Le témoignage sur la relation des marins à Sfax à la sainteté, absente ou à peine mentionnée dans les textes écrits, est révélé à travers des données archéologiques et notamment par des inscriptions épigraphiques. L'oratoire de Sîdî al-Bahrî et le minaret de Sîdî ʿAmar Kammûn à la médina de Sfax illustrent cette relation et démontrent une honorabilité religieuse et la diffusion d'une piété marine, notamment par les dons offerts de la part des marins pour l’édification, l'agrandissement, l'embellissement ou la restauration de ces constructions pieuses. Par ailleurs, ces monuments posent un certain nombre des questions sur le statut des saints ainsi que la vénération qui les entoure par la communauté maritime. La présente étude voudrait illustrer cette relation. Après avoir reproduit les données archéologiques, nous justifierons notre point de vue.
Concernant l'identification de Sîdî al-Bahrî, elle est assez difficile en raison du mutisme des témoignages livresques. Les sources que nous avons pu consulté ne mentionnent guère, ni le saint, ni l'oratoire. Ce n'est que, comme l'a signalé le professeur Faouzi Mahfoudh (Reference Mahfoudh1988, 2:388), vers la fin du XIX siècle que le monument apparaît dans l'inventaire de l’école polytechnique de Bardo et dans les trois registres de la comptabilité d'Abû al-ʿAbbâs al-Nûrî. L'intérêt archéologique de l'oratoire a été bien étudié par F. Mahfoudh, cependant quelques questions restent posées notamment la relation de cet oratoire avec les marins et la vie maritime et la représentation de Sîdî al-Bahrî pour la communauté maritime de la médina de Sfax. C'est ce que nous essayons d'entreprendre dans cette étude. Ceci étant il convient de présenter le monument et sa situation pour voir effectivement s'il avait une relation avec les marins ou nom?
Situation
L'oratoire se trouve à l'intérieur des remparts à gauche de Bâb al-Dîwân, l'entrée sud de la médina, et en jonction avec la rue al-Qasaba. Ce quartier se caractérise par une activité intense. On y trouve autrefois commerçants, changeurs, portefaix, pêcheurs, consommateurs, bêtes. « Le marché aux poissons se trouvait à l'intérieur des remparts, juste à coté de la porte, au voisinage de Sîdî al-Bahrî et de la Mosquée al-‘Adjûzayn. Cet ensemble se prolongeait par la rue qui mène a Burdj al-Nâr où se rassemblaient les familles des raïs comme nous le fait comprendre un acte de propriété en date de 1074H/1663 ap. J.-C. »Footnote 1 « Mahmûd Magdîsh, en relatant des évènements à l’époque Hafside sous le règne al-Hassan (1526-1574), a indiqué que le marché aux poissons se trouvait près de Bâb al-Bhar. »Footnote 2 Par ailleurs, Bâb al-Diwân donnait directement sur le mouillage de Sfax qui s’étale au sud-ouest des remparts et ou les bateaux de pêche et de commerce s’éparpillaient à faible distance (Reference Mahfoudhibid.). Déjà au IXème siècle, al-Yaʿqûbî écrivait que la mer venait battre les remparts (Yaʿqûbî Reference Yaʿqûbî and Wiet1937 [1892], 213). Le poète Ibn Hamdîs décédé en 440H/XIIème siècle qui se vante de voir qasr Safâqus abrité et protégé par les bas-fonds marins (Mahfoudh Reference Mahfoudh1988, 1:71). Il en est de même pour le gouverneur hafside de Sfax au XIIIème siècle (Reference Mahfoudhibid., 1:21). Ces informations ont été confirmées par les découvertes archéologiques. Selon F. Mahfoudh « des traces d'eau de mer ont été dégagées dans les soubassements de la tour de guet de la Qasaba » (Reference Mahfoudhibid.).
Description
Le monument (Figure 1) est de forme rectangulaire, de 7,5 m de longueur et de 7 m de largeur. Il s'agit d'une salle de prière à trois nefs et trois travées délimitées par quatre colonnes à chapiteaux bâtards. Elle est couverte de voûtes d'arêtes. On y trouve un mihrâb dont les retombés de l'arc reposent sur des impostes soutenues par des colonnes cantonnées par le biais des chapiteaux de types corinthiens imités. Notons cependant la présence d'une information très importante qui nous renseigne sur la rénovation de l'oratoire et de celui qui l'entreprit. En effet, sur la façade et au dessus de l'entrée principale se trouve une niche jumelée dans un encadrement rectangulaire comportant deux inscriptions. Elles occupent le fond d'une niche plate surmontée par un arc en plein cintre outrepassé. Celle qui se trouve à gauche a une valeur aussi bien sur l’état de l'oratoire que sur la vénération qui entoure Sîdî al-Bahrî. Elle commémore la rénovation de la porte de l'oratoire par des chefs marins probablement au 19ème siècle du fait de son style par apport à l'autre inscription qui date de 1136H/1789-90 ap. J.-C. Elle est en calcaire et elle comprend 11 lignes entre listels, sans bordure extérieure et mesure 74 cm de hauteur sur 33 cm de largeur (Figure 2). L’écriture est cursive maghrébine. Elle est publiée par Abdelkefi (Reference Abdelkefi1966, 1:110) et traduite par F. Mahfoudh (Reference Mahfoudh1988, 751).
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Figure 1. Sîdî al-Bahrî.
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Figure 2. Sîdî al-Bahrî, niche.
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Traduction :
1 : Au nom de Dieu le Clément et le miséricordieux et
2 : la bénédiction et la paix de Dieu sur notre seigneur Muhammad et
3 : sur sa famille et ses Compagnons
4 : cette porte bénie a été restaurée
5 : par les soins du pauvre
6 : de Dieu Muhammad Bulakbâsh (ʿAbd Samar)
7 : le rayis Muhammad al-Siyâla
8 : et le rayis Saʿîd al-ʿAyyâdî
9 : percepteur de la médina que Dieu pardonna
10 : à celui qui dépensa et fait l'aumône en faveur
11 : de Dieu. « Dieu n'omet pas la récompense des bienfaiteurs »
Analyse
De ce qui précède on peut relever que ce matériel archéologique épargné contribue à faire connaître l'importance et la richesse de l'architecture de cette ville et permet de se faire une idée sur différents aspects de son histoire. Ensuite, cet édifice est d'une importance particulière dans la mesure où il pose un certain nombre de questions aussi bien sur l'architecture et la chronologie que sur la fonction et la destination.
Les dispositions architecturales reflètent que la construction de cet édifice remonte à l’époque hafside. Ce fait est soulevé par F. Mahfoudh : la salle de prière à voûtes d'arêtes sur des colonnes, les matériaux et le mode de construction de la façade, des ressemblances avec la façade orientale de la grande mosquée, des restaurations ont eu lieu au XVème siècle (Mahfoudh Reference Mahfoudh1988, 392). De ce point de vue on peut émettre l'hypothèse que Sîdî al-Bahrî date de l’époque hafside. La formule caractéristique d'adresse: « Sîdî » qui veut dire mon seigneur, employée depuis l’époque hafside, semble-il, corrobore cette hypothèse. Outre, elle souligne la sainteté du personnage et permet de le classer dans la catégorie des saintsFootnote 3. Par ailleurs, l’élément qui mérite de retenir l'attention relève de l'onomastique. En effet, la nomination al-Bahrî, s'agit-elle d'une désignation qui rappelle des titulatures et des appellations outre qu'un nom propre? L'attribution de Sîdî al-Bahrî à cet oratoire pourrait-il s'expliquer dans ce contexte? D'autant plus que l'appellatif Bahrî signifie marin et peut être rapproché des alqâb (singulier laqab). Il devait être pris, par conséquent, non point comme non propre, mais comme adjectif honorifique. En ce sens, il traduit un honneur particulier : le saint marin.
Par ailleurs, d'autres éléments versent dans ce sens et rappellent effectivement que ce saint avait un lien très étroit avec les marins et il était très honoré par ceux-ci:
1 : L'emplacement du marché aux poissons au voisinage de l'oratoire de Sîdî al-Bahrî depuis l’époque hafside.
2 : Le rassemblement des familles des raïs, c'est à dire des chefs marins dans le quartier a proximité qui s’étale vers l'est jusqu’à Burdj al-Nâr, comme nous le fait comprendre un acte de propriété en date de 1074H/1663 ap. J.-C.Footnote 4
3 : Bâb al-Dîwân donnait directement sur le mouillage de Sfax qui s’étale au sud-ouest des remparts et ou les bateaux de pêche et de commerce s’éparpillaient à faible distance.
4 : L'intérêt des marins a cet oratoire est prouvé notamment par les rénovations faites par les chefs marins Saʿîd al-ʿAyyâdî et Muhammad al-Siyâla, comme en témoigne l'inscription qui se trouve au dessus de l'entrée principale du monument.
5 : La vie à Sfax était fortement liée à la mer. Au XVIème siècle Léon l'Africain rapporte que les habitants de Sfax sont en majorité des marins (Mahfoudh Reference Mahfoudh1988, 19).
Par ailleurs, nous constatons que l'oratoire de Sîdî al-Bahrî fut un oratoire de la communauté maritime de Sfax présente dans cette ville depuis au moins l’époque hafside comme l'atteste les dispositions architecturales du monument. Cependant la question qui reste posée est celui de savoir si ce monument fut fondé par cette communauté? Ce qui est possible, d'autant plus que ceci est trahit par l'attachement de cette communauté a ce saint non seulement par la restauration du monument comme nous l'a montré l'inscription épigraphique étudiée plus haut, mais aussi par la tradition orale et notamment dans la chanson populaire Baba BahrîFootnote 5. Cette chanson justifie en quelque sorte la vénération dont il fait l'objet jusqu'a nos jours, notamment par les marins. En outre, Sîdî al-Bahrî ne désigne pas un vrai personnage semble-il. Il fait partie, vraisemblablement, des saints imaginaires, des saints populaires dont « certains furent, auparavant, d'anciennes divinités d'arbres, de sources, de grottes, de roches » (Kerrou Reference Kerrou1991, 164). Cette hypothèse est corroborée par le fait que ni les inscriptions épigraphiques, ni les témoignages livresques ne rapportent son vrai nom et sa généalogie. D'après Belkahla, Lalla Bahrîya, la mère de Sîdî al-Bahrî, fut une roche, une sainte imaginaire qui eu relation directe avec Dieu. Elle est sollicité par la communauté maritime, notamment contre le danger survenant de la mer… (Reference Kerrouibid., 169–71). Enfin, Sîdî al-Bahrî, entant que saint des marins, n'existe pas uniquement à Sfax ; mais plutôt dans d'autres régions côtières, tel que, le Sahel ou Djerba où on assiste à ce genre de relation entre les marins et ce saint imaginaireFootnote 6.
L'intérêt des marins et leurs familles à Sfax aux monuments religieux ayant relation avec la mer est justifié par un autre exemple, le minaret de Sîdî ʿAmar Kammûn (Abdelkefi Reference Abdelkefi1987, 155 ; Mahfoudh Reference Mahfoudh1988, t. 2, n°20 et 21, pl. CCX a et b) (Figure 3).
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Figure 3. Le minaret de Sîdî ʿAmar Kammûn.
Situation
Ce minaret se trouve dans la même rue à l'est de Bâb al-Dîwân, à proximité des remparts dans la zâouia qui a été construite pour les adeptes de ʿAmir al-Mzûghî. L'inscription qui s'y trouve commémore que sa construction fut par le fils du chef marin Ahmad Kammûn al-Nawwâlî au 17ème siècle.
Cette inscription est publiée par Abdelkefi et traduite par F. Mahfoudh (Reference Mahfoudhibid.). Il s'agit de « deux plaques encastrées sur la face nord du minaret, au-dessous d'un bandeau épigraphique…Ces deux plaques en kadhâl, ocre, constituent un texte cohérent et complémentaire. Celle de droite mesure 49/25 cm, et celle de gauche 50/25 cm. Toutes les deux comportent chacune 9 lignes entre listels dans un encadrement arqué. Ecriture cursive en relief en très bon état de conservation » (Mahfoudh Reference Mahfoudh1988, 2:773).
Le texte situé à droite (Figure 4)
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Traduction :
1 : Au nom de Dieu le Clément
2 : le Miséricordieux, Dieu bénisse notre seigneur
3 : Muhammad, sa famille et ses compagnons
4 : ce minaret béni à été construit
5 : par les soins du pauvre
6 : de son Dieu le sheykh Sidi ʿAmar
7 : fils du raïs Ahmad Kammûn al-Nawwâlî
8 : pour les adeptes du sheykh, al-walîyy, le pieu
9 : le défunt Sîdî ʿÂmir al-Mzûghî
Le texte situé à gauche (Figure 5)
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Traduction :
1 : l'a fait
2 : ʿAmar de son propre argent dans le but
3 : de la récompense de Dieu le Grand, Allah ne
4 : perd pas la rétribution des bienfaisants
5 : l'a construit le maître Muhammad fils
6 : du feu Ahmad fils de Hâdj ʿAlî
7 : al-Mnîf et son frère Qâsim
8 : au mois de Djumâda al-awwal de l'année soixante dix-sept
9 : et mille de l'hégire (octobre-novembre 1666) de notre prophète, Dieu le bénisse.
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Figure 4. Le texte sur le minaret de Sîdî ʿAmar Kammûn (à droite).
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Figure 5. Le texte sur le minaret de Sîdî ʿAmar Kammûn (à gauche).
Analyse
De ce qui précède, plusieurs éléments montrent que ce monument avait un lien très étroit avec les marins et il était très honoré par ceux-ci:
1 : Le minaret sise dans le quartier qui s’étale vers l'est jusqu’à Burdj al-Nâr ou se rassemble des familles des raïs, c'est à dire des chefs marins, comme nous le fait comprendre un acte de propriété en date de 1074H/1663 ap. J.-C.Footnote 7
2 : Ce minaret fut construit avec l'argent et par les soins de Sîdî ʿAmar Kammûn, le fils d'un chef marin, dans une zâouia pour les adeptes du saint Sîdî ʿÂmir al-Mzûghî d'où la relation des marins avec ce saint.
3 : Ce fils du chef marin lui-même est un personnage pieux du XI/XVIIème siècle, un saint comme il est confirmé dans l'inscription (lignes 6 et 7 … pauvre de son Dieu le sheykh Sîdî ʿAmar …). Ce fait est corroboré par le chroniqueur Magdîsh dans les biographies consacrées aux ʿulamâʾ et aux hommes pieux de Sfax (Magdîsh Reference Magdîsh1988, 2:450; Mahfoudh Reference Mahfoudh1988, 395). Il nous informe que Sîdî ʿAmar Kammûn rencontra Sîdî ʿÂmir al-Mzûghî lors de la visite des sfaxiens à la zâouia de celui-ci à SousseFootnote 8. Cette rencontre fut un tournant spécifique dans la vie de Sîdî ʿAmar Kammûn qui partit en pérégrination et errance « condition sine qua non de la sainteté populaire » (Kerrou Reference Kerrou1991, 65). Il partit visiter les mausolées des saints dans tous le pays pendant deux ans. Il revint ensuite à Sfax par ordre de Sîdî ʿÂmir al-Mzûghî (Magdîsh Reference Magdîsh1988, 2:450).
4 : La situation de ce minaret dans une zâouia adjacente à l'enceinte pouvait contrôler toute la côte maritime sud. « Elle associe donc à la fois le rôle militaire et culturel », comme l'a signalé F. Mahfoudh (Reference Mahfoudh1988, 2:396). Il est à signaler que le contexte de ce minaret fut marqué par des troubles et des agressions notamment de la part de la flotte italienne et maltaise. Sfax fut aussi le théâtre des batailles successives en 1160H/1747 ap. J.-C, mais surtout en 1200H/1785 ap. J.-C. et 1204H/1789 ap. J.-C. (Reference Mahfoudhibid., 1:43).
Au regard des données fournies aussi bien par l'archéologie que par les textes hagiographiques, plusieurs observations peuvent être formulées. S'impose d'abord l'idée d'une peur, d'une inquiétude profonde et d'une angoisse provoquée par la mer et ravivée par les difficultés de la navigation (les tempêtes, les marées et la piraterie). Ça démontre aussi le souci de défendre la côte et la médina. Ce contexte a sans doute contribué à la parution des saints imaginaires, à l'attribution des monuments à ceux-ci et à la diffusion des récits hagiographiques. Ces récits reflètent les inquiétudes des populations et montrent, non seulement l'intervention des saints quand la mer devient furieuse, calmant la tempête, et évitant le naufrage, mais aussi protégeant la ville contre les agressions maritimes. Les saints deviennent donc le symbole de l'invulnérabilité de cette ville portuaire aux yeux des populations notamment maritimes.
L'attachement de la communauté maritime aux saints ne peut s'expliquer que par sa peur de la mer ou de nombreux dangers peuvent survenir d'ordre naturel, climatique et conflictuel, le mauvais temps, la tempête, les agressions, etc. On doit souligner que la mer constituait un espace mystique ou était à l'origine de plusieurs manifestations mystiques : la marche sur l'eau, l'arrêt des tempêtes, la résistance aux pirates (Allaoua Reference Allaoua2012). Ce sont des aspects sans cesse présents dans les récits hagiographiques du Maghreb depuis l’époque médiévale.