de $\mathcal {O}_{X_E}(1)$ à
$X_{E^{\prime}}$ est isomorphe à
$\mathcal {O}_{X_{E^{\prime}}}([E^{\prime}:E])$. Le point (2) quant à lui résulte de ce que
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU59.png?pub-status=live)
et de ce que
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU60.png?pub-status=live)
Normalisons la théorie du corps de classe de telle manière que le Frobenius arithmétique corresponde à une uniformisante.
Proposition 3.4 Via l'application ${\rm Br}(E)[n]=H^2 (E,\mu _n)\longrightarrow H^2_{\rm{\acute {e}t}}(X_E,\mu _n)$ la classe fondamentale de la théorie du corps de classe s'envoie sur la classe fondamentale de la courbe
$\eta _{X_E}$.
Proof Démonstration Soit $D_{1/n}$ l'algèbre à division sur
$E$ des automorphismes de l'isocristal isocline de pente
$-1/n$. Sa classe dans le groupe de Brauer de
$E$ est la classe fondamentale de la théorie du corps de classe associée à l'extension non-ramifiée de degré
$n$ de
$E$. De plus
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU61.png?pub-status=live)
On a un diagramme commutatif
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU62.png?pub-status=live)
duquel on déduit en chassant les cocycles de Cech non abéliens que l'application composée
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU63.png?pub-status=live)
coïncide avec
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU64.png?pub-status=live)
La proposition découle alors de ce que
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU65.png?pub-status=live)
Remarque 3.5 Traditionnellement ([Reference SerreSer68] chap. XI § 3) la classe fondamentale en théorie du corps de classe local est associée à une extension de degré fini $E^{\prime}|E$. Du point de vue de la courbe on définit
$u_{E^{\prime}/E}\in H^2 (E^{\prime}|E,\mathbb {G}_m)$ de la façon suivante. On remarque que
$\pi _{E^{\prime}/E}^*\mathcal {O}_{X_E}(1)\simeq \mathcal {O}_{X_{E^{\prime}}}([E^{\prime}:E])$. Posons
$n=[E^{\prime}:E]$. La
$\mu _n$-gerbe des racines
$n$-ièmes de
$\mathcal {O}_{X_E}(1)$ est donc neutralisée par le revêtement
$X_{E^{\prime}}\rightarrow X_E$. Il s'en suit que
$c_1(\mathcal {O}_{X_E}(1))\in \check {H}^2 (X_{E^{\prime}}/X_{E},\mu _n)$ qui est la classe de cohomologie de cette gerbe.
Remarque 3.6 Le problème existentiel usuel des théoriciens des nombres qui consiste à savoir si l'on doit normaliser la théorie du corps de classe en se faisant se correspondre un Frobenius ou bien un Frobenius géométrique et une uniformisante se reflète ici en le choix d'un générateur de ${\rm Pic} (X)$ :
$[\mathcal {O}_X(1)]$ (choix du générateur ample) ou bien
$[\mathcal {O}_X(-1)]$ (générateur anti-ample).
3.2 Cohomologie de la courbe à coefficients dans un système local
On peut maintenant en venir au point principal qui dit que l'on peut calculer la cohomologie galoisienne de $E$ à coefficients de torsion en termes de la cohomologie étale de la courbe.
Théorème 3.7 Notons $f:X\rightarrow {\rm Spec} (E)$ et soit
$\mathscr {F}$ un système locale étale de torsion sur
${\rm Spec} (E)$. Pour
$0\leq i\leq 2$ il y a un isomorphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU66.png?pub-status=live)
Proof Démonstration Commençons par vérifier que pour $i\in \{1,2\}$ on a
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU67.png?pub-status=live)
Pour cela il suffit de vérifier que pour tout entier $n\geq 1$,
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU68.png?pub-status=live)
Cela résulte alors de la suite exacte longue de Kummer couplée au fait que
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU69.png?pub-status=live)
d'après le théorème 2.2.
On peut maintenant appliquer la suite spectrale de Hochschild-Serre
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU70.png?pub-status=live)
pour conclure.
Rappelons que $X_{\bar {E}}$ est simplement connexe ([Reference Fargues and FontaineFF18] théo. 8.6.1). On en déduit le résultat suivant en utilisant la dualité de Tate-Nakayama et la formule de Tate pour la caractéristique d'Euler-Poincaré de la cohomologie galoisienne ([Reference SerreSer94] chap. II § 5 5.7).
Corollaire 3.8 Soit $\mathscr {G}$ un système local étale de torsion sur
$X$. Si
$f:X\rightarrow {\rm Spec} (E)$ on a alors
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU71.png?pub-status=live)
De plus si $\mathscr {G}^{\vee }$ désigne son dual de Pontryagin :
(1) Il y a un accouplement parfait de dualité de Poincaré pour
$0\leq i\leq 2$
qui s'interprète comme la dualité de Tate-Nakayama.\[ H^i_{\rm{\acute{e}t}} (X,\mathscr{G})\times H^{2-i}_{\rm{\acute{e}t}} (X,\mathscr{G}^{\vee}(1))\longrightarrow H^2 (X,\mathbb{Q}/\mathbb{Z} (1))\underset{\sim}{\xrightarrow{\ {\rm tr}\ }} \mathbb{Q}/\mathbb{Z} \]
(2) On dispose d'une formule pour la caractéristique d'Euler-Poincaré
qui s'interprète comme la formule de Tate.\[ \prod_{i=0}^2 \big | H^i_{\rm{\acute{e}t}} (X,\mathscr{G})\big |^{(-1)^i} = |\mathscr{G}|_E. \]
3.3 Quelques conjectures
À la vue des résultats précédents la conjecture suivante s'impose.
Conjecture 3.9 Pour $\mathscr {F}$ un faisceau étale de torsion sur
$X$ on a
$H^i(X,\mathscr {F})=0$ lorsque
$i\geq 3$.
La conjecture se ramène bien sûr au cas des faisceaux constructibles et donc au cas de $j_!\mathscr {G}$ où
$j:U\hookrightarrow X$ est l'inclusion d'un ouvert non vide de
$X$ et
$\mathscr {G}$ un système local sur
$U$. Dans la suite on notera
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU74.png?pub-status=live)
Voici deux méthodes pour attaquer cette conjecture. La première est de constater qu'elle résulte de la suivante (théorème de Tsen pour les courbes ‘usuelles’ sur un corps algébriquement clos).
Conjecture 3.10 Le corps des fonctions rationnelles sur $X$,
$E(X)$, est (C1).
Une des motivations est qu'il semble qu'un analogue de la courbe $X_E$ dans le cas
$E=\mathbb {R}$ soit lié à la conique sans point réel
$x^2+y^2+z^2=0$,
$[x:y:z]\in \mathbb {P}^2_\mathbb {R}$, c'est à dire la forme tordue de
$\mathbb {P}^1_{\mathbb {R}}$ sans points réels. Or, il est conjecturé que le corps des fonctions de cette courbe est (C1) ([Reference LangLan53] p. 379) contrairement au corps des fonctions de
$\mathbb {P}^1_{\mathbb {R}}$ qui n'est pas (C1) pour des raisons évidentes. Bien sûr lorsque
$E=\mathbb {C}$ ce corps est (C1) d'après Tsen.
Une autre façon d'attaquer la conjecture 3.9 est la suivante. Rappelons que l'on peut définir un pendant adique $X^{ad}$ de la courbe schématique
$X$ ([Reference FarguesFar15] sec. 2 et [Reference FarguesFar16]). Il y un morphisme continu de sites étales
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU75.png?pub-status=live)
Avec les notations de [Reference Fargues and FontaineFF18] cela résulte de l'existence d'un morphisme de ind-schémas $\varphi$-invariant
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU76.png?pub-status=live)
et de ce que les algèbres de Banach $B_I$ sont fortement noethériennes [Reference KedlayaKed14]. En effet, puisque
$B_I$ est fortement noethérienne, pour
$U\rightarrow {\rm Spec} (B_I)$ étale on peut définir naturellement son adifié qui est un morphisme étale
$U^{ad}\rightarrow \hbox {Spa} (B_I,B_I^{\circ })$ et cela définit un morphisme continu de sites
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU77.png?pub-status=live)
On peut alors formuler la conjecture suivante.
Conjecture 3.11 Pour tout faisceau étale de torsion $\mathscr {F}$ sur
$X$ le morphisme continu
$X^{ad}_{\rm{\acute {e}t}}\rightarrow X_{\rm{\acute {e}t}}$ induit un isomorphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU78.png?pub-status=live)
Passons maintenant à la question de l'extension de la dualité de Poincaré aux faisceaux constructibles qui se dévisse à la conjecture suivante.
Conjecture 3.12 Soit $U\subset X$ un ouvert non vide de
$X$ et
$\mathscr {F}$ un système local étale de torsion sur
$U$. Pour
$0\leq i\leq 2$ l'accouplement
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU79.png?pub-status=live)
est parfait.
Cette conjecture étant supposée vérifiée, se pose la question de son interprétation comme généralisation de la dualité de Tate-Nakayama. On peut également se demander si la bonne notion qui s'interprète agréablement comme généralisation de la dualité de Tate-Nakayama n'est pas plutôt la cohomologie d'intersection $\mathbb {H}^i (X,\mathscr {F}):=H^i(X,j_*\mathscr {F})$ qui devrait être autoduale.
4. Interprétation de l'application
$\kappa$ de Kottwitz pour les tores en termes de classe de Chern équivariante
Si $T$ est un tore sur un corps algébriquement clos de caractéristique
$0$ il y a un unique isomorphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU80.png?pub-status=live)
fonctoriel en $T$ et tel que pour
$T=\mathbb {G}_m$ celui-si soit donné par la classe de Chern d'un fibré en droites. Soit maintenant
$T$ un tore sur
$E$. On note
$\Gamma ={\rm Gal} (\bar {E}|E)$. La suite spectrale de Hochschild-Serre fournit une suite exacte
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU81.png?pub-status=live)
où $(-)^D$ désigne la dualité de Pontryagin. En écrivant
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU82.png?pub-status=live)
on obtient un accouplement
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU83.png?pub-status=live)
via l'isomorphisme trace (prop. 3.1). Puisque l'application $\mathrm {Br}(E)\rightarrow \mathrm {Br}(X)$ est nulle (prop. 2.1), cet accouplement est nul sur
$\mathrm {Br}(E)\subset H^2_{\rm{\acute {e}t}} (BT,\mathbb {Q}/\mathbb {Z} (1))$. Il induit donc un morphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU84.png?pub-status=live)
le complété profini de $X_*(T)_{\Gamma }$. Rappelons maintenant que Kottwitz a construit dans [Reference KottwitzKot85] un isomorphisme canonique
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU85.png?pub-status=live)
dont l'inverse est noté $\kappa$.
Proposition 4.1 Via l'isomorphisme $B(T)\xrightarrow {\sim } H^1_{\rm{\acute {e}t}}(X,T)$ l'application classe Chern
$T$-équivariante
$c_1^T$ coïncide avec l'opposé de l'application
$\kappa$ de Kottwitz composée avec l'inclusion de
$X_* (T)_\Gamma$ dans son complété profini.
Proof Démonstration Le morphisme $c_1^T$ est fonctoriel en
$T$. De plus, si
$E^{\prime}|E$ le diagramme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU86.png?pub-status=live)
commute. Lorsque $T=\mathbb {G}_m$ les deux applications
$c_1^{\mathbb {G}_m}$ et
$-\kappa$ coïncident car à une uniformisante
$\pi _E\in T(E)$ est associé le fibré
$\mathcal {O}_{X_E}(-1)$ de classe de Chern
$-1$. Les deux foncteurs
$T\mapsto H^1_{\rm{\acute {e}t}}(X,T)$ et
$T\mapsto \widehat {X_*(T)_\Gamma }$ étant exactes à droite on en déduit le résultat (cf. [Reference KottwitzKot85] sec. 2.1).
5. Classification des
$G$-torseurs
Dans cette section on montre le résultat principal suivant.
Théorème 5.1 Pour $G$ un groupe réductif sur
$E$ il y a une bijection d'ensembles pointés
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU87.png?pub-status=live)
Le plan de la preuve est le suivant :
— On commence par montrer dans la section 5.2 que les classes d'isomorphisme de
$G$-torseurs sur
$X$ s'identifient aux classes de
$\varphi$-conjugaison dans
$G(\bar {B})$ où
$\bar {B}$ est un anneau de théorie de Hodge
$p$-adique introduit dans [Reference Fargues and FontaineFF18].
— On traite ensuite le cas où le groupe
$G$ est quasi-déployé dans la section 5.3. Ce cas là se divise en deux :
• Le cas semi-stable (sec. 5.3.1) que l'on traite via les classes de
$\varphi$-conjugaison dans
$G(\bar {B})$.
• La réduction au cas semi-stable qui se ramène au cas précédent en montrant que tout torseur possède une réduction semi-stable à un sous-groupe de Levi (sec. 5.3.2), un énoncé analogue au fait que pour
$G=\hbox {GL}_n$ la filtration de Harder-Narasimhan est scindée.
— On conclut le cas
$G$ général par un argument de descente galoisienne non-ramifiée dans la section 5.4.
5.1 Réduction canonique d'un
$G$-torseur
La théorie de Harder-Narasimhan de la réduction des $\hbox {GL}_n$-torseurs sur les courbes propres et lisses sur un corps [Reference Harder and NarasimhanHN74] a été étendue au cadre des groupes réductifs par Atiyah et Bott dans [Reference Atiyah and BottAB83]. Atiyah et Bott se placent dans le contexte des torseurs sur une surface de Riemann compacte. Cependant Biswas et Holla montrent dans [Reference Biswas and HollaBH04] qu'une telle théorie existe dans le contexte des
$G$-torseurs sur une courbe propre et lisse sur un corps algébriquement clos de caractéristique
$0$. Ici
$G$ est un groupe réductif constant c'est à dire défini sur le corps de base. Lorsque
$G$ n'est plus constant, c'est à dire est un schéma en groupes réductifs sur la courbe, Behrend a développé dans [Reference BehrendBeh95] une théorie de la réduction d'un
$G$-torseur
$\mathscr {T}$ en termes de sous-groupe parabolique canonique du schéma en groupes réductif
$\underline {{\rm Aut}}(\mathscr {T})$ forme intérieure de
$G$. Enfin, remarquons qu'un point de vue Tannakien sur les filtrations dans les catégories Tannakiennes est étudié en détails dans [Reference ZieglerZie15] en complément des résultats de [Reference Saavedra RivanoSR72] dont nous utiliserons parfois les résultats. On pourra également se référer à [Reference CornutCor] pour des résultats généralisant ceux de [Reference ZieglerZie15] pour les groupes non constants.
Revenons à notre courbe $X$ sur
$E$. Soit
$G$ un groupe réductif sur
$E$. Si
$\mathscr {T}$ est un
$G$-torseur sur
$X$ et
$H$ un sous-groupe algébrique de
$G$ par définition une réduction de
$\mathscr {T}$ à
$H$ est la donnée d'un
$H$-torseur
$\mathscr {T}_H$ ainsi que d'un isomorphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU88.png?pub-status=live)
Par abus de notations on notera $\mathscr {T}_H$ une telle réduction, l'isomorphisme précédent étant supposé fixé. Rappelons également qu'une réduction de
$\mathscr {T}$ coïncide avec la donné d'une section de la fibration
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU89.png?pub-status=live)
étale localement triviale de fibre $G/H$. On vérifie que les résultats de [Reference Biswas and HollaBH04] s'appliquent aux
$G$-torseurs sur
$X_{\bar {E}}$. Supposons maintenant de plus que
$G$ est quasi-déployé et fixons un sous-groupe de Borel
$B$ de
$G$. Soit
$\mathscr {T}$ un
$G$-torseur sur
$X_E$ et
$\mathscr {T}_{\bar {E}}$ son image réciproque sur
$X_{\bar {E}}$. Il existe alors un sous-groupe parabolique standard
$P$ dans
$G_{\bar {E}}$ et une réduction canonique
$\mathscr {T}_{\bar {E},P}$ de
$\mathscr {T}_{\bar {E}}$ à
$P$ telle que si
$M$ désigne le quotient de Levi de
$P$
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU90.png?pub-status=live)
soit semi-stable. Appliquant la propriété de canonicité à $(P^\sigma ,\mathscr {T}_{\bar {E},P}^{\sigma })$ pour
$\sigma \in {\rm Gal} (\bar {E}|E)$ on constate alors que
$(P,\mathscr {T}_{\bar {E},P})$ descendent sur
$E$ en un couple
$(Q,\mathscr {T}_Q)$ que l'on appelle la réduction canonique de
$\mathscr {T}$.
Étant donné un $G$-torseur
$\mathscr {T}$ sur
$X$ on note
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU91.png?pub-status=live)
le fibré vectoriel en algèbres de Lie associé via la représentation adjointe. Dans la formule précédente $\underline {{\rm Aut}}(\mathscr {T})$ s'interprète également comme étant la forme intérieure de
$G\times X$ obtenue par torsion par
$\mathscr {T}$ via l'action par automorphismes intérieures de
$G$ sur lui-même.
Notons $A\subset T\subset B$ où
$A$ est un tore déployé maximal,
$T$ un tore maximal et
$B$ un sous-groupe de Borel. On utilisera dans la suite les propriétés suivantes pour
$\mathscr {T}$ de réduction canonique
$\mathscr {T}_P$ :
(1)
$\mathscr {T}$ est semi-stable si et seulement si le fibré de pente
$0$
${\rm Ad}(\mathscr {T})$ est semi-stable.
(2) L'application
est Galois invariante et définit donc un élément\begin{align*} X^* (P) & \longrightarrow \mathbb{Z} \\ \chi & \longmapsto \deg \big ( \chi_* \mathscr{T}_P\big ) \end{align*}
que l'on voit comme étant un morphisme\[ \nu_{\mathscr{T}}\in X_*(A)_\mathbb{Q} = X_*(T)_\mathbb{Q}^{{\rm Gal} (\bar{E}|E)} = {\rm Hom} (X^*(P),\mathbb{Q})^{{\rm Gal} (\bar{E}|E)} \]
où\[ \nu_{\mathscr{T}} :\mathbb{D}\longrightarrow A \]
$\mathbb {D}$ est le pro-tore des pentes,
$X^*(D)=\mathbb {Q}$.
(3) On a
la chambre de Weyl positive relativement au sous-groupe de Borel\[ \nu_{\mathscr{T}} \in X^*(A)_{\mathbb{Q}}^+ \]
$B$.
(4) Le sous-groupe parabolique
$P$ est celui associé à
$\nu _{\mathscr {T}}$.
(5) Pour
$\lambda \in \mathbb {Q}$ soit
${\rm Ad} (\mathscr {T})^{\geq \lambda }$ la partie de pente
$\geq \lambda$ dans la filtration de Harder-Narasimhan de
${\rm Ad} (\mathscr {T})$. On a alors
\begin{align*} [ {\rm Ad} (\mathscr{T})^{\geq \lambda}, {\rm Ad} (\mathscr{T})^{\geq \mu}] & \subset {\rm Ad} (\mathscr{T})^{\geq \lambda+\mu},\\ {\rm Lie} (\underline{{\rm Aut}} (\mathscr{T}_P)) & = {\rm Ad} (\mathscr{T})^{\geq 0}, \\ {\rm Lie} (R_u \underline{{\rm Aut}} (\mathscr{T}_P)) & = {\rm Ad} (\mathscr{T})^{>0}. \end{align*}
(6) Le sous-groupe parabolique
$\mathscr {P}=\underline {{\rm Aut}} (\mathscr {T}_P)\subset \underline {{\rm Aut}} (\mathscr {T})$ est le groupe des automorphismes du foncteur fibre filtré
au sens de [Reference ZieglerZie15] (théo. 4.40) donné par la filtration de Harder-Narasimhan d'un fibré vectoriel. Il admet une filtration$\mathscr {P}^{\geq \lambda }$,
$\lambda \in \mathbb {Q}_{\geq 0}$, telle que
et pour\[ \mathscr{P}^{>0}=R_u \mathscr{P} \]
$\lambda >0$,
On a de plus pour\[ \mathscr{P}^{\geq\lambda}/\mathscr{P}^{>\lambda} \xrightarrow{\;\sim\;} {\rm Ad} (\mathscr{T})^{\geq \lambda}/{\rm Ad} (\mathscr{T})^{>\lambda}\otimes \mathbb{G}_a. \]
$\lambda >0$
\[ \mathscr{P}^{\geq \lambda} = \{g\in \underline{{\rm Aut}}(\mathscr{T})\ |\ ({\rm Ad} (g)-{\rm Id}) ({\rm Ad} (\mathscr{T})^{\geq \bullet}) \subset {\rm Ad} (\mathscr{T})^{\geq \bullet +\lambda} \}. \]
Enfin, on remarquera que même si $G$ n'est pas quasidéployé le théorème 4.40 de [Reference ZieglerZie15] s'applique et tout
$G$-torseur définit un tel sous-groupe parabolique, la différence étant qu'en général ce n'est pas une forme tordue d'un groupe constant sur
$E$.
5.2 Classification des
$G$-fibrés en termes de classes de
$\varphi$-conjugaison
5.2.1 Rappels sur l'anneau
$\bar {B}$
Rappelons ([Reference Fargues and FontaineFF18] sec. 1.10) que l'on dispose d'une $L$-algèbre
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU101.png?pub-status=live)
où lorsque $E=\mathbb {Q}_p$
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU102.png?pub-status=live)
pour $\varpi _F\in F$ vérifiant
$0<|\varpi _F|<1$. De plus, si
$B^{b,+}=W_{\mathcal {O}_E}(\mathcal {O}_F)[\tfrac {1}{\pi _E}]$
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU103.png?pub-status=live)
On a alors
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU104.png?pub-status=live)
sur lequel $\varphi$ est bijectif ([Reference Fargues and FontaineFF18] sec. 1.10.4). Les anneaux
$B^{b,+}/[\varpi _F]$ et
$\bar {B}$ sont locaux de corps résiduel
$W_{\mathcal {O}_E}(k_F)_\mathbb {Q}$. De plus ([Reference Fargues and FontaineFF18] théo. 11.1.7), la réduction des scalaires induit une équivalence
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU105.png?pub-status=live)
où par $\varphi$-module on entend ici des modules libres de rang fini munis d'un isomorphisme semi-linéaire. Lorsque
$E=\mathbb {Q}_p$ la catégorie
$\varphi \text {-Mod}_{B^+}$ s'identifie à celle des
$F$-isocristaux sur
${\rm Spec} (\mathcal {O}_F/[\varpi _F])$. Il y a une équivalence de catégories (théo. 11.1.9 de [Reference Fargues and FontaineFF18])
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU106.png?pub-status=live)
Mais il faut prendre garde que ce n'est pas une équivalence de catégories exactes (cf. exemple 5.2 qui suit), les $\varphi$-modules sur
$B^+$ constituant une sorte de ‘modèle entier des fibrés où
$[\varpi _F]$ n'est pas inversé’ et l'application qui à un fibré associe un tel ‘model entier’ tue l'exactitude. Au final on a alors :
— une équivalence de catégories tensorielle additives
\[ {\rm Fib}_{X}\xrightarrow{\;\sim\;} \varphi\text{-Mod}_{\bar{B}}, \]
— un foncteur de réduction sur le corps résiduel de
$\bar {B}$
\[ \varphi\text{-Mod}_{\bar{B}} \longrightarrow \varphi\text{-Mod}_{W_{\mathcal{O}_E}(k_F)_\mathbb{Q}}, \]
— d'après le théorème de Dieudonné-Manin, puisque
$k_F$ est algébriquement clos, une équivalence entre catégories d'isocristaux
de la quelle on déduit un foncteur\[ \varphi\text{-Mod}_{L} \xrightarrow{\;\sim\;} \varphi\text{-Mod}_{W_{\mathcal{O}_E}(k_F)_\mathbb{Q}} \]
\[ red_{\bar{B},L}:\varphi\text{-Mod}_{\bar{B}}\longrightarrow \varphi\text{-Mod}_L. \]
— D'après le théorème 11.1.7 de [Reference Fargues and FontaineFF18] pour
$(M,\varphi )\in \varphi \text {-Mod}_{\bar {B}}$ il y a alors un isomorphisme (non canonique)
\[ (M,\varphi)\simeq red_{\bar{B},L} (M,\varphi)\otimes_L \bar{B}. \]
Exemple 5.2 Soient $t_1,t_2\in B^{\varphi =\pi _E}$ non colinéaires. Ils induisent une suite exacte de fibrés
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU112.png?pub-status=live)
où $u(a)=(-at_2,at_1)$ et
$v(b,c)=bt_1+ct_2$. La suite associée de
$\varphi$-modules sur
$B^+$ n'est pas exacte puisque le morphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU113.png?pub-status=live)
n'est pas surjectif comme on le voit en réduisant modulo $[\varpi _F]$ puis sur le corps résiduel de
$B^+/[\varpi _F]$ où c'est le morphisme nul.
Remarque 5.3 Bien que ce ne soit pas une équivalence de catégories exactes, l’équivalence $\varphi \text {-Mod}_{B^+}\xrightarrow {\sim } {\rm Fib}_X$ est compatible à la filtration de Harder-Narasimhan d'un fibré et tout
$\varphi$-module sur
$B^+$ est canoniquement muni d'une telle filtration.
5.2.2 La classe de
$\sigma$-conjugaison associée à un torseur
Le lemme suivant va nous permettre de nous débarrasser du problème de non-exactitude de l’équivalence entre ${\rm Fib}_X$ et
$\varphi \text {-Mod}_{\bar {B}}$.
Lemme 5.4 Soient $k$ un corps de caractéristique
$0$,
$H$ un groupe réductif sur
$k$ et
$R$ une
$k$-algèbre non nulle. Un foncteur
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU114.png?pub-status=live)
à valeurs dans les $R$-modules projectifs de type fini est un foncteur fibre si et seulement si c'est un foncteur additif compatible au produit tensoriel.
Proof Démonstration Puisque $k$ est de caractéristique zéro
$H$ est linéairement réductif et toute suite exacte dans
${\rm Rep}\, H$ est scindée. Un tel foncteur est donc automatiquement exact. D'après le corollaire 2.10 de [Reference DeligneDel90] un tel foncteur est automatiquement fidèle.
Soit maintenant $\mathscr {T}$ un
$G$-torseur sur
$X$. D'après le lemme 5.4 le foncteur composé
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqn5.png?pub-status=live)
est un foncteur fibre.
Définition 5.5 On note $[b_{\mathscr {T}}]\in B(G)$ la classe de
$\sigma$-conjugaison définissant le
$G$-isocristal associé au foncteur composé (5).
Le but est maintenant de démontrer le théorème suivant.
Théorème 5.6 Pour tout $G$-torseur
$\mathscr {T}$ sur
$X$ il y a un isomorphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU115.png?pub-status=live)
Ce théorème implique aussitôt le théorème principal 5.1.
5.2.3 La classe de
$\varphi$-conjugaison dans
$\bar {B}$ associée à un torseur
On va maintenant voir que l'on peut raffiner la classe de $\sigma$-conjugaison
$b_\mathscr {T}$ dans
$G(L)$ en une classe de
$\varphi$-conjugaison dans
$G(\bar {B})$. Pour cela nous aurons besoin du résultat suivant.
Proposition 5.7 L'anneau local $\bar {B}$ est hensélien.
Pour tout $\rho \in\ ]0,1[$ on a
$B^+_\rho =B^+_{[\rho ,1]}$ et une égalité
$B^+_\rho /[\varpi _F]= B^{b,+}/[\varpi _F]$. On montre en fait le résultat plus général suivant.
Proposition 5.8 Le couple $(\underset{\longrightarrow }{{\rm lim }}_{\rho \underset {<}{\rightarrow }1} B^+_\rho , \mathfrak {m} )$ est hensélien où
$\mathfrak {m}$ est le noyau de la surjection vers
$W_{\mathcal {O}_E}(k_F)_\mathbb {Q}$.
Proof Démonstration Soient $\rho \in\ ]0,1[$,
$P\in B^+_{\rho } [X]$ unitaire et
$x\in B^+_{\rho }$ satisfaisant
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU116.png?pub-status=live)
Dire que $P'(x)\notin \mathfrak {m}$ est équivalent à ce que le polygone de Newton de
$P'(x)$ satisfasse
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU117.png?pub-status=live)
Cela implique que quitte à agrandir $\rho$ dans
$]0,1[$ on peut supposer que
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU118.png?pub-status=live)
En regardant ce même polygone de Newton on constate également qu'il existe $\rho _0 \in\ ]0,1[$ ainsi que
$n\in \mathbb {Z}$ (la plus petite abscisse où le polygone de Newton touche l'axe des abscisses) tels que
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU119.png?pub-status=live)
Quitte à remplacer $x$ par
$\pi _E^kx$ et
$P(X)$ par
$\pi _E^{k\deg P} P ({X}/{\pi _E^k} )$ pour
$k\gg 0$ on peut de plus supposer que
$n\geq 1$.
Puisque $P(x)\in \mathfrak {m}$ son polygone de Newton ne touche pas l'axe des abscisses. On en déduit que quitte à agrandir
$\rho _0$ on peut supposer que
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU120.png?pub-status=live)
où $m(\rho )\geq n$ et
$m(\rho )\underset {\rho \rightarrow 1}{\longrightarrow } +\infty$.
On a donc pour $\rho \in [\rho _0,1]$
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU121.png?pub-status=live)
L'algorithme de Newton nous dit alors qu'il existe une racine $z\in B^+_{\rho _0}$ de
$P$ satisfaisant
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU122.png?pub-status=live)
Ces inégalité implique que le polygone de Newton de $z-x$ ne touche pas l'axe des abscisses et que donc
$z-x\in \mathfrak {m}$.
Remarque 5.9 Avec les notations de ce résultat est le pendant au voisinage de $\{\delta =1\}=V([\varpi _F])$ dans l'espace
$\mathscr {Y}$ de l’énoncé usuel au voisinage de
$\{\delta =0\} =V(\pi _E)$ qui dit que l'anneau des entiers de l'anneau de Robba borné,
$\mathcal {O}_{\mathscr {E}^\dagger }$, est hensélien ([Reference Fargues and FontaineFF18] prop. 1.8.2). En effet, on a
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU123.png?pub-status=live)
i.e. l'anneau des germes de fonctions holomorphes au voisinage du diviseur $V([\varpi _F])$, resp.
$V(\pi _E)$, est hensélien.
Soient maintenant $\mathscr {T}$ un
$G$-torseur et
$\omega _{\mathscr {T}}$ le foncteur fibre associé.
Proposition 5.10 Le foncteur composé
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU124.png?pub-status=live)
est un foncteur fibre isomorphe à $\omega _{{\rm can}}$ où
$\omega _{{\rm can}}(V,\rho )=V\otimes _E \bar {B}$.
Proof Démonstration Le fait que ce soit un foncteur fibre résulte du lemme 5.4. D'après [Reference DeligneDel90] théo. 1.12,
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU125.png?pub-status=live)
est un $G$-torseur sur
${\rm Spec} (\bar {B})$. Puisque
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU126.png?pub-status=live)
d'après Steinberg, ce $G$-torseur devient trivial sur le corps résiduel de
$\bar {B}$. Puisque
$\bar {B}$ est hensélien (prop. 5.7) on conclut que ce torseur est en fait trivial sur
${\rm Spec} (\bar {B})$ (puisque
$G$ est lisse ce torseur est lisse et il suffit d'appliquer l'existence de quasi-sections localement pour la topologie étale, cf. [Reference GrothendieckGro67] sec. 17.16).
On en déduit aussitôt le résultat suivant qui donne une correspondance entre $G$-torseurs et algèbre semi-linéaire.
Proposition 5.11 Les classes d'isomorphisme de $G$-fibrés sur
$X$ sont en bijection avec les classes de
$\varphi$-conjugaison dans
$G(\bar {B})$.
5.3 Le cas quasi-déployé
Le but de cette section est de démontrer le théorème 5.6 lorsque $G$ est quasi-déployé. Dans cette section on suppose donc
$G$ quasi-déployé.
5.3.1 Le cas semi-stable
Commençons par remarquer le point clef suivant.
Proposition 5.12 Pour $\mathscr {T}$ un
$G$-torseur sur
$X$ sont équivalents :
(1)
$\mathscr {T}$ est semi-stable;
(2) la classe de
$\sigma$-conjugaison
$[b_\mathscr {T}]$ est basique.
Proof Démonstration En effet, le torseur $\mathscr {T}$ est semi-stable si et seulement si le fibré
${\rm Ad} (\mathscr {T})$ l'est. De plus
$[b]\in B(G)$ est basique si et seulement si
$[{\rm Ad}(b)]\in B (\hbox {GL} ({\rm Lie}\, G) )$ est isocline (de pente
$0$ automatiquement). Cela résulte de ce que
$\nu _{{\rm Ad} (b)}={\rm Ad}\circ \nu _b$. On a de plus
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU127.png?pub-status=live)
On conclut en utilisant que si via le foncteur ${\rm Fib}_X\longrightarrow \varphi \text {-Mod}_L$ le fibré
$\mathscr {E}$ s'envoie sur l'isocristal
$(D,\varphi )$ alors
$\mathscr {E}$ est semi-stable si et seulement si
$(D,\varphi )$ est isocline.
Proposition 5.13 Si $\mathscr {T}$ est un
$G$-torseur semi-stable sur
$X$ on a
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU128.png?pub-status=live)
Dans la preuve de cette proposition nous aurons besoin du lemme intermédiaire suivant.
Lemme 5.14 Soit $\mathcal {G}$ un
$\mathcal {O}_E$-schéma en groupe lisse de fibre spéciale
$\mathcal {G}_{\mathbb {F}_q}$ connexe. Notons
${\mathbf {A}}=W_{\mathcal {O}_E}(\mathcal {O}_F)$ et
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU129.png?pub-status=live)
Pour tout entier $s\geq 1$ tout élément de
$\mathcal {G} (\bar {{\mathbf {A}}})$ est
$\varphi ^s$-conjugué à
$1$.
Proof Démonstration Puisque $\mathcal {G}$ est de présentation finie un élément de
$\mathcal {G}({\bf \bar{A}})$ est la réduction d'un élément de
$\mathcal {G} ( {\boldsymbol {\text A}}/[a])$ pour un
$a\in F$ satisfaisant
$0 < |a| < 1$. L'anneau
$R= {\boldsymbol {\text A}}/[a]$ est
$\pi _E$-adique et vérifie
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU130.png?pub-status=live)
Puisque $\mathcal {G}$ est lisse l'application
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU131.png?pub-status=live)
est surjective. Posons pour tout entier $n\geq 1$
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU132.png?pub-status=live)
qui définit une filtration relativement à laquelle $\mathcal {G}(R)$ est séparé complet. On a
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU133.png?pub-status=live)
D'après Lang, puisque $\mathcal {G}_{\mathbb {F}_q}$ est connexe et
$F$ algébriquement clos, tout élément de
$\mathcal {G} (\mathcal {O}_F/a)$ est
${\rm Frob}_q^s$-conjugué à
$1$. Puisque
$F$ est algébriquement clos,
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU134.png?pub-status=live)
est surjectif. On conclut facilement.
Nous allons également utiliser le lemme suivant dont la preuve élémentaire est laissée au lecteur. Du point de vue des torseur ce lemme revient à étudier les torseurs sur $X_E$ qui deviennent isomorphes après tiré en arrière sur le revêtement
$X_{E^{\prime}}\rightarrow X_E$ où
$E^{\prime}|E$ est non-ramifiée.
Lemme 5.15 Soit $s\in \mathbb {N}_{\geq 1}$. Pour
$g\in G(\bar {B})$ notons
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU135.png?pub-status=live)
qui définit une application
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU136.png?pub-status=live)
Pour $h\in G(\bar {B})$ on note également
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU137.png?pub-status=live)
le $\varphi ^s$-centralisateur de
$h$.
Pour $g\in G(\bar {B})$ on a alors :
(1) Il y a une action de
$\mathbb {Z}/s\mathbb {Z}$ sur
$I_{N_s(g),s}$ telle que
$\bar {1}\in \mathbb {Z}/s\mathbb {Z}$ agisse via
$x\mapsto g \varphi (x) g^{-1}$.
(2) Il y a une bijection d'ensembles pointés
Preuve de la proposition 5.13. On note dans cette preuve
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU139.png?pub-status=live)
Fixons une section $k_F\hookrightarrow \mathcal {O}_F$ de la projection de
$\mathcal {O}_F$ vers son corps résiduel. Cela définit un plongement
$L'\hookrightarrow \bar {B}$ et donc une section de la projection
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU140.png?pub-status=live)
Soit
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU141.png?pub-status=live)
associé à $\mathscr {T}$ par la proposition 5.11. Notons
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU142.png?pub-status=live)
la réduction de $g$.
On note $\nu _b:\mathbb {D}\rightarrow G$ le morphisme des pentes [Reference KottwitzKot85]. D'après la proposition 5.12
$b$ est basique et donc
$\nu _b$ est central. Quitte à
$\sigma$-conjuguer, resp.
$\varphi$-conjuguer,
$b$ et
$g$ par un même élément de
$G(L')$ on peut supposer
$b$ décent c'est à dire pour un
$s\in \mathbb {N}_{\geq 1}$
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU143.png?pub-status=live)
Notons
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU144.png?pub-status=live)
Soit $\mathcal {G}$ un modèle entier lisse de
$G$ sur
$\mathcal {O}_E$ à fibre spéciale connexe. Il y a un diagramme cartésien
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU145.png?pub-status=live)
duquel on déduit que
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU146.png?pub-status=live)
D'après le lemme 5.14 $h$ est
$\varphi ^s$-conjugué à
$1$ et donc, puisque
$\nu _b$ est central,
$N_s(g)$ est
$\varphi ^s$-conjugué à
$N_s(b)$ i.e. on a montré le résultat après ‘extension des scalaires’ à
$E_s$ l'extension non-ramifiée de degré
$s$. Soit
$J_b$ le
$\sigma$-centralisateur de
$b$ comme groupe algébrique sur
$E$ [Reference KottwitzKot85].
On utilise maintenant le lemme 5.15 ainsi que ses notations.
Puisque $\bar {B}^{\varphi ^s={\rm Id}}=E_s$ on a
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU147.png?pub-status=live)
où l'action de $\mathbb {Z}/s\mathbb {Z}$ sur le groupe de gauche coïncide avec celle de
${\rm Gal} (E_s|E)$. En effet, puisque
$(b\sigma )^s=(s.\nu _b) (\pi _E)\sigma ^s$ avec
$\nu _b$ central,
$I_{N_s (g),s}$ s'identifie à
$G(\bar {B})^{\varphi ^s={\rm Id}}$. L'obstruction à ce que
$g$ et
$b$ soient
$\varphi$-conjugués dans
$G(\bar {B})$ est un élément de
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU148.png?pub-status=live)
mais l'image par l'application de réduction $I_{N_s(g),s}\rightarrow J_b (E_s)$ de cette obstruction dans l'ensemble pointé
$H^1({\rm Gal} (E_s|E),J_b (E_s))$ est triviale puisque
$g$ et
$b$ deviennent
$\sigma$-conjugué par réduction vers
$L'$. On conclut.□
5.3.2 Réduction au cas semi-stable
On suppose toujours $G$ quasi-déployé. Le cas quelconque du théorème 5.6 résulte alors du cas semi-stable (5.13) et de la proposition suivante. Pour
$\hbox {GL}_n$ cette proposition est une reformulation du fait que la filtration de Harder-Narasimhan d'un fibré est scindée.
Proposition 5.16 Soit $\mathscr {T}$ un
$G$-torseur de réduction canonique
$\mathscr {T}_P$ où l'on suppose
$P$ en position standard relativement à un sous-groupe de Borel. Notons
$M$ le quotient de Levi de
$P$ et soit
$i:M\hookrightarrow P$ le facteur de Levi standard. Il y a alors un isomorphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU149.png?pub-status=live)
et donc $\mathscr {T}$ possède une réduction semi-stable à un sous-groupe de Levi.
Proof Démonstration Soit $U$ le radical unipotent de
$P$ et
$\mathscr {U}$ la forme de
$U\times X$ définie par torsion par
$\mathscr {T}_P$ via l'action par conjugaison de
$P$ sur
$U$. Le schéma en groupes unipotent
$\mathscr {U}$ possède une filtration
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU150.png?pub-status=live)
vérifiant
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU151.png?pub-status=live)
La fibre de l'application
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU152.png?pub-status=live)
au dessus de l'image de $[\mathscr {T}_P]$ s'identifie à
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU153.png?pub-status=live)
Ce groupe de cohomologie est trivial puisque pour tout $\lambda >0$,
${\rm Ad}(\mathscr {T}) ^{\geq \lambda }/{\rm Ad} (\mathscr {T})^{>\lambda }$ est semi-stable de pente positive et donc
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU154.png?pub-status=live)
5.4 Le cas général
5.4.1 Le sous-groupe parabolique associé à un torseur
Soit $(M,\varphi )\in \varphi \text {-Mod}_{\bar {B}}$. D'après le théorème 11.1.7 de [Reference Fargues and FontaineFF18]
$(M,\varphi )$ admet une décomposition de Dieudonné-Manin. Bien que non-unique, la filtration associée
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU155.png?pub-status=live)
avec ${\rm gr}^\lambda M$ isocline de pente
$-\lambda$ est unique. Elle correspond à la filtration de Harder-Narasimhan du fibré associé à
$(M,\varphi )$ (cf. rem. 5.3).
Soient $G$ un groupe réductif sur
$E$ et
$\beta \in G(\bar {B})$ que l'on pense comme étant associé à un
$G$-torseur sur
$X$, cf. prop. 5.11. On ne suppose pas
$G$ quasi-déployé. Le foncteur
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU156.png?pub-status=live)
défini par la filtration précédente de Harder-Narasimhan est un foncteur fibre filtré au sens de [Reference ZieglerZie15] (utiliser que $E$ est de caractéristique
$0$ ce qui implique que
$G$ est linéairement réductif et donc le gradué de la filtration de Harder-Narasimhan définit un foncteur exact). D'après le théorème 4.40 de [Reference ZieglerZie15] on peut lui associer un sous-groupe parabolique
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU157.png?pub-status=live)
Notons
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU158.png?pub-status=live)
la représentation adjointe. La filtration de Harder-Narasimhan de $(\mathfrak {g}\otimes _E \bar {B},{\rm Ad} (\beta )\varphi )$ définit une filtration
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU159.png?pub-status=live)
telle que
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU160.png?pub-status=live)
Le sous-groupe parabolique $\mathscr {P}$ est filtré par
$(\mathscr {P}^{\geq \lambda })_{\lambda \geq 0}$ avec
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU161.png?pub-status=live)
5.4.2 Structure du groupe des automorphismes d'un
$G$-torseur
On continue avec les hypothèses et notations précédentes. Notons maintenant
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU162.png?pub-status=live)
le $\varphi$-centralisateur de
$\beta$. Il s'identifie au groupe des automorphismes d'un
$G$-torseur associé. Puisque
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU163.png?pub-status=live)
Il y a une action
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU164.png?pub-status=live)
pour laquelle
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU165.png?pub-status=live)
Pour $\lambda \geq 0$ l'action de
$\psi$ sur
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU166.png?pub-status=live)
est donnée par ${\rm Ad} (\beta )\varphi$. Pour
$(M,\varphi )\in \varphi \text {-Mod}_{\bar {B}}$ on a
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU167.png?pub-status=live)
([Reference Fargues and FontaineFF18] lemme 11.1.6). On en déduit que si $(I_\beta ^{\geq \lambda })_{\lambda \geq 0}$ désigne la filtration associée,
$I_\beta ^{\geq \lambda } = I_\beta \cap \mathscr {P}^{\geq \lambda }(\bar {B})$ alors si
$\lambda >0$
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU168.png?pub-status=live)
qui est isomorphe à une somme finie de copies de $\bar {B}^{\varphi ^h=\pi _E^d}=H^0(X,\mathcal {O}_X(\lambda ))$ si
$\lambda =d/h$ avec
$(d,h)=1$. De plus,
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU169.png?pub-status=live)
après le choix d'une $\varphi$-conjugaison entre
${\rm Ad} (\beta )$ et
${\rm Ad} (b)$.
5.4.3 Fin de la preuve du théorème 5.1 par descente galoisienne non-ramifiée
Voyons maintenant comment conclure la preuve du théorème 5.6 lorsque $G$ n'est pas forcément quasi-déployé. Soit donc
$G$ un groupe réductif sur
$E$. Puisque
$H^1 (E^{nr},G_{ad})$ est trivial (Steinberg)
$G$ est quasi-déployé sur une extension non-ramifiée de
$E$. Soit donc
$h\geq 1$ tel que
$G_{E_h}$ soit quasi-déployé. Soit
$\mathscr {T}$ un
$G$-torseur sur
$X_E$,
$\beta \in G(\bar {B})$ et
$b\in G(L)$ associés. On veut montrer que
$\beta$ et
$b$ sont
$\varphi$-conjugués.
On utilise les notations du lemme 5.15. On sait d'après la section 5.3 précédente que $N_h(\beta )$ et
$N_h (b)$ sont
$\varphi ^h$-conjugués. L'action de
${\rm Gal} (E_h|E)$ sur
$I_{N_h(\beta )}$ du lemme 5.15 est compatible à la filtration définie précédemment. De plus, pour
$\lambda >0$
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU170.png?pub-status=live)
puisqu'on regarde la cohomologie d'un groupe fini à valeurs dans un $\mathbb {Q}$-espace vectoriel. On en déduit que l'application
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU171.png?pub-status=live)
est un isomorphisme. Le résultat s'en déduit par application du lemme 5.15 puisque
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU172.png?pub-status=live)
6. Le dictionnaire entre Kottwitz et Atiyah-Bott
On dispose maintenant du théorème 5.1. Dans cette section on interprète certains résultats de [Reference KottwitzKot85] et [Reference KottwitzKot97] en termes de torseurs.
6.1 Classification sur
$\bar {E}$
Soit $G$ un groupe réductif sur
$E$. Il y a une application
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU173.png?pub-status=live)
si $b$ est décent, auquel cas
$\nu _b$ est défini sur
$E^{nr}$. Rappelons maintenant que la catégorie Tannakienne des isocristaux
$\varphi \text {-Mod}_L$ est
$E$-linéaire neutre sur
$E^{nr}$. Il y a en effet un foncteur fibre
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU174.png?pub-status=live)
Ce foncteur fibre est $\mathbb {Q}$-gradué et le lien associé est le pro-tore des pentes
$\mathbb {D}$. Il s'en suit que si
$b\in G(L)$ est décent le
$G$-isocristal associé est complètement déterminé après extension des scalaires à
$E^{nr}$ par
$\nu _b$.
Traduisons maintenant cela du coté de la courbe $X$. Pour
$h\in \mathbb {N}_{\geq 1}$ on note
$X_h=X_{E_h}$,
$X=X_1$. Notons
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU175.png?pub-status=live)
le $\mathbb {G}_m$-torseur sur
$X_h$ associé au fibré en droites
$\mathcal {O}_{X_h}(1)$. Si
$h|h'$ et
$\pi _{h',h}:X_{h'}\rightarrow X_h$ il y a un isomorphisme canonique
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU176.png?pub-status=live)
Cela définit un morphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqn6.png?pub-status=live)
Définition 6.1 On pose
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU177.png?pub-status=live)
où la limite projective est prise suivant les applications de transition (6). C'est un $\mathbb {D}$-torseur sur
$X_{E^{nr}}$.
On obtient alors le résultat suivant.
Proposition 6.2 Si $b$ est décent il y a un isomorphisme de
$G$-torseurs sur
$X_{E^{nr}}$
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU178.png?pub-status=live)
Remarque 6.3 Dans la proposition précédente c'est $-\nu _b$ qui intervient et non
$\nu _b$ car les pentes de Newton et de Harder-Narasimhan sont opposées, le fibré associé à
$[\pi _E]\in B(\mathbb {G}_m)$ est
$\mathcal {O}_{X}(-1)$.
Remarque 6.4 Il faut faire attention que si $E^{\prime}|E$ est ramifiée bien que
$\pi _{E^{\prime}/E}^*\mathcal {O}_{X_E}(1)\simeq \mathcal {O}_{X_{E^{\prime}}} ([E^{\prime}:E])$, il n'y a pas de tel isomorphisme canonique. Cela provient du fait que le fibré en droites
$\mathcal {O}_{X_E}(1)$ dépend du choix d'une uniformisante que l'on a fixée depuis le début
$\pi _E$ et qu'afin de fixer un isomorphisme entre
$\pi _{E^{\prime}/E}^*\mathcal {O}_{X_E}(1)$ et
$\mathcal {O}_{X_{E^{\prime}}} ([E^{\prime}:E])$ il faut choisir un élément
$u\in L^\times$ tel que
$\pi _{E^{\prime}}^{e_{E^{\prime}/E}}/\pi _E=u^{\sigma -1}$, cf. [Reference Fargues and FontaineFF18].
En appliquant maintenant le théorème 5.1 on obtient le résultat suivant.
Théorème 6.5 Soit $E^{\prime}|E^{nr}$ une extension algébrique. Il y a une bijection
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU179.png?pub-status=live)
6.2 Plongement de la cohomologie galoisienne dans
$B(G)$
Soit $[b]\in B(G)$ et
$J_b$ le groupe algébrique associé tel que
$J_b (E)$ soit
$\sigma$-centralisateur de
$b$. Pour
$R$ une
$E$-algèbre
$J_b (R)$ est le groupe des automorphismes compatibles au produit tensoriel du foncteur
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU180.png?pub-status=live)
D'après [Reference Rapoport and RichartzRR96] prop. 1.17 ou bien [Reference KottwitzKot97] 3.5 il y a une identification
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqn7.png?pub-status=live)
et en particulier
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqn8.png?pub-status=live)
qui identifie la cohomologie galoisienne de $G$ avec les ‘
$G$-isocristaux unités’.
Ces plongements s'interprètent de la façon suivante en termes de $G$-torseurs sur
$X$. Il y a un plongement de
$X$-schémas en groupes réductifs
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU181.png?pub-status=live)
Dès lors l'application (7) est donnée par
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU182.png?pub-status=live)
En particulier l'inclusion (8) est donnée par l'image réciproque
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU183.png?pub-status=live)
où $f:X\rightarrow {\rm Spec} (E)$.
6.3 Morphisme des pentes et polygone de Harder-Narasimhan
On suppose maintenant $G$ quasi-déployé. On a déjà vu (prop. 5.12) que
$b\in B(G)$ est basique si et seulement si
$\mathscr {E}_b$ est semi-stable et donc
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU184.png?pub-status=live)
Fixons $A\subset T\subset B$ où
$A$ est un tore déployé maximal,
$T$ un tore maximal et
$B$ un sous-groupe de Borel. Puisque
$G$ est quasi-déployé
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU185.png?pub-status=live)
et on voit donc $[\nu _b]$ pour
$[b]\in B(G)$ comme un élément de la chambre de Weyl positive. Rappelons également (sec. 5.1) qu’étant donné un
$G$-torseur
$\mathscr {T}$ sur
$X$ on peut définir son polygone de Harder-Narasimhan généralisé
$\nu _\mathscr {T}\in X_*(A)_\mathbb {Q}^+$. On vérifie alors aussitôt la proposition suivante (cf. remarque 6.3 pour le signe
$-$).
Proposition 6.6 On a l’égalité suivante dans la chambre de Weyl positive
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU186.png?pub-status=live)
où $w_0$ est l’élément de plus grande longueur dans le groupe de Weyl. En particulier le sous-groupe parabolique associé à la réduction canonique de
$\mathscr {E}_b$ est le sous-groupe parabolique opposé associé à
$\nu _b$.
Quitte à $\sigma$-conjuguer
$b$ on peut supposer que
$\nu _b:\mathbb {D}\rightarrow A$. Soit alors
$M_b$ le centralisateur de
$\nu _b$, un sous-groupe de Levi standard. Alors,
$b\in M_b (L)$ et si on note
$b'=b$ vu comme élément de
$M_b (L)$
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU187.png?pub-status=live)
qui est la réduction canonique de $\mathscr {E}$ (on a déjà vu que
$\mathscr {E}$ possède une réduction au Levi, cf. prop. 5.16).
7. Un analogue d'un résultat de Drinfeld-Simpson
Voici un analogue du théorème principal de [Reference Drinfeld and SimpsonDS95]. On remarquera que contrairement à [Reference Drinfeld and SimpsonDS95] on n'a pas besoin de supposer que $G$ est semi-simple. Cela résulte du fait que dans notre cas
${\rm Pic}^0(X)=0$.
Théorème 7.1 Supposons $G$ quasi-déployé. Soit
$\infty \in |X|$ un point fermé de
$X$. Pour
$\mathscr {T}$ un
$G$-torseur sur
$X$,
$\mathscr {T}_{|X\setminus \{\infty \}}$ est trivial c'est à dire possède une section.
Concrètement, à la vue du théorème 5.1, le théorème précédent se traduit de la façon suivante. Soit $t\in B^{\varphi =\pi _E}$ non nul tel que
$V^+(t)=\{\infty \}$. Notons
$B_e=B[{1}/{t}]^{\varphi ={\rm Id}}$,
$X\setminus \{\infty \}= {\rm Spec} (B_e)$. Soit
$b\in G(L)$. Le théorème dit alors que les deux foncteurs fibres sur
${\rm Rep}\, G$ à valeurs dans les
$B_e$-modules libres
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU188.png?pub-status=live)
sont isomorphes.
Avant d'entamer la preuve remarquons le résultat suivant.
Proposition 7.2 Si $G$ est quasi-déployé tout
$G$-torseur sur
$X$ possède une réduction à un sous-tore de
$G$.
Proof Démonstration C'est une conséquence du théorème 5.1, du fait que toute classe de $\sigma$-conjugaison dans
$G$ possède une réduction basique à un sous-groupe de Levi et de ce que si
$M$ est un sous-groupe de Levi d'un sous-groupe parabolique de
$G$ et
$T$ un tore elliptique dans
$M$ alors l'application
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU189.png?pub-status=live)
est surjective ([Reference KottwitzKot85] prop. 5.3).
Preuve du théorème 7.1. D'après la proposition 7.2 on peut supposer que $G$ est un tore que l'on note maintenant
$T$. Il s'agit de montrer que le morphisme de groupes
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU190.png?pub-status=live)
est nul. Soit $E^{\prime}|E$ une extension galoisienne scindant
$T$. Il y a une suite exacte de tores
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU191.png?pub-status=live)
D'après le théorème 2.7 (cf. également rem. 2.8 qui montre que la preuve que nous sommes en train d'effectuer est indépendante de l'arsenal de la théorie du corps de classe) on a $H^2(X, T')=0$. Il y a donc un diagramme.
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU192.png?pub-status=live)
Il suffit maintenant de constater que puisque ${\rm Pic}^0 (X_{E^{\prime}})=0$,
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU193.png?pub-status=live)
Remarque 7.3 Du point de vue de [Reference Drinfeld and SimpsonDS95] le théorème 7.1 peut s'interpréter de la façon suivant. Soit $F|\mathbb {F}_q$ un corps perfectoïde non nécessairement algébriquement clos (contrairement à l'hypothèse faite dans tout cet article) et
$\mathscr {T}$ un
$G$-torseur sur
$X_F$. Soit
$\infty \in |X_F|$ un point fermé. Alors, après le revêtement pro-étale
$\hbox {Spa} (\hat {\bar {F}}\big )\rightarrow \hbox {Spa} (F)$, via le morphisme
$X_{\hat {\bar {F}}}\rightarrow X_F$, le tiré en arrière de
$\mathscr {T}_{|X\setminus \{\infty \}}$ devient trivial.
Corollaire 7.4 Sous les hypothèses du théorème 7.1 y a une bijection
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU194.png?pub-status=live)
Notons également le corollaire suivant qui pourrait s'avérer utile.
Corollaire 7.5 Si $G$ est quasi-déployé et
$B$ est un sous-groupe de Borel de
$G$ alors tout
$G$-torseur sur
$X$ possède une réduction à
$B$.
Proof Démonstration Choisissons un point fermé $\infty \in |X|$ et soit
$\mathscr {T}$ un
$G$-torseur sur
$X$. D'après le théorème 7.1
$\mathscr {T}_{|X\setminus \{\infty \}}$ possède une réduction à
$B$ c'est à dire une section au dessus de
$X\setminus \{\infty \}$ de la fibration localement triviale pour la topologie étale
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU195.png?pub-status=live)
de fibre $G/B$. Puisque ce morphisme est propre, par le critère valuatif de propreté une telle section s’étend automatiquement à
$X$.
Remarque 7.6 Le corollaire précédent illustre bien la ‘souplesse géométrique’ qu'apportent les fibrés par rapport aux isocristaux. Par exemple, bien qu'un isocristal simple de hauteur $>1$ n'ait pas de réduction à un sous-groupe de Borel, le fibré associé est (non canoniquement) une extension successive de fibrés en droites.
8. Interprétation de l'application de
$\kappa$ de Kottwitz en termes de classe de Chern
Notons $\pi _1 (G)$ le groupe fondamental au sens de Borovoi de
$G$. Kottwitz a défini dans [Reference KottwitzKot85] une application
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU196.png?pub-status=live)
qui généralise celle de la section 4 dans le cas des tores. Voici une description en termes de cohomologie abélianisée de Borovoi [Reference BorovoiBor98] et de cohomologie de modules croisés à la Breen [Reference LabesseLab99]. Considérons le module croisé $[G_{sc}\rightarrow G]$ où
$G_{sc}$ désigne le revêtement universel de
$G_{der}$ et
$G$ agit sur
$G_{sc}$ par automorphismes intérieurs. Breen a défini dans l'appendice B de [Reference LabesseLab99] la cohomologie à valeurs dans module croisé dans n'importe quel topos. On considère ici le cas du topos étale de
$X$.
Le morphisme de modules croisés
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU197.png?pub-status=live)
induit un morphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU198.png?pub-status=live)
Maintenant, si $T$ est un tore maximal dans
$G$ et
$T_{sc}$ désigne son image réciproque à
$G_{sc}$, l'inclusion
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU199.png?pub-status=live)
est un quasi-isomorphisme i.e. induit un isomorphisme sur les $\pi _1$ et
$\pi _0$. On en déduit un isomorphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU200.png?pub-status=live)
Mais puisque $H^2 (X,T_{sc})=0$ (théo. 2.7)
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU201.png?pub-status=live)
Qui s'identifie via l'isomorphisme $\kappa$ pour les tores à
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU202.png?pub-status=live)
puisque $X_* (T_{sc})\subset X_*(T)$ s'identifie au sous-groupe engendré par les coracines associée à un sous-groupe de Borel de
$G_{\bar {E}}$ de Levi
$T_{\bar {E}}$. On en déduit une application
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU203.png?pub-status=live)
dont on vérifie que c'est celle définie par Kottwitz via la bijection $B(G)\xrightarrow {\sim } H^1(X,G)$.
Si $H$ est un groupe réductif sur un corps algébriquement clos et
$\ell$ un nombre premier différent de la caractéristique de ce corps l'inclusion d'un tore maximal
$T\subset H$ induit un morphisme de champs algébriques
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU204.png?pub-status=live)
qui induit un isomorphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU205.png?pub-status=live)
où $W$ désigne le groupe de Weyl de
$T$ [Reference GrothendieckGro58]. Ainsi, la cohomologie de
$BH$ est concentrée en degrés pairs et
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU206.png?pub-status=live)
On en déduit en particulier un isomorphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU207.png?pub-status=live)
En général, pour des groupes autre que le groupe linéaire, la cohomologie entière $H^\bullet (BH,\mathbb {Z}_\ell )$ possède de la torsion ‘exotique’ (cf. [Reference GrothendieckGro58] et [Reference TotaroTot05]). Néanmoins il y a toujours un morphisme
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqn9.png?pub-status=live)
Il se décrit de la façon suivante en utilisant la cohomologie des topos à valeurs dans un module croisé de Breen et le topos lisse du champ algébrique $BH$ (sec. 2 de [Reference Illusie and ZhengIZ16]). Soit
$EH\rightarrow BH$ le
$H$-torseur universel. Le poussé en avant du
$H$-torseur universel
$E H$ par
$[1\rightarrow H]\rightarrow [H_{sc}\rightarrow H]$ définit un élément de
$H^1 ( BH, [H_{sc}\rightarrow H])$. Si maintenant
$T$ est un tore maximal dans
$H$ il y a un isomorphisme
$H^1 ( BH, [T_{sc}\rightarrow T])\xrightarrow {\sim } H^1(BH, [H_{sc}\rightarrow H])$. Pour un entier
$n\geq 1$ la suite exacte
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU208.png?pub-status=live)
nous permet de définir la classe de Chern de notre classe comme un élément de
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU209.png?pub-status=live)
Lorsque $n$ varie cela fournit une classe dans
$H^2 (BH, \widehat {\pi _1(H)} (1) )$ (complétion profinie) qui nous donne le morphisme (9) cherché.
Revenons maintenant à $G$ sur
$E$. Comme dans la section 4 on a une application
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU210.png?pub-status=live)
On a $H^1 (BG_{\bar {E}}, \mathbb {Q}/\mathbb {Z} (1))=0$ par connexité de
$G$ et donc une suite exacte
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU211.png?pub-status=live)
D'après la proposition 2.1 l'accouplement précédent est nul sur $\mathrm {Br} (E)$ et on obtient donc un accouplement
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU212.png?pub-status=live)
c'est à dire encore une application classe de Chern
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU213.png?pub-status=live)
Du cas des tores (prop. 4.1) on déduit que via le théorème 5.1
![](https://static.cambridge.org/binary/version/id/urn:cambridge.org:id:binary:20201215112048017-0075:S0010437X20007423:S0010437X20007423_eqnU214.png?pub-status=live)
Acknowledgements
J'aimerais remercier Michael Rapoport et Peter Scholze pour de nombreuses discussions sur le sujet. J'aimerais également remercier Arthur-César Le Bras qui m'a fait remarquer que la conjecture 3.10 admet un analogue archimédien et Urs Hartl pour des corrections.