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Les emplois référentiels du SN démonstratif en français et en néerlandais: pas du pareil au même1

Published online by Cambridge University Press:  01 June 2011

GUDRUN VANDERBAUWHEDE*
Affiliation:
Katholieke Universiteit Leuven (Belgique)
*
Adresse pour correspondance: Gudrun Vanderbauwhede, Katholieke Universiteit Leuven, Unité de recherche français, italien et linguistique comparée, Blijde-Inkomststraat 21 (3308), B – 3000 LEUVEN, Belgique e-mail: gudrun.vanderbauwhede@arts.kuleuven.be
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Résumé

Cet article étudie les différences distributionnelles entre les emplois référentiels du SNdém en français et en néerlandais. En soumettant les données issues de deux corpus comparables (Dutch Parallel Corpus et Corpus de Namur) à notre modèle triangulaire systématique des emplois du SNdém, nous constatons que deux explications majeures permettent de comprendre la plus grande partie des divergences attestées au niveau des emplois référentiels du SNdém en français et en néerlandais, à savoir des normes stylistiques différentes en relation avec des différences linguistiques et des divergences au niveau du degré de déicticité des SNdém en français et en néerlandais.

Type
Articles
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Copyright © Cambridge University Press 2011

1 INTRODUCTION ET MÉTHODOLOGIE

Si nous disposons de bon nombre d'études synthétiques (l'on peut citer Lakoff, Reference Lakoff, La Galy, Fox and Bruck1974; Lyons, Reference Lyons1977; Kleiber, Reference Kleiber1983; Levinson, Reference Levinson1983; Anderson et Keenan, Reference Anderson, Keenan and Shopen1985; Corblin, Reference Corblin1987; Kirsner, Reference Kirsner, Geiger and Rudzka-Ostyn1993; Apothéloz, Reference Apothéloz1995; Reichler-Béguelin, Reference Reichler-Béguelin1995; Maes, Reference Maes1996; De Mulder, Reference De Mulder, Flaux, Van de Velde and De Mulder1997; Fillmore, Reference Fillmore1997; Apothéloz et Béguelin, Reference Apothéloz and Béguelin1999; Cornish, Reference Cornish1999; C. Lyons, Reference Lyons1999; Charolles, Reference Charolles2002; Leeman, Reference Leeman2004; Guillot, Reference Guillot and Trotter2007) et typologiques (e.a. Himmelmann, Reference Himmelmann and Fox1996; Diessel, Reference Diessel1999; Gerner, Reference Gerner2009) consacrées aux emplois du démonstratif, les études contrastives portant sur ce sujet pour d'autres paires de langues (e.a. Jonasson, Reference Jonasson1998; Whittaker, Reference Whittaker2004; Goethals, Reference Goethals2007) sont nettement moins nombreuses. En adoptant un point de vue contrastif dans cet article, nous réaliserons une analyse quantitative des emplois référentiels du SN démonstratif (SNdém) en français et en néerlandais à l'aide de deux corpus monolingues comparables (langue source), contenant des extraits du Dutch Parallel Corpus (Paulussen et al., Reference Paulussen, Macken, Trushkina, Desmet and Vandeweghe2006) et du Corpus de Namur (Paulussen, Reference Paulussen1999) (voir le Tableau 1 et le Tableau 2), pour passer ensuite à une analyse plus poussée des cas de divergence à l'aide de la traduction des textes des corpus monolingues. À l'exemple de Goethals (Reference Goethals2007), nous ne présentons que les différences distributionnelles au niveau des emplois du SNdém français et néerlandais et nous excluons toute divergence liée à l'un ou l'autre mécanisme de traduction (Vanderbauwhede, à par. b).

Tableau 1. Le corpus français langue source

Tableau 2. Le corpus néerlandais langue source

Du côté des formes, le Tableau 3 regroupe les formes démonstratives de base en français et en néerlandais et le Tableau 4 regroupe celles de l'article défini.

Tableau 3. Les formes du déterminant démonstratif en français et en néerlandais

Tableau 4. Les formes de l'article défini en français et en néerlandais

Contrairement au néerlandais, les formes du déterminant démonstratif ne sont pas les mêmes que celles pour le pronom démonstratif en français (ceux(-ci), ceci, cela, ça), à l'exception de ce qui peut être déterminant ou pronom. Par ailleurs, en néerlandais, il existe trois genres (masculin, féminin, neutre), alors qu'il n'en existe que deux en français (masculin, féminin), ce qui entraîne une répartition formelle différente au niveau du démonstratif et de l'article défini dans les deux langues pour ce qui est du singulier. Cette différence n'est plus marquée au pluriel (ces hommes, ces femmes; deze / die mannen, deze / die vrouwen, deze / die kinderen). Enfin, contrairement au français (ce N-ci / ce N-là), l'opposition ‘proximité – distance’ est marquée de manière inhérente en néerlandais (deze / die; dit / dat) (Kirsner, Reference Kirsner and Givón1979; Kirsner et al., Reference Kirsner, Van Heuven and Vermeulen1987; Kirsner et Van Heuven, Reference Kirsner and Van Heuven1988; Kirsner, Reference Kirsner, Geiger and Rudzka-Ostyn1993; Maes et Noordman, Reference Maes and Noordman1995; Maes, Reference Maes1996). Nous reviendrons sur cette opposition lors de notre analyse.

Dans ce qui suit, nous rappellerons le modèle des emplois référentiels du SNdém que nous avons présenté ailleurs (Vanderbauwhede, à par. a) et nous montrerons son intérêt par rapport à quelques problèmes de définition et de délimitation auxquels nous nous sommes heurtée en étudiant la littérature secondaire (§2). Après ces considérations plutôt théoriques, nous appliquerons notre modèle aux emplois des SNdém en français et en néerlandais dans les deux corpus monolingues et nous comparerons la présence relative de chaque type d'emploi (§3). En confrontant nos résultats avec des résultats supplémentaires provenant d'une étude de corpus de traduction, nous essaierons d'expliquer les cas où le recouvrement entre le démonstratif en français et en néerlandais n'est pas total. Dans ce but, nous nous concentrerons avant tout sur les emplois textuels, mémoriels et situationnels du SNdém (§4).

2 LES EMPLOIS RÉFÉRENTIELS DU SN DÉMONSTRATIF: ESSAI DE SYSTÉMATISATION

Dans Vanderbauwhede (à par. a; en prép.), nous avons systématisé les analyses synthétiques existantes sur les emplois référentielsFootnote 2 du SNdém (e.a. Himmelmann, Reference Himmelmann and Fox1996; Cornish, Reference Cornish1999; Diessel, Reference Diessel1999) en proposant un modèle global, qui cherche à intégrer non seulement la plupart des emplois les plus connus, mais aussi les emplois traditionnellement mal intégrés.Footnote 3 La base de notre modèle est un triangle avec trois pôles stables, à savoir la récupération (ou renvoi) textuelle (1), la récupération situationnelle (2) et la récupération sémantique (3).Footnote 4

  1. (1) Entre-temps, quelques personnes étaient entrées dans la boutique et je dus partager mon attention entre les clients et l'homme en face de moi. Il voyait toutes sortes de chiffres et de signes et ces chiffres et ces signes signifiaient chaque fois autre chose, [. . .].

    (F – DPC – I)

  2. (2) Nous avons là des bribes d'un destin. Cette malle est une maison. Elle a abrité plusieurs vies. Cette canne ne peut être le témoin du temps.

    (F – CdN – F)

  3. (3) Ces castorsconstruisent des barrages la nuit.

    (Kleiber et Lazzaro, Reference Kleiber, Lazzaro and Kleiber1987: 80)

En français aussi bien qu'en néerlandais, tant le SNdém que le SN défini (SNdéf) peuvent renvoyer au co- (4) et au contexte (5).Footnote 5 Par ailleurs, l'article défini en français s'utilise pour l'emploi générique pur, alors que le néerlandais recourt à l'article indéfini et à l'article zéro dans ce cas (6).

  1. (4) J'ai vu un camion et une voiture. La voiture roulait vite.

    (Kleiber, Reference Kleiber1986c: 54)

    Ik heb een vrachtwagen en een auto gezien. De auto reed snel.

  2. (5) Attention à la voiture!

    (Kleiber, Reference Kleiber1986c: 57)

    Pas op voor de auto!

  3. (6) Les castorsconstruisent des barrages.

    (Kleiber et Lazzaro, Reference Kleiber, Lazzaro and Kleiber1987: 73)

    Beversbouwen ‘s nachts dammen.

En ce qui concerne le fonctionnement sémantico-référentielFootnote 6 de l'article défini et du déterminant démonstratif en français et en néerlandais, plusieurs linguistes ont montré que l'article défini oppose un des individus de l'univers discursif aux autres individus possibles (rôle identificateur), ou présuppose l'existence d'un ensemble à plusieurs ensembles accessibles aux partenaires de l'énonciation, alors que le déterminant démonstratif oppose un n à tous les autres référents du même ensemble (rôle reclassifieur) (e.a. Corblin, 1983; Corblin, Reference Corblin1995; De Mulder, Reference De Mulder, Flaux, Van de Velde and De Mulder1997; Leeman, Reference Leeman2004). Pour Kleiber, l'article défini renvoie aux circonstances d'évaluation et est un désignateur indirect, alors que le déterminant démonstratif renvoie au contexte d'énonciation et est un désignateur direct (e.a. Kripke, Reference Kripke, Davidson and Harman1972; Kaplan, Reference Kaplan, Almog, Perry and Wettstein1977; Kleiber, Reference Kleiber1984; Kleiber, Reference Kleiber1986a; Kleiber, Reference Kleiber1986b; C. Lyons, Reference Lyons1999). Enfin, l'article défini paraît le plus neutre, contrairement au déterminant démonstratif qui attache une valeur particulière au référent (e.a. Corblin, Reference Corblin1995; Maes et Noordman, Reference Maes and Noordman1995; Wilmet, Reference Wilmet1995; Maes, Reference Maes1996; Wilmet, Reference Wilmet1997; Cornish, Reference Cornish1999; De Mulder, Reference De Mulder2000; Charolles, Reference Charolles2002).

Dans notre modèle (voir la Figure 1), ces trois pôles sont reliés par trois côtés affichant un continuum d'emplois pragmatiquement et/ou sémantiquement définis du SNdém.Footnote 7

Figure 1. Modèle ‘Les emplois référentiels du SN démonstratif’.

Ce modèle propose également une place à plusieurs types d'emplois (parfois isolés), dont la définition et la délimitation varient selon les auteurs, les théories et les traditions linguistiques.

Tout d'abord, nous avons considéré la catégorie de la deixis discursive, un des quatre emplois majeurs du démonstratif selon Himmelmann (Reference Himmelmann and Fox1996) et Diessel (Reference Diessel1999).Footnote 8 En effet, le contenu de la classe de la deixis discursive telle qu'elle a été traitée dans la littérature secondaire est éparpillé sur deux côtés du modèle: nous distinguons la deixis textuelle pure (terme emprunté à J. Lyons, Reference Lyons1977), qui est un emploi métalinguistique spécifique et qui se rapproche tantôt de la récupération situationnelle (7),Footnote 9 tantôt de la récupération textuelle (8), la deixis discursive, qui est également un emploi métalinguistique et qui renvoie à un ensemble de texte qui précède ou qui suit (9),Footnote 10 et la reformulation résomptive, pour laquelle le SNdém renvoie à des contenus abstraits dans le co-texte antérieur (10).

  1. (7) Dans cet article, nous développerons les points suivants: [. . .].

    (exemple forgé)

  2. (8) ‘Le lion est mort ce soir’. Cette phrase que je viens d'écrire est le titre d'une chanson.

    (exemple forgé)

  3. (9) Écoute cette histoire: j'ai vu un monsieur à Paris, et ce monsieur [. . .].

    (exemple forgé)

  4. (10) Les frais annuels de scolarité atteignaient un montant scandaleux. Je m'étais personnellement souvent posé des questions sur le mystère économique de ma présence dans ce collège, ma mère m'élevant seule dans ce qui ne représentait guère plus qu'une banale aisance. Elle avait toujours éludé mes questions à ce sujet.

    (F – CdN – F)

Ensuite, nous avons éclairci certains concepts liés à l'emploi mémoriel du SNdém, qui est à situer sur le côté qui va de la récupération situationnelle vers la récupération sémantique (e.a. Kleiber, Reference Kleiber1991; Himmelmann, Reference Himmelmann and Fox1996; Gary-Prieur, Reference Gary-Prieur1998; Jonasson, Reference Jonasson1998; Diessel, Reference Diessel1999; Leeman, Reference Leeman2004; Kleiber, Reference Kleiber and Dobrovie-Sorin2005; Kleiber et Sock, Reference Kleiber and Sock2006). D'une part, nous avons distingué les emplois mémoriels de familiaritéFootnote 11, qui peuvent renvoyer à un référent spécifique en sollicitant des connaissances spécifiques et personnelles partagées par le locuteur et/ou l'interlocuteur (11), à un référent spécifique en sollicitant la mémoire collective (12) ou à un référent constituant une sous-classe génériqueFootnote 12 en sollicitant la somme des connaissances partagées par le locuteur et l'interlocuteur (généricité cataphorique) (13). D'autre part, nous avons mis l'accent sur les emplois mémoriels de notoriété qui renvoient à un référent stéréotypique sollicité par la mémoire collective ou par les savoirs encyclopédiques (14).Footnote 13

  1. (11) Je suis seul ici et l'on me plaint, on s'inquiète pour moi, on trouve que je me maltraite, ces amis qui se comptent sur les doigts d'une main selon Eugénie m'appellent régulièrement avec compassion, [. . .].

    (F – CdN – F)

  2. (12) ‘À la maison, c'était le père qui dirigeait’, raconte l'épouse de Willy De Clercq. Mariée à dix-huit ans, car les femmes alors ne faisaient guère d'études, la mère de Willy De Clercq a eu rapidement son seul et unique enfant, à vingt ans. ‘Sa mère a toujours rêvé secrètement, pour lui, d'une carrière de professeur. Elle connaissait mal son fils car, s'il a bien donné cours [. . .], c'est un professeur qui ne sait pas rester dans une tour d'ivoire. Elle n'a pas vu qu'il avait un besoin de contact et de susciter des réactions. Enseigner et écrire des livres de droit, cela jamais . . . Il a trop besoin de cette vie politique intense et bien remplie.’

    (F – DPC – NF)

  3. (13) Il possédait une de ces figures heureuses dont rêvent les femmes et qui sont désagréables aux hommes.

    (Kleiber, Reference Kleiber and Dobrovie-Sorin2005: 85)

  4. (14) Il plaidait bien, comme ces ténors des assises aujourd'hui.

    (F – DPC – NF)

Enfin, nous avons cherché à intégrer la dichotomie de la définitude pragmatique et sémantique dans notre modèle (e.a. Löbner, Reference Löbner1985; Diessel, Reference Diessel1999; De Mulder et Carlier, Reference De Mulder and Carlier2006).Footnote 14 Nous avons constaté qu'il existe une grande zone de transition entre les deux types de définitude et que plusieurs types d'emplois du SNdém se trouvent dans cette zone (p. ex. la reformulation résomptive, l'emploi mémoriel). C'est également en partie à travers le pôle de la récupération sémantique que les SNdém se rapprochent des SNdéf. Ainsi, pour les emplois génériques purs en français, la définitude pragmatique n'intervient pas, mais pour l'emploi générique de sous-espèce, une sous-classe se crée à l'aide d'un référent contextualisé dans la situation ou dans le texte. Par ailleurs, la sémantique ne semble jamais exclue des emplois pragmatiques du SNdém (i.e. anaphore fidèle, récupération situationnelle). C'est comme si nous avions toujours affaire à un socle sémantique, qui peut ensuite être ajusté dans le discours (cf. emploi pragmatique). Il y a, en d'autres mots, également une interaction constante entre la sémantique et la pragmatique sur les plans textuel et situationnel.

3 ÉTUDE DE CORPUS

Le Tableau 5 présente la répartition de tous les SNdém répertoriés dans les deux corpus monolingues français et néerlandais (langue source). Nous observons que tant la fréquence absolue des SNdém que les fréquences relatives de chaque type d'emploi nous donnent nombre d'informations pertinentes sur l'emploi des SNdém dans les deux langues.

Tableau 5. Les emplois référentiels des SNdém dans les deux sous-corpus monolingues français et néerlandais

En ce qui concerne les fréquences absolues des SNdém en français et en néerlandais attestés dans les deux corpus monolingues, il est à remarquer que nous avons rencontré 978 SNdém français et seulement 759 SNdém néerlandais pour un corpus de taille identique. Il s'agit d'une différence de 219 SNdém (22,39%) dans deux corpus qui ont exactement la même composition. Ce résultat n'a évidemment pas de force explicative en soi, mais il peut quand même être considéré comme une première indication de l'existence de divergences entre les SNdém en français et en néerlandais.

Si nous observons les fréquences relatives de tous les SNdém français et néerlandais, nous constatons également plusieurs divergences entre les deux langues. Pour ce qui est des SNdém textuels, en dépit de la fréquence globale plus réduite de SNdém en néerlandais, il y a plus de SNdém anaphoriques fidèles en néerlandais (25,82%) qu'en français (17,38%), contrairement aux SNdém anaphoriques infidèles (respectivement 18,58% et 24,44%). Nous verrons sous 4.1 que des différences stylistiques, des différences linguistiques et des différences distributionnelles liées au degré de déicticité du SNdém sont à la base des divergences entre les SNdém textuels dans les deux langues. Quant aux SNdém mémoriels, la divergence entre le français et le néerlandais est nette: nous avons seulement attesté 5,53% de SNdém mémoriels néerlandais, là où nous avons attesté 11,76% de SNdém mémoriels français (i.e. reformulation mémorielle et emploi mémoriel). Nous verrons sous 4.2 que le fonctionnement du SNdém mémoriel en français se rapproche davantage du fonctionnement du SNdéf mémoriel en français et en néerlandais que celui du SNdém mémoriel en néerlandais. En ce qui concerne les SNdém situationnels, les fréquences relatives sont moins prononcées avec 11,35% de SNdém situationnels français contre 13,97% de SNdém situationnels néerlandais, à l'exception des SNdém relevant de la deixis textuelle pure (F: 1,64%, N: 3,82%) où des différences plus marquées s'observent. Sous 4.3, nous analyserons quelques cas intéressants, relatifs à la deixis temporelle et à la deixis textuelle pure, où il y a divergence en français et en néerlandais. Ainsi, nous nous intéresserons, entre autres, à certaines expressions de deixis temporelle qui contiennent un démonstratif en français, mais qui se traduisent obligatoirement par l'article défini en néerlandais.

Lors de notre analyse, nous verrons également quel est l'impact des différences morphologiques signalées sous 1. À ce propos, nous notons une certaine spécialisation des formes démonstratives en néerlandais: par exemple, les SNdém mémoriels, faisant appel à des connaissances partagées dans la mémoire et éventuellement à des informations présentes dans le co-texte (De Mulder et Carlier, Reference De Mulder and Carlier2006: 109), contiennent dans environ 80% des cas les formes distales die et dat, alors que tous les SNdém de la deixis textuelle pure, renvoyant à des référents directement accessibles dans le co- et/ou contexte, contiennent les formes proximales deze et dit.

4 ÉTUDE CONTRASTIVE

Nous examinerons maintenant en détail plusieurs exemples issus de nos corpus monolingues, en nous servant de leur traduction dans le corpus cible, afin de suggérer des explications pour les différences constatées sous 3. Nous commençons par les SNdém textuels (§4.1), passons ensuite aux SNdém mémoriels (§4.2), pour finir avec les SNdém situationnels (§4.3).

4.1 SNdém textuels

Pourquoi y a-t-il plus de SNdém anaphoriques fidèles en néerlandais et plus de SNdém anaphoriques infidèles en français? Ce résultat semble s'expliquer tant par des différences stylistiques que par des différences linguistiques. Tout d'abord, le SNdém recatégorisant pourvu d'une expansion lexicale est plus fréquent en français (7,36%) qu'en néerlandais (3,95%) dans notre corpus, ce qui confirme les résultats d'études pour d'autres paires de langues (e.a. Skytte et Korzen, Reference Skytte and Korzen2000; Korzen et Lundquist, Reference Korzen and Lundquist2003; Lundquist, Reference Lundquist2005). Ainsi, si nous passons dans (15) d’Aleksandr Kerzhatov au SNdém ce premier renfort du club andalou, tout le monde sera d'accord pour dire qu'il s'agit d'une transition réussie. En néerlandais, par contre, la transition d’Aleksandr Kerzhatov vers deze eerste versterking van de Andalusische club serait trop marquée dans la chaîne co-référentielle. Le traducteur a, par conséquent, opté pour un pronom démonstratif en néerlandais, même si cela entraîne une perte importante d'informations.

  1. (15) Daniel Alves [. . .] a prolongé son contrat jusqu'en juin 2012. Il aura pour nouvel équipier, Aleksandr Kerzhatov [. . .]. Ce premier renfort du club andalou a signé pour cinq ans et demi.

    Daniel Alves [. . .] verlengde zijn contract tot 2012. Als nieuwe ploegmaat krijgt hij Aleksandr Kerzhakov [. . .]. Dietekende een contract voor vijfenhalf jaar.

    (F – DPC – J)

D'une part, comme l'ont montré Korzen et Lundquist (Reference Korzen and Lundquist2003) pour le français et le danois, des normes stylistiques différentes dans les deux cultures expliquent cette différence de textualisation au niveau des expansions lexicales. Ces normes disent en français de ‘varier les renvois anaphoriques dans un texte afin de faire beau et intéressant’ et en danois, mais aussi en néerlandais, de ‘répéter afin d'être clair et univoque’ (Lundquist, Reference Lundquist2005: 73). D'autre part, la grammaticalisation de l'anaphore infidèle en français, relevée par Lundquist (Reference Lundquist2005: 84), constitue une explication linguistique importante: en effet, contrairement au français (16a, 16b), la ‘possibilité de grammaticaliser des attributs indirects nominaux en anaphores infidèles n'existe pas en danois’, ni en néerlandais (17a, 17b).

  1. (16)
    1. a. Premier renfort du club andalou, Aleksandr Kerzhatov a signé pour cinq ans et demi.

    2. b. Il aura pour nouvel équipier Aleksandr Kerzhatov. Ce premier renfort du club andalou a signé un contrat pour cinq ans et demi.

  2. (17)
    1. a. *Eerste versterking van de Andalusische club, Aleksandr Kerzhatov tekende een contract voor vijfenhalf jaar.

    2. b. *Als nieuwe ploegmaat krijgt hij Aleksandr Kerzhakov. Deze eerste versterking van de Andalusische club tekende een contract voor vijfenhalf jaar.

Parmi les autres SNdém anaphoriques infidèles (sans expansion lexicale), qui sont également plus nombreux en français (17,08%) qu'en néerlandais (14,63%), nous avons trouvé deux structures ne contenant pas de démonstratif en néerlandais dans le corpus de traduction. D'une part, nous avons trouvé plusieurs exemples où le français recourt aux constructions ces deux + Nhyper ou les deux + Nhyper, là où le néerlandais a le SN beide + Nhyper à côté de deze twee + Nhyper et de de twee + Nhyper pour reprendre deux éléments dans le co-texte antérieur (18). Le néerlandais peut donc recourir à un déterminant spécifique pour marquer cette fonction alors que le français ne dispose pas d'une forme analogue et doit marquer cette nuance par ces deux, désignant son référent de manière très directe, ou par les deux, identifiant tout simplement son référent.

  1. (18) Un(e) gynécologue informé(e) peut alors discuter de la dysfonction érectile, apaiser les craintes de sa patiente et lui conseiller de consulter un urologue, ensemble avec son conjoint. L'urologue de son côté qui reçoit un patient souffrant de dysfonction érectile, lui demandera de revenir avec sa compagne lors de la prochaine consultation. La problématique la plus frappante où ces deux spécialités sont concernées est probablement la transsexualité.

    Een geïnformeerde gynaecoloog kan haar op dat ogenblik over erectiele disfunctie vertellen, geruststellen, en adviseren om samen met haar partner een uroloog op te zoeken. De uroloog van zijn kant zal de man die zelf met zijn probleem van erectiele disfunctie bij hem komt aankloppen, aanmoedigen om bij een volgende consultatie zijn partner mee te brengen. De meest frappante problematiek waarbij beide specialiteiten zijn betrokken, is waarschijnlijk de transseksualiteit.

    (F – DPC – I)

D'autre part, nous avons trouvé des constructions rhématisantes contenant un démonstratif et un défini en néerlandais (datis de Y die / waarin / waardoor . . .) qui ont été traduites par des constructions contenant deux démonstratifs en français (c’est (X) ce Y que . . .) pour renvoyer de manière infidèle au co-texte antérieur (19). En néerlandais, la construction avec deux démonstratifs (*dat is die Y die . . .) n'est grammaticalement pas correcte, étant donné que dat dans dat is a encore un sens déictique plein, ce qui ne vaut pas pour ce dans c'est (cas de désémantisation). Voilà pourquoi nous trouvons en néerlandais des constructions contenant un seul démonstratif (hetis die Y die . . ., dat is de Y die / waarin / waardoor . . .).

  1. (19) Thuis spraken we Fries en dat was de taal waarin mijn wereld als klein kind vorm kreeg.

    À la maison, nous parlions frison, et c'est dans cette langue que mon univers a pris forme lorsque j'étais enfant.

    (N – DPC – NF)

Par ailleurs, nous observons des différences au niveau du degré de déicticité du SNdém textuel en français et en néerlandais. Ces différences aident à expliquer d'autres cas de divergence attestés sur le plan textuel qui concernent moins la question de la différence entre les SNdém anaphoriques fidèles et infidèles en français et en néerlandais. Dans (20), par exemple, la reprise de les collections par cette collection et par ces 956 pièces passe sans problème en français, alors que le néerlandais préfèrera une reprise par un SNdéf (de verzameling renvoie à de collectie, de 956 stukken renvoie à de verzameling). Dans les deux cas, les SNdém français et les SNdéf néerlandais ont un degré de déicticité normal (i.e. la force instructionnelle donnée afin de trouver le référent via le co-texte et/ou via le contexte). Le degré de déicticité sollicité par les SNdéf français la collection et les 956 pièces est, par contre, nettement plus faible, voire trop faible. Du côté des SNdém en néerlandais, l'emploi de la forme démonstrative proximale (deze verzameling, deze 956 stukken) n'est grammaticalement pas exclu dans cet exemple, mais il supposerait en principe la présence immédiate de la collection en question dans le contexte d'énonciation, tandis que cette présence de la collection est moins sollicitée à travers le démonstratif français. La forme démonstrative distale (die verzameling, die 956 stukken) suppose moins cette présence immédiate dans le contexte d'énonciation, mais son emploi est moins approprié pour renvoyer au SNdéf de collectie qui se situe proche dans le co-texte antérieur.Footnote 15

  1. (20) Une fois les collections mises au sec, le musée prend une nouvelle orientation en 1994 et se consacrera pendant quatre années au verre et à la céramique. Bien que témoignant du goût d'un seul homme, cette collection apparaît comme un des rares fonds publics représentatifs de la création en France et en Europe des années 1950 à 1980. Presque tous les mouvements artistiques de l'après-guerre sont présents à travers ces 956 pièces (peintures, sculptures, assemblages, dessins, estampes).

    Zodra de collectie op het droge was gebracht, wijdde het museum zich vanaf 1994 gedurende vier jaar aan glas- en keramiekwerken. Hoewel de verzameling door één individu werd bijeengebracht, behoort ze tot de zeldzame openbare collecties die representatief zijn voor de kunst tussen 1950 en 1980 in Frankrijk en Europa. Haast alle naoorlogse stromingen zijn vertegenwoordigd in de 956 stukken (schilderijen, beeldhouwwerken, assemblages, tekeningen, prenten).

    (F – DPC – NF)

Le Tableau 6 montre que le SNdém français a dans cet exemple un degré de déicticité inférieur au SNdém néerlandais avec deze pour récupérer son référent dans le texte antérieur et qu'il se rapproche du SNdéf néerlandais.

Tableau 6. Comparaison entre le degré de déicticité des SNdém textuels en français et en néerlandais dans l'exemple (20)

4.2 SNdém mémoriels

En ce qui concerne les SNdém mémoriels, nous avons constaté une divergence nette avec 11,76% de SNdém mémoriels français et seulement 5,53% de SNdém mémoriels néerlandais. Nous pouvons visualiser cette divergence dans le modèle en introduisant une ligne de démarcation entre les occurrences des SNdém français et néerlandais (voir la Figure 2). Alors que les SNdém aussi bien français que néerlandais sont fréquents au-dessus de cette ligne, au-dessous de la ligne les SNdém néerlandais sont moins fréquents que les SNdém français (voir aussi Jonasson, Reference Jonasson1998; De Mulder et Carlier, Reference De Mulder and Carlier2006).

Figure 2. La répartition globale des SNdém français et néerlandais dans le modèle.

Cette observation conduit à poser la question suivante: comment les SNdém mémoriels français, qui sont plus nombreux que leurs équivalents en néerlandais dans le corpus, se traduisent-ils en néerlandais? Le Tableau 7 résume la traduction néerlandaise (langue cible) des 115 SNdém mémoriels français (langue source) attestés dans notre corpus.

Tableau 7. La traduction néerlandaise des SNdém mémoriels français (langue source)

Seule la moitié des SNdém mémoriels français sont traduits par un SNdém mémoriel en néerlandais. Dans presque un cas sur trois, le déterminant démonstratif est traduit par l'article défini néerlandais et dans un cas sur cinq, il a été traduit autrement, le plus souvent par l'article indéfini ou par le déterminant possessif. C'est surtout la divergence entre le SNdém en français et le SNdéf en néerlandais qui retient notre attention. Il semble que le SNdém mémoriel français se rapproche des SNdéf mémoriels français et néerlandais, contrairement au SNdém mémoriel néerlandais. Considérons à ce propos les exemples (21) et (22).

  1. (21) Vous vous souvenez de ces images qui ont fait le tour du monde, où l'on vous voit en train de vous doper?

    Herinnert u zich nog de beelden die de wereld rond zijn gegaan en waarop te zien is hoe u zich dopeert?

    (F – DPC – J)

  2. (22) Je portais un ensemble de tussor grège qui sentait sa capitale, des chaussures à bride sur la cheville, très avantageuses pour mes jambes (déjà bien servies par la nature) et cet air d'aisance tranquille répandu sur toute ma personne, privilège de ceux qui n'ont jamais souhaité naître ailleurs que dans le moelleux berceau que le sort leur a dévolu.

    Ik droeg een pakje van grijsachtig beige tussor waaraan je de prijs wel af zag, schoentjes met een enkelbandje die mijn benen (waarmee moeder natuur het toch al goed had voorgehad) heel voordelig deden uitkomen en ik straalde de zelfbewuste welstand uit van iemand die nergens anders geboren had willen zijn dan in de donzige wieg waarin het lot hem heeft gelegd.

    (F – CdN – F)

Tout d'abord, nous constatons que les relatives restrictives introduites par un déterminant démonstratif en néerlandais (die N die P) génèrent une répétition homonymique de die (déterminant démonstratif – N – pronom relatif – P) et sont de ce fait stylistiquement moins réussies qu'en français (ce N qui P) où les formes du déterminant démonstratif et du pronom relatif sont différentes. Cette répétition homonymique ne permet toutefois pas d'expliquer entièrement la divergence attestée au niveau du SNdém mémoriel. En effet, nous constatons également un affaiblissement de la composante déictique du SNdém en français par rapport au SNdém en néerlandais au niveau de l'emploi mémoriel. Les exemples (21) et (22) et la Figure 3 aident à mieux capter cette différence.

Figure 3. La distribution des SNdém et des SNdéf mémoriels en français et en néerlandais.

En principe, le SNdém mémoriel sollicite les connaissances partagées entre la communauté ou entre le locuteur et l'interlocuteur,Footnote 16 alors que le SNdéf mémoriel présuppose plutôt les connaissances partagées entre les divers partenaires de l'énonciation. En effet, ces images qui ont fait le tour du monde . . . (die beelden die de wereld rond zijn gegaan . . .) et cet air d'aisance tranquille . . . (die zelfbewuste welstand . . .) sollicitent respectivement des connaissances spécifiques entre le locuteur et l'interlocuteur et des connaissances stéréotypiques ou générales partagées par la mémoire collective, alors que les images qui ont fait le tour du monde . . . (de beelden die de wereld rondgegaan zijn . . .) et l'air d'aisance tranquille . . . (de zelfbewuste welstand . . .) présupposent tout simplement ces connaissances partagées. Cependant, dans (21) et (22), le SNdém néerlandais sollicite non seulement très fortement des connaissances partagées, mais il supposerait également presque la présence immédiate du référent dans le contexte d'énonciation. Il en va de même dans (23), où le SNdém en néerlandais (die kus die niet gewisseld is) semble même carrément exclu, l'effet déictique ou le renvoi situationnel immédiat étant trop fort.Footnote 17 Par contre, cette composante déictique est moins dominante pour les SNdém mémoriels français dans les trois exemples. L'accent est tout simplement mis sur l'effet mémoriel ou la sollicitation de connaissances partagées. Voilà pourquoi la ‘distance’ indexicale entre le SNdém mémoriel français et les SNdéf mémoriels néerlandais et français est moins grande que celle entre le SNdém mémoriel néerlandais et les SNdéf mémoriels néerlandais et français et que nous avons trouvé autant de cas de SNdém mémoriel français – SNdéf mémoriel néerlandais dans notre corpus.

  1. (23) Et toi? Viens-tu au rendez-vous parfois? Regretter ce baiser qu'on ne s'est pas donné?

    En jij? Denk jij aan de ontmoeting wel eens? Met spijt om de kus die niet is gewisseld?

    (F – CdN – F)

4.3 SNdém situationnels

En ce qui concerne les SNdém situationnels dans le corpus, les chiffres montrent qu'il y a peu de divergence entre le français (11,35%) et le néerlandais (13,97%). Ce résultat est peu surprenant, étant donné qu'il confirme que c'est exactement dans cet emploi, le plus typique et le plus fondamental des SNdém, celui où leur composante déictique apparaît le plus clairement, que les deux langues sont à peu près pareilles. Cependant, si nous regardons les exemples de plus près, nous constatons qu'il y a trois cas de divergence qui reviennent systématiquement.

Au niveau des SNdém spatiaux, nous constatons que l'article défini français et le déterminant démonstratif néerlandais apparaissent systématiquement dans les exemples (24) et (25), qui sont tirés des débats du Parlement Européen (Corpus de Namur) et qui contiennent un nom propre institutionnel (p. ex. Parlement, Commission). Ces exemples permettent d'expliquer en partie le nombre plus élevé de SNdém spatiaux néerlandais (7,25%) par rapport aux SNdém spatiaux français (4,40%) dans nos corpus monolingues langue source. On pourrait avancer l'hypothèse que les SN le Parlement et la Commission ont acquis le statut de noms propres en français, ce qui n'est pas encore le cas pour le néerlandais. Ceci se reflète dans les corpus de traduction. Dans (24), aussi bien le Parlement que ce Parlement sont possibles en français: le premier renvoie plutôt à l'institution, alors que le second produit un effet de localisation. En néerlandais, par contre, seul dit Parlement est possible. Dans le cas de het Parlement, l'on pourrait hésiter et se demander s'il s'agit du Parlement Européen ou d'un autre parlement. Il en va de même dans (25): en principe, aussi bien le démonstratif que l'article défini sont possibles en français et en néerlandais, mais de Commissie die . . . ne sollicite pas la localisation et pourrait faire supposer qu'il est question d'une autre commission que la Commission européenne.

  1. (24) Monsieur le Président, nous reparlerons du problème de la BST, somatotropine bovine, au mois de juin puisque cela reviendra également dans la discussion et j'espère à ce moment-là avoir plus de chance que M. Vandemeulebroucke et obtenir les réponses aux questions qui ont été posées par le Parlement voici plus d'un an maintenant.

    Mijnheer de Voorzitter, wij zullen in de maand juni weer over het probleem van BST, bovine somatotropine, spreken, aangezien dat eveneens in de discussie terug zal komen. Ik hoop dat wij dan meer geluk hebben dan de heer Vandemeulebroucke en dat wij dan dus antwoorden krijgen op vragen die al meer dan een jaar geleden door dit Parlement zijn gesteld.

    (F – CdN – D)

  2. (25) Het is een misvatting te denken dat het Hof in de post- Tsjernobylzaak zijn oordeel gewijzigd heeft. Het Hof heeft ons op onze eigen verantwoordelijkheden gewezen. Dat betekent dat ik nu zeg: wij moeten nu een motie van wantrouwen tegen deze Commissie indienen die geen tekenen gegeven heeft haar taak werkelijk te willen uitvoeren.

    Il est faux de croire que la Cour a modifié son jugement dans l'affaire post-Tchernobyl. La Cour nous a placés devant nos propres responsabilités. En d'autres termes, je dis aujourd'hui: nous devons déposer une motion de censure contre la Commission qui n'a montré aucun signe de volonté d'accomplir sa tâche.

    (N – CdN – D)

Quant aux SNdém temporels, nous constatons des différences entre le français et le néerlandais au niveau des expressions déictiques désignant le passé par rapport au moment de l'énonciation, telles que ces dernières années (de laatste jaren), ces derniers temps (de jongste tijd) et ces dernières décennies (de laatste decennia). En français, ces expressions se construisent avec le démonstratif, alors qu'en néerlandais, l'article défini apparaît.

  1. (26) Il n'y a pas de réponse univoque à cette question parce que les différences de qualité et de prix entre les technologies ont en grande partie disparu ces dernières années.

    Een vraag waarop geen eenduidig antwoord kan worden gegeven, omdat de kwaliteits- en prijsverschillen tussen de twee technologietypes de voorbije jaren grotendeels zijn weggewerkt.

    (F – DPC – J)

Ces SN se construisent typiquement avec les substantifs temporels suivants: décennies (decennia), années (jaren), mois (maanden), semaines (weken) et jours (dagen). Ils se construisent toujours avec l'adjectif dernier en français, qui peut être traduit par laatste, afgelopen ou voorbije en néerlandais, et ils expriment de ce fait un sens d'antériorité par rapport au moment de l'énonciation. Ils admettent l'ajout d'un numéral (27), mais pas celui d'un syntagme prépositionnel qui opère un ancrage temporel absolu, c'est-à-dire indépendant du moment d'énonciation (28). Dans ce dernier cas, l'article défini apparaît tant en français qu'en néerlandais.Footnote 18

  1. (27) Nous avons annoncé, sans nous tromper, les principales crises de ces vingt dernières années et [. . .].

    Zo hebben wij de laatste twintig jaar feilloos de belangrijkste crisissen aangekondigd en [. . .].

    (F – DPC – J)

  2. (28) Documentaire sur les derniers jours de la vie de Jim Morrison.

    Documentaire over de laatste dagen van het leven van Jim Morrison.

    (exemple forgé)

En néerlandais, le déterminant démonstratif est toujours exclu dans ce type de constructions temporelles, étant donné qu'il n'admet pas la présence d'un numéral et de l'adjectif dernier (*deze laatste (twintig) jaar). Ceci montre bien que le degré de déicticité de ces SNdém temporels est, tout comme dans certains emplois textuels (§4.1) et mémoriels (§4.2), plus élevé en néerlandais qu'en français. Telle est vraisemblablement la raison pour laquelle le néerlandais privilégie l'article défini au détriment du déterminant démonstratif dans ces cas.

Enfin, nous constatons également des différences entre le français (1,64%) et le néerlandais (3,82%) au niveau de la deixis textuelle pure (J. Lyons, Reference Lyons1977) se rapprochant de la récupération situationnelle (cf. exemple (7)).Footnote 19 Le fait qu'il y ait davantage de SNdém relevant de la deixis textuelle pure en néerlandais qu'en français dans nos corpus monolingues s'explique par le fait que des SNdéf, tels que le présent ouvrage ou le présent livre (29), sont en concurrence avec cet ouvrage ou ce livre en français, alors que le néerlandais n'a pas d'adjectif spécialisé très productif à sa disposition pour exprimer cet emploi de deixis textuelle pure. En effet, le SNdéf het huidige boek (12 500 attestations sur GoogleFootnote 20) et le SNdéf archaïque het onderhavige boek (19 100 attestations sur Google) sont beaucoup moins fréquents que le SNdéf le présent ouvrage (1 470 000 attestations sur Google) en français.Footnote 21

  1. (29) Dit boekwil alvast het goede voorbeeld geven.

    Le présent ouvrageveut montrer la voie à suivre.

    (N – DPC – J)

Il est intéressant de voir que l'adjectif présent ne forme aucun paradigme avec d'autres adjectifs au niveau de cet emploi. Sur le plan sémantique, le présent ouvrage renvoie à la fois à l'ouvrage dans le contexte situationnel (emploi situationnel) et au contenu de l'ouvrage (emploi situationnel et textuel). Il peut aussi renvoyer à l'ensemble du contexte situationnel immédiat du discours oral: dans le cas de dans le présent exposé, le locuteur renvoie à ses exempliers, à sa Présentation PowerPoint et au contexte d'énonciation (le locuteur se trouvant dans une salle avec un public devant lui).

La présence de l'adjectif présent est essentielle dans le présent ouvrage, étant donné que l'article défini ne pourrait pas à lui seul exprimer le renvoi situationnel nécessaire pour l'emploi de deixis textuelle pure. L'adjectif présent reprend, en d'autres mots, la fonction déictique du SNdém cet ouvrage, ce qui fait qu'il est pléonastique dans ce présent ouvrage, construction agrammaticale selon la norme. Nous avons pourtant trouvé 21 800 attestations de ce présent ouvrage (fréquence relative ce / le: 1/67) en français sur Google et seulement 35 attestations de dit huidige boek (fréquence relative dit / het: 1/357) et 7 attestations de dit onderhavige boek (fréquence relative dit / het: 1/2729).Footnote 22 Ceci montre que ceux qui utilisent ce genre de forme en français ne perçoivent plus le démonstratif comme tel, ce qui est un autre argument en faveur de notre thèse.

5 CONCLUSION

Dans cet article, nous avons soumis des données issues de deux corpus comparables (Dutch Parallel Corpus et Corpus de Namur) à notre modèle triangulaire systématique des emplois référentiels du SNdém, afin de relever des différences distributionnelles quantitatives entre le français et le néerlandais, de les localiser de manière précise et de suggérer des explications pour les divergences attestées. L'analyse des données a montré que notamment deux grandes explications permettent de comprendre la plus grande partie des divergences attestées. D'une part, nous avons constaté que tant des normes stylistiques différentes (p. ex. la question de l'expansion lexicale) que des contraintes linguistiques (la quasi-grammaticalisation de l'anaphore infidèle en français, le cas de beide, les constructions datis de Y die / waarin / waardoor . . . vs. c’est (X) ce Y que . . .) permettent de comprendre pourquoi nous avons trouvé plus de SNdém anaphoriques infidèles en français qu'en néerlandais dans notre corpus. D'autre part, nous avons avancé l'hypothèse que l'affaiblissement de la composante déictique du SNdém en français par rapport au SNdém en néerlandais permet d'expliquer pourquoi nous avons trouvé tant de SNdém en français traduits par des SNdéf en néerlandais et vice versa dans notre corpus. En effet, en ce qui concerne les emplois textuels et mémoriels, nous avons constaté que le SNdém en néerlandais suppose davantage la présence immédiate du référent dans la situation d'énonciation, tandis que cette présence est moins sollicitée quand on utilise un SNdém en français, ce dernier se rapprochant, par conséquent, plus du SNdéf en français et en néerlandais que le SNdém en néerlandais. Ce degré de déicticité différent permet, enfin, de comprendre pourquoi les SNdém temporels du type ces vingt dernières années admet la présence d'un numéral ou d'un adjectif référentiel au sein du même SN, contrairement au néerlandais (*deze laatste (twintig) jaar) et pourquoi nous avons même trouvé un nombre d'attestations assez important de la construction agrammaticale *ce présent ouvrage sur Google.

Footnotes

1

Nous tenons à remercier F. Cornish, P. Desmet, D. Flament-Boistrancourt, P. Lauwers, ainsi que trois relecteurs anonymes du Journal of French Language Studies, pour leurs nombreux commentaires et suggestions qui nous ont permis d'améliorer le contenu et la structure de cet article. Les erreurs qui subsistent sont évidemment de notre fait.

2 Nous ne nous concentrons pas ici sur les effets modaux (p. ex. effet péjoratif / mélioratif) et/ou sur les exploitations argumentatives ou discursives (p. ex. désapprobation) des emplois du SNdém, mais uniquement sur ses emplois référentiels, les emplois de base du SNdém.

3 Après une étude critique d'analyses synthétiques et typologiques portant sur les emplois référentiels du SNdém, nous avons développé ce modèle sur la base d'une étude de corpus empirique du SNdém en français et en néerlandais.

4 Le SNdém textuel renvoie à un référent dans le co-texte linguistique (emplois prototypiques: l'anaphore fidèle, la cataphore). Le SNdém situationnel renvoie à un référent dans le contexte situationnel (emplois prototypiques: la deixis temporelle, la deixis spatiale). Le SNdém de la récupération sémantique renvoie à un référent spécifique dans le contexte situationnel, mais son sens générique de sous-espèce est crucial (cf. ce type de). Notons que le pronom démonstratif peut également renvoyer à un référent évoqué dans le co-texte linguistique (p. ex. cf. exemple (1) Il voyait toutes sortes de chiffres et de signes et ceux-ci signifiaient chaque fois autre chose.), à un référent disponible par le contexte situationnel (p. ex. Qu'est-ce qu'ils font, ceux-là?) et remplir un emploi générique de sous-espèce (p. ex. cf. exemple (3) Ceux-là construisent des barrages la nuit.).

5 ‘[. . .] just as demonstrative-based expressions may, given appropriate circumstances, function either deictically or anaphorically, so definite NPs may be used in either of these two ways (even though, as we have seen, the expression of anaphora is their more habitual type of use).’ (Cornish, Reference Cornish1999: 57)

6 Pour ce qui est des études à orientation cognitive, qui opposent le SNdém et le SNdéf en termes de représentations mentales du discours dans l'esprit de l'interlocuteur, telles que la Théorie de l'Accessibilité (Ariel, Reference Ariel1988; Reference Ariel1990; Reference Ariel, Sanders, Schilperoord and Spooren2001), la Hiérarchie du Donné (Gundel et al., Reference Gundel, Hedberg and Zacharski1993; Reference Gundel, Hedberg and Zacharski2000) et la Théorie du Centrage (e.a. Grosz et al., Reference Grosz, Joshi and Weinstein1995; Walker et al., Reference Walker, Joshi, Prince, Walker, Joshi and Prince1998), nous renvoyons aux excellentes synthèses de De Mulder (Reference De Mulder, Flaux, Van de Velde and De Mulder1997; Reference De Mulder2000), de Cornish (Reference Cornish2000) et de Demol (Reference Demol2010). Voir aussi Hawkins (Reference Hawkins1978) pour une approche plutôt discursive du sujet.

7 C'est aussi cette idée que nous retrouvons dans le modèle de Cornish (Reference Cornish2008; sous presse), la zone de l’anadeixis (i.e. discourse deixis, recognitional anadeixis, ‘strict’ anadeixis) se situant entre l'emploi anaphorique et l'emploi situationnel de base du SNdém.

8 Himmelmann (Reference Himmelmann and Fox1996) et Diessel (Reference Diessel1999) distinguent quatre emplois majeurs du démonstratif: l'emploi anaphorique, l'emploi situationnel, l'emploi mémoriel et la deixis discursive. Voir aussi J. Lyons (Reference Lyons1977), Levinson (Reference Levinson1983), Fillmore (Reference Fillmore1997), Guillot (Reference Guillot and Trotter2007) et Cornish (sous presse), parmi d'autres, sur la classe de la deixis discursive.

9 I.e. renvoi au livre que tient le lecteur.

10 Cornish (Reference Cornish1999: 33–34) insiste sur la distinction entre ‘texte’, illustré dans (8), et ‘discours’, illustré dans (9): ‘I view text (as a non-count noun) as denoting a typical instance of language cum other semiotic devices in use – i.e. occurring in some context and with the intention by the user of achieving some purpose or goal thereby. [. . .] Discourse, on the other hand, designates the hierarchically structured, mentally represented sequences of utterance and indexical acts which the participants are engaging in as the communication unfolds.’ En d'autres mots, dans le cas de discours, on insiste plutôt sur le processus que sur le produit.

11 Les termes de ‘notoriété’ et de ‘familiarité’ sont empruntés à Kleiber (Reference Kleiber1991).

12 Cette sous-classe générique est à distinguer du référent générique pur (p. ex. Le sapin est décoratif; Kleiber, Reference Kleiber1990: 34) ou du référent générique de sous-espèce (p. ex. Ces castors construisent des barrages la nuit; Kleiber et Lazzaro, Reference Kleiber, Lazzaro and Kleiber1987: 80).

13 Voir la sous-section 4.2 pour l'opposition entre le SNdém mémoriel et le SNdéf mémoriel en français et en néerlandais.

14 ‘Pragmatically definite NP's are essentially dependent on special situations and contexts for the non-ambiguity of a referent.’ (Löbner, Reference Löbner1985: 298) P. ex. Là, sur le dos de la main gauche, cette ride est une cicatrice. (F – CdN – F); ‘Semantic definites: the referent of the definite is established independently of the immediate situation or context of utterance. [. . .] Semantic definites refer unambiguously due to general constraints. [. . .] An NP is a semantic definite if it represents a functional concept, independently of the particular situation referred to. The clearest examples of semantic definites are proper names. [. . .] They constitute constant functional concepts, as their value does not vary with their possible arguments.’ (Löbner, Reference Löbner1985: 298–299) P. ex. Le lion est carnivore. (De Mulder et Carlier, Reference De Mulder and Carlier2006: 99).

15 En effet, plusieurs études (Kirsner, Reference Kirsner and Givón1979; Kirsner et al., Reference Kirsner, Van Heuven and Vermeulen1987; Kirsner et Van Heuven, Reference Kirsner and Van Heuven1988; Kirsner, Reference Kirsner, Geiger and Rudzka-Ostyn1993) affirment que deze, la forme proximale marquée, est un déterminant démonstratif plus fort (i.e. deze donne une instruction plus forte de trouver son référent dans le co- et/ou contexte) que die, la forme distale non-marquée.

16 Le locuteur invite l'interlocuteur ‘à faire intervenir une expérience commune en vue du repérage du référent’ (De Mulder et Carlier, Reference De Mulder and Carlier2006: 109).

17 Rappelons que deze, la forme proximale marquée, donne une instruction plus forte de trouver son référent via le co- et/ou contexte que die, la forme distale non-marquée. La forme deze est donc par définition moins appropriée pour l'emploi mémoriel. Voilà pourquoi les SNdém mémoriels dans notre corpus contiennent dans environ 80% des cas les formes démonstratives distales die et dat.

18 Notons que l'incompatibilité du déterminant démonstratif avec une autre détermination identifiante, dans le cadre du SN, est une propriété syntaxique générale, qui ne se limite pas à la temporalité (p. ex. *ce père de Pierre, *ce toit de la maison) et qui ne se limite pas non plus au démonstratif (*son père de Pierre, *son toit de la maison).

19 Le cas présenté dans (8) ne semble pas concerné ici.

20 Date de consultation: le 29 juin 2010.

21 L'adjectif présent se traduit par les adjectifs huidige et onderhavige en néerlandais.

22 Dit et non pas dat: le néerlandais recourt toujours à des SN contenant une forme démonstrative proximale (deze et dit) dans ces cas, étant donné que l'objet en question (p. ex. un livre, un ouvrage, une contribution) ou la situation contextuelle (p. ex. un exposé) se trouve toujours proche du lecteur ou de l'auditeur.

References

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Figure 0

Tableau 1. Le corpus français langue source

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Tableau 2. Le corpus néerlandais langue source

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Tableau 3. Les formes du déterminant démonstratif en français et en néerlandais

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Tableau 4. Les formes de l'article défini en français et en néerlandais

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Figure 1. Modèle ‘Les emplois référentiels du SN démonstratif’.

Figure 5

Tableau 5. Les emplois référentiels des SNdém dans les deux sous-corpus monolingues français et néerlandais

Figure 6

Tableau 6. Comparaison entre le degré de déicticité des SNdém textuels en français et en néerlandais dans l'exemple (20)

Figure 7

Figure 2. La répartition globale des SNdém français et néerlandais dans le modèle.

Figure 8

Tableau 7. La traduction néerlandaise des SNdém mémoriels français (langue source)

Figure 9

Figure 3. La distribution des SNdém et des SNdéf mémoriels en français et en néerlandais.