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Les partis et leurs transformations : le dilemme de la participation
Published online by Cambridge University Press: 15 March 2006
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Les partis et leurs transformations : le dilemme de la participation, Vincent Lemieux, Québec : Les Presses de l'Université Laval, 2005, 221 p.
Après Systèmes partisans et partis politiques qu'il a publié en 1985 sur la science des partis politiques, Vincent Lemieux offre cette fois Les partis et leurs transformations : le dilemme de la participation. Il faut bien noter que ces deux ouvrages ne représentent qu'une partie de la contribution du politologue québécois à l'étude des partis politiques et des systèmes partisans. Toutefois, cette plus récente publication retiendra l'attention, ne serait-ce que parce qu'elle est centrée sur la question de la participation des acteurs partisans aux partis et aux systèmes de partis.
- Type
- BOOK REVIEWS
- Information
- Canadian Journal of Political Science/Revue canadienne de science politique , Volume 39 , Issue 1 , March 2006 , pp. 189 - 191
- Copyright
- © 2006 Cambridge University Press
Après Systèmes partisans et partis politiques qu'il a publié en 1985 sur la science des partis politiques, Vincent Lemieux offre cette fois Les partis et leurs transformations : le dilemme de la participation. Il faut bien noter que ces deux ouvrages ne représentent qu'une partie de la contribution du politologue québécois à l'étude des partis politiques et des systèmes partisans. Toutefois, cette plus récente publication retiendra l'attention, ne serait-ce que parce qu'elle est centrée sur la question de la participation des acteurs partisans aux partis et aux systèmes de partis.
Lemieux doit être inclus parmi ces auteurs importants qui étudient les phénomènes liés aux partis politiques sur des bases comparatives et typologiques. Dans Les partis et leurs transformations, il s'intéresse aux systèmes de partis dans plusieurs régions du monde, tout en réservant une saveur bien canadienne et québécoise à ses exemples privilégiés. Il explique que les partis politiques ont tous une composante interne (centralisée ou décentralisée), électorale (intensive ou extensive) et gouvernementale (programmatique ou opportuniste). Ces trois composantes qui se recoupent sont à la base des transformations qui surviennent dans les partis puisque c'est à travers chacune d'elles qu'il y aura une participation soit inclusive soit sélective des acteurs partisans. Lemieux utilise comme critères d'évaluation l'étendue (grande ou petite) des catégories de participants que l'on retrouve dans un parti politique, de même que les influences, qui peuvent varier d'unilatérales à diversifiées. Il utilise la typologie proposée des partis pour dire que : “ Les deux types extrêmes [retrouvés sont] celui d'un parti centralisé, intensif et programmatique et celui d'un parti décentralisé, extensif et opportuniste. Dans le premier de ces deux types extrêmes, la participation est la plus sélective qui soit, alors qu'elle est la plus inclusive qui soit dans le second ” (141). Le fait que les partis obtiennent une participation des acteurs partisans qui sera soit sélective soit inclusive est capital pour leurs interactions entre eux de même qu'avec les électeurs. Néanmoins, Lemieux prend soin de rappeler que les leaders et les acteurs partisans contrôlent plus ou moins ces processus (183, 191–192, 202–203), d'où la notion d'interdépendance entre les partis et le système.
En plus de présenter une revue exhaustive des principales recherches ayant porté sur les partis politiques durant les dernières décennies en s'intéressant particulièrement à des auteurs tels Giovanni Sartori, Maurice Duverger, Anthony Downs et S.J. Eldersveld, Lemieux ajoute des éléments importants. Chacun de ses chapitres se termine par une série de propositions qui le mènent à un “ schéma des déterminants de la participation aux partis et aux systèmes de partis ” (185). Ce schéma est dominé par le fait que l'environnement politico-sociétal a un impact déterminant sur les transformations des partis politiques, de même que sur les électeurs. On y retrouve aussi les éléments liés à la structure interne des organes du pouvoir, à l'impact du mode de scrutin sur la distribution des sièges suivant le vote et à l'influence des élus sur l'évolution des formations politiques. Le schéma qu'offre Lemieux présente deux partis politiques ayant chacun une composante interne, électorale et gouvernementale. On y voit que le système a une influence déterminante sur les transformations des partis, mais que les partis ont aussi un impact sur le système.
L'ouvrage de Vincent Lemieux, un outil conceptuel, décrit méthodiquement les théories présentées jusqu'ici sur la science des partis politiques. Bien qu'il parle très peu des éléments qui expliquent la montée de nouveaux partis dans les systèmes (l'auteur a pourtant offert des réflexions importantes sur la question, notamment dans la revue Recherches sociographiques, en 1965 et 1966) le livre est apprécié pour ses éléments théoriques mais aussi pour ses préoccupations contemporaines.
En effet, on rappellera que les succès électoraux du Bloc québécois depuis l'élection de 1993 dans le système de partis canadien au palier fédéral a causé des maux de tête aux théoriciens. La définition classique des partis proposée par Joseph La Palombara et Myron Weiner (Political Parties and Political Development, 1966) comptait parmi les critères nécessaires pour être reconnu comme parti politique l'aspiration à former le gouvernement dans le système partisan auquel on participe. Pour reprendre les mots des auteurs, il doit y avoir un effort déterminé “ to capture and to hold decision-making power alone or in coalition with others, not simply to influence the exercise of power ” (6).
Pourtant, le Bloc québécois, qui se limite à présenter des candidats dans les circonscriptions du Québec, ne peut pas remplir cette condition, ne serait-ce que pour des raisons mathématiques. Il est pourtant bien reconnu comme un parti politique, non seulement par sa longévité mais aussi par son influence importante sur l'orientation générale des politiques gouvernementales fédérales depuis 1993. Certains voudront donner comme exemples des éléments tels que le programme sur le contrôle des armes à feu, la ratification du protocole de Kyoto et le refus d'une participation militaire canadienne en Irak. C'est ainsi que, sans faire explicitement référence au Bloc québécois, mais nous le présumons avec ce cas bien en tête, Lemieux propose de revoir la définition de la composante gouvernementale des partis en disant qu'elle n'a pas trait à “ leur présence au gouvernement, mais à leurs activités concernant la gouverne de la collectivité. Ces activités des partis peuvent tenir à la direction du gouvernement, elles peuvent aussi tenir à leurs actions dans l'opposition, ou même, si les partis n'ont pas d'élus, à des activités exercées hors de l'appareil gouvernemental ” (17). Il s'agit là d'une mise-à-jour importante qui devra être notée dans les ouvrages donnant une définition des partis politiques.
Une nouvelle fois, Vincent Lemieux aura réussi à offrir bien sobrement un ouvrage marquant sur les partis politiques et les systèmes partisans et il est à prévoir qu'il aura lancé les questions qui vont mener vers de nouvelles tentatives d'élaboration d'une théorie des phénomènes partisans. Cet ouvrage vient ancrer la place de la participation (sélective ou inclusive) des acteurs dans les phénomènes partisans, en plus de centrer l'attention sur la double exigence de coordination et d'adaptation qui mène les actions des leaders dans les partis politiques.