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Michael Zimmermann, Expletive and Referential Subject Pronouns in Medieval French. (Linguistische Arbeiten, 556.)Berlin: de Gruyter, 2014, x + 246 pp. 978 3 11 037337 0 (relié), 978 3 11 036747 8 (numérique, PDF), 978 3 11 039430 6 (numérique, EPUB)

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Michael Zimmermann, Expletive and Referential Subject Pronouns in Medieval French. (Linguistische Arbeiten, 556.) Berlin: de Gruyter, 2014, x + 246 pp. 978 3 11 037337 0 (relié), 978 3 11 036747 8 (numérique, PDF), 978 3 11 039430 6 (numérique, EPUB)

Published online by Cambridge University Press:  07 July 2015

Éric Mathieu*
Affiliation:
Département de linguistique, Université d’Ottawa, 70 avenue Laurier Est, Ottawa, ON KN1 6N5, Canadaemathieu@uottawa.ca
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Abstract

Type
Book Review
Copyright
Copyright © Cambridge University Press 2015 

L’ancien français est souvent considéré comme une langue à sujets nuls, comparable à l’espagnol ou l’italien. En effet, les renvois explicites au sujet ne semblent pas obligatoires: nombreux sont les contextes où il reste simplement non exprimé. Toujours est-il que la grammaire de l’ancien français a certaines propriétés qui ne vont pas dans le sens d’une langue à sujets nuls. D’une part, des sujets nuls référentiels sont tolérés dans des contextes où, en espagnol et en italien, ils sont omis (et peuvent l’être, dans la mesure où le sens et l’attribution référentielle sont clairs); de l’autre, l’ancien français possède des pronoms explétifs (par exemple dans des tournures ‘impersonnelles’ du type Il pleut) alors que les langues à sujets nuls, en l’occurrence l’espagnol et l’italien, n’ont pas de pronoms explétifs à leur disposition (on dit, dans ces langues, l’équivalent de pleut avec un sujet vide). Tout cela soulève des questions auxquelles il n’a pas encore été répondu de façon définitive. Comment donc fonctionnent les pronoms sujets explétifs et référentiels dans l’ancienne langue? L’ouvrage de Michael Zimmermann se penche sur une problématique désormais bien connue, mais encore mal comprise.

L’auteur a rassemblé un nouveau méga-corpus basé sur treize textes, dont le plus ancien est la Chanson de Roland (1125–1150) et le plus récent le Roman bourgeois (1666). Zimmermann démontre statistiquement (et de manière fort rigoureuse) que les pronoms explétifs sont courants en ancien français et que les pronoms référentiels n’y sont pas toujours vides. L’hypothèse proposée est alors la suivante: l’ancien français n’est pas une langue à sujets nuls, dans la mesure où ceux-ci n’y apparaissent que sous certaines conditions structurales explicitables dans un cadre génératif (notamment lorsque le verbe apparaît en deuxième position). Plus précisément, ce qui rend possible l’apparition d’un sujet nul, ce sont la rection et l’identification du sujet pro dans le spécifieur de l’IP (Inflectional Phrase) après mouvement du verbe dans la périphérie gauche de la phrase, c’est-à-dire dans une position où le verbe régit le sujet nul (c-commande + condition de localité). Cette position est une position focalisante dans un contexte où la périphérie gauche de la phrase est déconstruite (comme dans Rizzi Reference Rizzi and Haegeman1997).

Tout bien considéré, l’hypothèse de Zimmermann s’inscrit dans une longue tradition qui reconnait que l’ancien français tolère les sujets nuls lorsqu’il y a inversion du verbe. On verra à ce sujet, parmi d’autres sources, les grammaires de Lucien Foulet (par exemple Foulet Reference Foulet1928, de même que toute une tradition en grammaire générative qui justifie de façon théorique l’apparition de sujets nuls dans les contextes V2 (voir par exemple Adams Reference Adams1987, Roberts Reference Roberts1993). Cependant, comme l’auteur semble partager la conviction de Kaiser (Reference Kaiser2002), d’après qui l’ancien français n’est pas une langue V2 traditionnelle, il n’est pas certain que l’hypothèse qu’il avance pour l’ancien français soit tout à fait conforme à ce qui est habituellement proposé en grammaire générative. Il faut se rappeler dans ce contexte qu’une langue V2 n’est pas forcément une langue à sujets nuls, ce qui laisse supposer que la possibilité de ce type de sujets n’est pas forcément liée à l’inversion du verbe. Il resterait donc à préciser pourquoi l’ancien français est unique à cet égard et à quelle propriété ou quel paramètre est liée la condition des sujets nuls dans la langue. Pourquoi l’italien ou l’espagnol ne permettent-ils pas la configuration proposée pour l’ancien français (et inversement) et qu’est-ce qui différencie l’ancien français d’une langue V2?

L’ouvrage de Michael Zimmermann, version abrégée de la thèse de doctorat de l’auteur, a des mérites incontestables. Une articulation des plus claires et un style engageant en font une excellente ressource pour les étudiants qui débutent leur exploration de l’ancien français, et surtout celle des sujets nuls, car l’exposition des faits et des théories est transparente et précise. L’index est exhaustif et l’introduction et la conclusion sont d’une utilité indiscutable.

References

RÉFÉRENCES

Adams, M. (1987). Old French, Null Subjects, and Verb Second Phenomena. Los Angeles: UCLA (thèse de doctorat inédite).Google Scholar
Foulet, L. (1928). Petite syntaxe de l’ancien français. Paris: Champion.Google Scholar
Kaiser, G.A. (2002). Verbstellung und Verbstellungswandel in den romanischen Sprachen. Tübingen: Niemeyer.CrossRefGoogle Scholar
Rizzi, L. (1997). The fine structure of the left periphery. In Haegeman, L. (dir.), Elements of Grammar: Handbook in Generative Syntax. Berkeley: Kluwer, pp. 281337.CrossRefGoogle Scholar
Roberts, I. (1993). Verbs and Diachronic Syntax. Dordrecht: Kluwer.Google Scholar