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Les jeunes et l'action politique. Participation, contestation, résistance sous la direction de Nicole Gallant et Stéphanie Garneau Les Presses de l'Université Laval, Québec, 2016, 274 pages

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Les jeunes et l'action politique. Participation, contestation, résistance sous la direction de Nicole Gallant et Stéphanie Garneau Les Presses de l'Université Laval, Québec, 2016, 274 pages

Published online by Cambridge University Press:  21 November 2016

Eugénie Dostie-Goulet*
Affiliation:
Université de Sherbrooke
Rights & Permissions [Opens in a new window]

Abstract

Type
Reviews/Recensions
Copyright
Copyright © Canadian Political Science Association (l'Association canadienne de science politique) and/et la Société québécoise de science politique 2017 

On s'intéresse beaucoup à la place des jeunes en politique depuis un certain temps, et pas seulement sur le plan de la recherche académique. Alors que les articles, colloques et recueils de textes se multiplient, les initiatives gouvernementales et communautaires suivent le pas ici et ailleurs, dans toutes les arènes politiques. Le bénéfice en est double, les jeunes profitant d'opportunités souvent des plus originales, orientées vers leur engagement politique, pendant qu'on documente ces mêmes pratiques pour mieux saisir leurs effets à court et à long terme.

Le collectif Les jeunes et l'action politique. Participation, contestation, résistance, sous la direction de Nicole Gallant et Stéphanie Garneau, s'inscrit dans cette tendance où réflexion théorique et documentation des pratiques sont mises en commun. Les auteurs, chacun à leur façon, tissent des ponts entre les différentes formes de l'action politique, confortant le lecteur dans l'idée que, bien que tous les types de participation n'aient pas les mêmes effets sur les jeunes, ils contribuent nécessairement à la qualité du vivre-ensemble. Par exemple, comme le mentionnent Benedicto et Morán au sujet des jeunes désavantagés, « certaines expériences d'engagement collectif leur permettent de surmonter leur frustration et leur impuissance pour devenir des acteurs politiques » (186). L'engagement leur donne une voix publique, et parfois bien plus. Dans le cas des jeunes du Rassemblement de la jeunesse citoyenne (RAJE citoyenne) présenté par Greissler et Labbé, c'est même l’éclosion d'une carrière militante.

Si une tendance ressort assez clairement de cet ouvrage, c'est bien cette perspective plutôt positive quant à l'action politique des jeunes. Guilloux, Loncle et Guillemard soulignent ainsi que, grâce aux dispositifs mis en place pour engager les jeunes, « [ces derniers] ne sont plus envisagés comme des populations soulevant des problèmes mais comme des contributeurs à part entière de leur territoire, au service de l'intérêt général » (144). Comme Gauthier le mentionne à juste titre, cela nous change du portrait qu'on dresse habituellement de la jeunesse, le qualificatif « apathique » y étant plus souvent qu'autrement accolé. Ce recueil participe au nécessaire changement de perception, sans pour autant tomber dans l'angélisme. Ainsi, la mosaïque des possibilités présentée par Fournier nous rappelle qu'il y a tout de même une bonne part des jeunes qui n'ont ni intérêt pour la politique, ni volonté de participer. Ceci dit, pourquoi s'y arrêter quand il y a tant à explorer chez les autres ? À commencer par ces jeunes qui ont été fortement impliqués dans les évènements mobilisateurs récents (Printemps érable, Printemps arabe, Occupy, etc.), et ceux qui sont au cœur des multiples émeutes universitaires, dont l'augmentation est presque constante depuis une dizaine d'années selon Bertho.

Un aspect fondamental de l'action politique se situe dans la socialisation des jeunes à celle-ci. Plusieurs auteurs du recueil abordent cette question, sous l'angle du lieu de socialisation ou de ses effets. Famille, amis, écoles, médias… les lieux de socialisation sont multiples et souvent ce sont les organisations dont la mission est de promouvoir l'engagement qui se retrouvent dans une posture de socialisation, comme c'est le cas à la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESPO). Dallaire, Prévost et Houle montrent ainsi comment cette organisation a mis la formation des jeunes au cœur de sa mission, sachant qu'un plus fort engagement de la jeunesse découlerait de cette formation. À cette liste de lieux de socialisation, Quéniart ajoute même le contexte « des évènements qui ont favorisé ou déclenché l'engagement » (64). S'il est impossible de tracer la trajectoire unique de l'engagement, on voit malgré tout chez plusieurs auteurs des similitudes au niveau du milieu de vie, dans l'apport de la famille. Tentant de comprendre comment certains lieux peuvent, au contraire, freiner l'engagement, Rabello de Castro se concentre sur le milieu scolaire, observant de façon originale comment « la logique de la subordination à l’école entraîne des effets qui vont à l'encontre des mobilisations collectives » (226).

Enfin, à l'importante question « pourquoi s'engager ? » soulevée par plusieurs, Quéniart répond qu'on s'engage parfois pour soi, parfois pour autrui : l'engagement est clairement multifactoriel. Cette pluralité des raisons ressort aussi chez les auteurs qui discutent des dispositifs mis en œuvre pour faciliter l'engagement. Car il ne suffit pas que le dispositif soit présent, encore faut-il que les jeunes s'y accrochent, et qu'on s'assure qu'il remplit bien ses fonctions. Si Becquet mentionne une prédominance de l'engagement pour soi lorsqu'il est question du service civique volontaire français, Guilloux, Loncle et Guillemard remarquent, quant à eux, une coexistence des raisons individuelles et altruistes pour les jeunes s'investissant dans les dispositifs bretons étudiés.

De l’étude de ces nombreux dispositifs, une conclusion se dégage en parallèle de ce recueil : l’étude du fonctionnement et des effets des dispositifs doit continuer, car éventuellement ce sont les jeunes qui en récoltent les bénéfices. C'est l’élément que nous ajouterions à la très pertinente liste d'idées de recherche élaborée en conclusion de l'ouvrage par Garneau.